En Inde, améliorer la condition des femmes

Chapô
Souvent victimes d’une société patriarcale difficile à réformer, les femmes indiennes font l’objet de toutes les violences. Le Secours Catholique soutient une ONG locale, l’Institut de développement social, qui protège les femmes et promeut l’égalité des sexes.
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« Quand mon mari boit de l’alcool, il devient violent et il me bat », témoigne une femme d’une quarantaine d’années en sari, debout dans une salle où sont réunies des femmes d’un quartier de Cuttak (État d’Odisha) en Inde. Elle ajoute : « Il boit tous les soirs. » Une femme plus jeune, en sari rose, prend à son tour la parole. Elle explique que son mari l’a quittée et qu’il refuse de verser une pension alimentaire. « Il prétend que notre fils n’est pas de lui », conclut-elle en baissant les yeux. La réunion a été organisée par l’Institut de développement social (ISD), partenaire du Secours Catholique. Les femmes du quartier soumettent leurs problèmes aux trois policiers invités à les écouter : deux femmes et le chef de la police, tous trois en uniforme beige. Les policières invitent les femmes à venir porter plainte au commissariat. « Les violences conjugales sont illégales et ne doivent plus être tolérées », déclarent-elles.

« Le pouvoir masculin dans les relations de couple réduit les femmes à la dépendance », déplore Bina Mallick, coordinatrice des programmes de l’ISD. Malgré une législation récente qui réprime ces violences faites aux femmes, les mœurs ont du mal à changer. « Les violences subies en ville diffèrent de celles des campagnes », précise Subhashree Das, directrice de l’ISD. « En ville, ce sont généralement des coups et blessures et des violences psychologiques. À la campagne, nous avons affaire à de la traite d’êtres humains : esclavage domestique, abus sexuels, mariages forcés. » Pour autant, les femmes indiennes ne divorcent pas. Seuls 2 à 3 % des mariages se terminent par une séparation. Mais si la loi interdit les mariages avant 18 ans, nombreuses sont celles qu’on marie à 15 ans et parfois dès l’âge de 11 ans.

Des femmes indiennes

Le siège de l’ISD est stratégiquement installé au commissariat principal de Bhubaneshwar, capitale d’Odisha. L’ONG reçoit environ 250 femmes chaque mois, souvent cruellement battues. Il faut alors les accompagner à l’hôpital, puis lors de leur déposition. Elles devront enfin prendre la décision de quitter le foyer et accepter d’aller chez des parents ou dans un des 54 centres pour femmes victimes de violences que compte l’État d’Odisha. Porter plainte contre leurs maris n’est pas facile. « S’ils sont riches, ils échappent à la police, ils peuvent corrompre les juges et sortir acquittés », observe Bhawani Nayak, seul employé masculin de l’ISD. « Malgré les menaces de mort que nous recevons en permanence, nous ne nous laissons pas intimider. »

Crédits
Nom(s)
Jacques Duffaut
Fonction(s)
Journaliste rédacteur
Nom(s)
Élodie Perriot
Fonction(s)
Photographe
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