Au Burundi, des clubs de jeunes pour regarder vers l’avenir

Chapô
Au Burundi deux habitants sur trois ont moins de 35 ans. Sous la houlette de la Commission épiscopale Justice et Paix, partenaire du Secours Catholique, les commissions diocésaines fondent des clubs de jeunes, afin de créer un climat de cohésion sociale et favoriser le développement économique de la jeunesse dans un des pays les plus pauvres du monde. Exemple en zone rurale à Mugera, une paroisse de l’archidiocèse de Gitega, dans l’est du Burundi.
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Samedi matin, la musique résonne par les enceintes de la paroisse de Mugera, là où se réunissent les jeunes du Club Justice et Paix. « Aidons le pays à se développer et mettons à part ce qui nous sépare » disent les paroles de cette chanson, en kirundi, la langue locale. Ce sont les jeunes du Club qui l’ont composée. Depuis 3 ans, ils sont 150 de la paroisse de Mugera, venus des collines environnantes, à se retrouver le samedi matin pour discuter ensemble et monter des projets communs. 

À l’origine un constat : les jeunes, qui souffrent du chômage et de la pauvreté, peuvent être facilement manipulés par certains partis politiques, dans un pays où les élections sont souvent synonymes de violences, et alors que l’histoire du Burundi est marquée par des massacres entre Hutus et Tutsis.

Apprendre à cohabiter

« Au club, nous discutons sur la manière dont nous pouvons vivre ensemble, malgré les différences, par exemple les partis politiques, l’ethnie ou les classes sociales. Nous apprenons à vivre en harmonie et à cohabiter. Aujourd’hui, le président du club est membre du parti au pouvoir et son adjoint est de l’opposition, et ça n’est plus un problème » se félicite Bosco, 32 ans, professeur des écoles et encadreur du Club. 

À travers l’écriture de chansons ou de sketches, les jeunes se mobilisent pour éviter les conflits, également à l’intérieur des familles. Ce jour-là, une dizaine de jeunes jouent au théâtre pour dénoncer l’ivresse de certains pères de famille qui pillent l’argent du foyer. Ils font rire l’assemblée des jeunes du Club. Plus tard, ils iront jouer ces sketches dans le village ou lors de rassemblements pour sensibiliser au vivre ensemble.

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Réunion du club de jeunes
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Le club de jeunes Justice et Paix de Mugera se réunit tous les samedis matins dans le jardin de la paroisse, qui se situe en zone rurale à 30 minutes sur les hauteurs de Gitega. Ce matin-là, une soixantaine de jeunes sont venus des collines voisines pour dialoguer sur des sujets divers : gestion des conflits locaux, sensibilisation aux droits des femmes et cohésion sociale.

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Réunion d'une club de jeunes
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Carine, 21 ans, est ravie de ce club qui lui donne la parole et lui permet de s’exprimer. Elle trouve que les discussions sur les droits des femmes lui ont permis d’être mieux considérée au sein de sa famille, dans un pays où, dit-elle, « les femmes sont perçues comme des enfants, des personnes de seconde zone » À son tour, elle témoigne auprès des autres familles.

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Représentation théâtre par des jeunes
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Le théâtre permet aussi de sensibiliser. Une dizaine de jeunes joue ce matin-là un sketch représentant deux familles : l’une dont le père ivre pille les biens du foyer, l’autre dont le père épargne et nourrit ses enfants. L’assemblée de jeunes rit aux éclats !

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Des jeunes dansent
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Après les discussions sérieuses, place à la musique ! Marie, 18 ans, s’épanouit au club grâce à la danse. Les spectacles de théâtre et de musique permettent aux jeunes de récolter de l’argent pour le développement de leur communauté.

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Femme dans un champ de maïs
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La caisse commune du club sert à proposer des crédits à faible taux aux jeunes qui souhaitent lancer une activité, ou à développer des projets communs d’agriculture par exemple. Les femmes ont ainsi décidé de cultiver ensemble ce champ de maïs, pour être moins dépendantes de leurs maris.

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Porcelet partagé du club des jeunes
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Le club a aussi acheté des porcs, dont les excréments servent à fertiliser les champs. À terme, les jeunes espèrent vendre les porcelets pour récolter de l’argent pour d’autres projets communs : acquérir une machine pour transformer le manioc et monter un atelier de fabrication de savon.

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Marie est l’une des actrices, mais elle danse également pour le Club. Car en proposant des spectacles de danse ici et là, les jeunes récoltent aussi de l’argent. « L’an dernier, nous avons dansé au petit séminaire, et avec l’argent récolté, nous avons acheté un porcelet pour le Club. Il grandit et ses excréments aident à fertiliser nos champs » se réjouit Marie, âgée de 18 ans, qui, comme la majorité des Burundais, vit des travaux agricoles. « Pour rester unis, il faut quelque chose qui nous unisse » renchérit Bosco, « c’est pourquoi nous avons des projets d’élevage mais aussi d’agriculture, et cela contribue au développement économique des jeunes. » 

Des jeunes femmes ont ainsi mis en place une caisse d’épargne et de crédit et ont investi dans un champ de maïs qu’elles cultivent ensemble. Cela leur permet d’être moins dépendantes de leurs maris. L’argent récolté avec les spectacles ou la vente du maïs du champ collectif permet aux jeunes d’investir aussi dans la solidarité. « Nous allons rendre visite aux malades. Ou bien nous offrons des présents à une jeune fille qui va se marier. Et puis nous nous aidons entre nous » explique Justin, président du club, chômeur après des études de mécanique.

Les jeunes peuvent aussi prendre des crédits auprès des caisses d’épargne du Club pour, par exemple, se lancer dans un projet agricole personnel. Tout est fait pour regarder, ensemble, vers demain.
 

sur le même sujet : Écouter l'épisode DU PODCAST "Parcours" 

Crédits
Nom(s)
Cécile Leclerc-Laurent
Fonction(s)
Journaliste
Nom(s)
Elodie Perriot
Fonction(s)
Photographe
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