Les pauvres sont des fainéants
Les pauvres sont des profiteurs
Les pauvres sont des incapables
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Pauvreté :
les préjugés face à la réalité
À l’occasion de la publication de son rapport 2017 sur l’état de la pauvreté en France, réalisé en partenariat avec la fondation Crédit coopératif, le Secours Catholique, avec le sociologue Serge Paugam, dénonce les discours qui stigmatisent les personnes et familles en précarité. Face aux préjugés sur la pauvreté, l’association et le chercheur opposent la réalité vécue sur le terrain. En 2016, les équipes du Secours Catholique ont accompagné 1,5 million de personnes partout en France. C’est de ces rencontres au quotidien que l’association tire son expertise. Bienvenue dans la réalité.
Faites défiler les préjugés avec votre souris
Les pauvres sont
des fainéants
C'est vrai / c'est faux par
Serge Paugam
Ce qu'en disent
les chiffres

David, 49 ans, Nièvre (58)

Je travaillais chez un fabricant de tuiles depuis 10 ans, à une soixantaine de kilomètres de chez moi, lorsque j’ai eu un accident qui a démoli ma voiture. Mon employeur n’a pas voulu attendre trois mois, que je puisse me racheter un véhicule, il m’a licencié.

Sans emploi, sans voiture, je me suis retrouvé dans un cercle vicieux. Je suis resté cinq ans au chômage.

Pendant ces cinq années à chercher du travail, je ne me suis pas seulement cassé le nez, je me suis aussi cassé le moral. Il y a les soucis financiers qui s’accumulent. Tu n’es plus maître de toi, tu te sens impuissant. Il y a le regard pesant des proches, du voisinage. Tu te renfermes, tu deviens un peu sauvage.

Et puis il y a l’angoisse, cette espèce de truc qui te tracasse en permanence, qui ne te lâche pas. En cinq ans, j’ai pris dix ans.

En février 2017, j’ai signé un CDI dans le cadre de l’expérimentation "Territoires zéro chômeur de longue durée".

Cela a été un gros soulagement, même si j’appréhendais beaucoup la reprise du travail : à force de ne pas bosser et d’entendre dire que les chômeurs sont des bons à rien, j’avais fini par penser : « Peut-être que je suis devenu un bon à rien. » Finalement cela se passe très bien. Les employeurs me font confiance, et ça j’adore.

Il y a la fierté de travailler à nouveau, et puis financièrement, c’est un vrai bol d’air. J’ai remboursé toutes mes dettes à EDF et je n’ai plus de loyer en retard. Je suis fier quand mes gamins me disent « papa, j’ai besoin de ça », de pouvoir répondre : « OK, je vais te l’acheter. »

J’ai même prévu de partir trois ou quatre jours en vacances en famille. Cela fait des années que cela ne nous était pas arrivé. On va sûrement aller en Auvergne… ce n’est pas cher et c’est beau.
Et au quotidien ?
David témoigne
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Franck, 35 ans, Haute-Loire (43)

J’ai vécu de très nombreuses années SDF et complètement en marge de la société.

Cela ne fait réellement que cinq ans que les choses ont évolué et qu’enfin je sors un peu la tête de l’eau.

Durant ces années de vagabondage, prétendre à mes droits pour bénéficier d’une quelconque aide, était pour moi inconcevable.

Je ne souhaitais pas demander le RMI (RSA aujourd’hui), car j’estimais que ma situation était de ma faute, qu’elle était liée à ma volonté et donc que je ne pouvais pas prétendre à ces droits.

Combien de fois ai-je entendu : « Les pauvres et les SDF profitent de leur situation et des aides »? Et bien non, pas moi, je ne voulais pas être mis dans cette case. J’avais peur du regard de l’autre, de celui des gens, autour de moi, dans mon entourage, mais aussi face à moi, dans les administrations et même dans les associations, avec leurs phrases toutes faites, leurs préjugés.

Je ne demandais pas l’allocation logement non plus, faute de renseignements, de connaissance de mes droits (normal, me direz-vous, on ne propose pas l’APL à des SDF car il n’en n’ont pas besoin...).

Pour me décider à faire certaines démarches, il a fallu enfin que je commence à entrevoir les choses différemment et que je décide de m’en sortir.

Et encore aujourd’hui, ce n’est pas si évident. Je touche désormais le RSA et l’allocation logement, mais pour mes soins par exemple, je n’ai pas fait la demande.

Il y a toujours ce truc qui me tracasse psychologiquement et qui rend les choses compliquées : ce sentiment de profiter des honnêtes travailleurs. Et cela est accentué par le regard des autres.

Je vous l’avoue, je serai libéré et heureux le jour ou je ne demanderai plus aucune de ces aides et qu’enfin je n’aurai plus le sentiment de faire la manche auprès de l’État français. Cela semble bien parti, car enfin j’ai trouvé du travail et je devrais commencer prochainement.
Et au quotidien ?
Frank témoigne
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Ils ne savent pas gérer leur argent
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Serge Paugam
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Magali, 34 ans, Loire (42)

Je vis avec mes quatre filles dans un petit village. Au chômage, je touche le RSA, les allocations familiales et une pension alimentaire. En tout, nous avons, pour cinq, moins de 1000 euros par mois.

Avec ce petit budget, je fais très attention à ne pas me retrouver dans le rouge. Il y a trois ans, nous avons failli nous faire expulser de chez nous. Je n’ai pas envie que cela se reproduise.

Du coup, je paie d’abord toutes les factures : le loyer, le téléphone, EDF… Et ensuite, je me débrouille avec ce qu’il reste, souvent autour de 250 euros. Je préfère ne pas faire de demande d’autorisation de découvert auprès de la banque, car je ne veux pas prendre le risque de devoir payer des frais supplémentaires.

Pour faire des économies, il y a des astuces et des réflexes à avoir. Quand nous allons voir mes parents à Lyon, une fois par mois, nous prenons le bus et non le train. Nous mettons trois heures au lieu d’une heure et demie, mais cela revient à 7 euros pour toutes les cinq, au lieu de 28 euros.

Pour l’alimentation, je fais aussi très attention. Je fabrique moi même les yaourts, et pour les goûters, je prépare des gâteaux plutôt que d’acheter des biscuits. Au supermarché, je prends généralement le premier prix et j’achète en gros quand il y a des promotions.

On ne part pas en vacances, ou exceptionnellement, comme cet été avec le Secours Catholique. On ne va pas au restaurant. Alors, de temps en temps, pour se faire plaisir, on cuisine un bon repas à la maison.

On ne va pas au cinéma, mais il m’arrive d’emmener les filles au parc de loisirs. Cela coûte le même prix, 6-7 euros, mais au moins elles se défoulent toute la journée.

D’un mois sur l’autre, j’essaie d’économiser, parfois jusqu’à 20 ou 30 euros. C’est comme ça que je peux financer des sorties ou acheter des cadeaux pour Noël et les anniversaires.

Cette année, pour Noël, les filles savent qu’il n’y aura pas d’extras, comme on est parti cet été. Mais elles comprennent. C’est important de bien leur expliquer.
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Crédits
© Secours Catholique
Conception : Pepper Cube, Benjamin Sèze (Secours Catholique)
Rédaction : Benjamin Sèze (Secours Catholique)
Iconographie : Elodie Perriot (Secours Catholique)
Photos : Véronique Leray, Gaël Kerbaol, Élodie Perriot (Secours Catholique), et Hubert Raguet (CNRS Photothèque)
Réalisation Vidéos : Département vidéo du Secours Catholique
Maquette et graphisme : Pepper Cube
Développement : Pepper Cube (www.peppercube.net)
Illustrations : Benoît Labarthe (www.benlabarthe.com)