Solidarauto 37 ouvre ses portes. À l’accueil, Anaïs fait office de premier accueil : « Au téléphone ou en face-à-face, indique-t-elle, j’interroge les clients pour comprendre leur situation notamment financière. » Car la voiture – qui coûte en moyenne 300 euros par mois, en comptant l’entretien, le carburant et les assurances – n’est pas toujours la solution. Si la personne est en période d'essai dans son emploi, Anaïs oriente plutôt le client vers Mobilité Emploi 37, une association qui partage les locaux du garage et qui propose pour 2 euros par jour une location de scooter ou de vélo.
Philippe, bénévole, charge sur son camion la voiture d’un particulier. C’est le principe même de Solidarauto : le garage récupère des voitures provenant de dons, les remet en état de marche et les revend ensuite au prix moyen de 2 000 euros à ses clients. En 2018, l’association a vendu 43 véhicules sur les 122 récupérés. Tous sont mis en ligne sur le site Internet du garage. Amélie a choisi de donner la voiture de son mari décédé : « Je voulais qu’elle soit utile à quelqu’un qui en a besoin pour aller travailler. »
Trois mécaniciens travaillent au garage, soit sur les véhicules issus de dons et qui ont besoin de réparations, soit sur ceux en panne des clients. Pour bénéficier du tarif préférentiel de 45 euros l’heure (contre 75 euros dans un garage classique), le client doit avoir un quotient familial, établi par la Caf, inférieur à 770 euros, ou apporter une fiche de prescription d’un partenaire. Le client demande ensuite des financements, par exemple avec l’aide d’un travailleur social. « C’est valorisant de rendre service à des gens qui en ont besoin », commente Lucas, mécanicien.
Guillaume Florenson, directeur du garage, écoute et conseille Bruno, un client qui vient d’acheter un véhicule. « Ici, on ne se sent pas diminué, on a même eu le choix de la marchandise », témoigne Nathalie, la femme de ce dernier. Pour le couple qui vit à la campagne, la voiture est obligatoire. « Un véhicule est un outil qui permet d’avoir une vie normale, et élargit les chances d’emploi », explique Guillaume.
À côté du garage, Mobilité Emploi 37 offre des cours de conduite à bas coût (350 euros) à ceux qui sont dans un parcours d’insertion ou qui touchent le RSA. José Soares, directeur de l’association, estime que « ce sont souvent les plus pauvres qui ont le plus besoin de mobilité, soit parce qu’ils sont loin, soit parce qu’ils ont plusieurs petits boulots ». Élodie va bientôt passer son permis grâce à l’auto-école. Après, c’est décidé : « Je viendrai ici acheter une voiture. »
Les Solidarauto ont émergé il y a neuf ans au Secours Catholique, à partir du constat qu’une personne sur trois en recherche d’emploi renonce à une proposition de poste à cause de problèmes de mobilité. Le public accueilli par l’association se retrouve souvent exclu socialement et économiquement dès qu’il perd sa mobilité. Afin d’aider au mieux ces personnes en précarité, les garages solidaires leur proposent de la réparation ou de la vente à tarif préférentiel. Nous sommes un peu la roue de secours pour ces personnes au bord du chemin, et nous contribuons à les réparer, elles aussi, pour leur permettre de redémarrer, après une panne. Un garage solidaire est non seulement un outil mis à la disposition des travailleurs sociaux qui accompagnent ces personnes, mais aussi un acteur de développement économique, puisqu’il permet aux bénéficiaires de renouer avec le monde du travail. C’est pour cela que nous sommes complémentaires du milieu habituel de l’automobile. Si nous aidons bien nos clients, à terme, ils pourront se tourner vers des garages traditionnels. Solidarauto 37 se considère donc réellement comme un acteur économique du monde de l’automobile, nous sommes pour cela adhérents au syndicat CNPA. D’ailleurs, nous ne voulons pas vivre de subventions de fonctionnement, mais avoir un équilibre économique, comme une entreprise classique. Aujourd’hui, avec les autres garages solidaires, nous mettons en commun notre expérience à travers la fédération Solidarauto, et cela est précieux.
