À Reims, « on ne pouvait pas laisser les personnes sur le carreau »

Chapô
Lors du premier confinement, l'accueil de jour du Secours Catholique, à Reims, avait dû fermer à cause du risque sanitaire. Pour le reconfinement, l'équipe a décidé de garder les locaux ouverts, en respectant les normes de sécurité sanitaire, pour permettre aux personnes sans-abri de venir prendre un café et souvent une douche, laver leur linge, discuter... Une tournée de rue est organisée chaque matin pour informer de l'existence du lieu.
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8h45, ce mardi  17 novembre, dans le centre-ville de Reims. Émeline, Jade et Marine quittent l’accueil de jour du Secours Catholique, 20 rue des Poissonniers, pour entamer la tournée de rue quotidienne. C’est au bord du canal de Reims, à l’orée d’un bosquet, que les bénévoles finissent par croiser Philippe. Longue barbe grise et casquette militaire, Philippe est un habitué de l’accueil de jour du Secours catholique. Cet homme de 55 ans vit dehors depuis 2003. Il a installé sa tente il y a dix ans dans ce coin boisé, à l’écart de la ville. Émeline ne l’avait pas revu depuis le début du second confinement.

« En ce moment, je viens rarement en centre-ville, pour éviter de me prendre une amende, explique-t-il. Je ne vais plus qu’une à deux fois par semaine faire la manche place d’Erlon. Je mets un masque et je remplis une autorisation en cochant la case "besoin alimentaire". »

Tournée de rue à Reims
Comme lors du premier confinement, les personnes à la rue ont déserté le centre-ville.

C’est pour informer de l’ouverture des locaux rue des Poissonniers, tous les matins de 9h à 12h, qu’Émeline, Jade et Marine effectuent leur tournée depuis une semaine. Lors du confinement du mois de mars, l’accueil avait dû fermer pour des raisons de sécurité sanitaire. Cette fois-ci, l’association a décidé de le laisser ouvert en respectant des consignes strictes : pas plus de six personnes accueillies à la fois, port du masque obligatoire et lavage de main au gel hydro-alcoolique en entrant. « On ne pouvait pas laisser les personnes sur le carreau une nouvelle fois », explique Émeline.

Assis à une table, débarrassé de son sac à dos, Steven touille son café. « Ça fait du bien le matin, on a la bouche moins sèche », plaisante-t-il. Ce jeune homme de 35 ans est à Reims depuis trois semaines. Originaire de la Meurthe-et-Moselle, il ne connaît personne ici mais s’est dit que ce serait plus facile d’être dans une grande ville pour trouver du travail. Et puis, il y a eu le reconfinement. Il s’est inscrit dans une agence d'intérim, « mais pour l’instant ça ne mord pas ».

En attendant de dégoter du boulot et un logement – « j’ai lancé une demande avec le Samu social », précise-t-il-, il dort dehors, à la gare, derrière des escaliers. « Ce n’est pas facile de trouver un coin où se cacher un peu. Il y a surtout des porches d’entrée ici. » Il a entendu parler du Secours Catholique par le bouche-à-oreille. Il apprécie d’y trouver des douches, des toilettes, une machine à laver, un ordinateur pour aller sur internet, de se faire conseiller aussi  – « ils m’ont orienté vers d’autres structures comme le CCAS ». « L’écoute est, avec les douches, ce que recherchent le plus les personnes qui viennent ici », observe Émeline. C’est un service indispensable, surtout en temps de confinement, estime-t-elle.

Crédits
Nom(s)
Benjamin Sèze
Fonction(s)
Journaliste
Nom(s)
Gaël Kerbaol
Fonction(s)
Photographe
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