Bagageries : « Aujourd’hui, je ne m'attarde pas, je prévois à l’avance ce que je prends dans mon casier »

Chapô
La crise du coronavirus a contraint les bagageries, consignes destinées aux personnes sans domicile et tenues par des associations, à complètement revoir leur fonctionnement. Reportage à la Bagagerie du Cœur du Cinq, à Paris, qui a maintenu son accueil quotidien, informatif et, malgré tout, fraternel.
Paragraphes de contenu
Texte

« En temps normal, nous recevons 15 à 18 personnes le matin et un peu plus le soir. Mais depuis le confinement, le local est moins fréquenté. Certains ont trouvé quelqu’un pour les héberger pendant cette période ou bien ils ont quitté Paris », explique Françoise Morier qui, ce soir du mois de mai, assure, avec Pascale Larcan, autre bénévole, la permanence de la bagagerie du 12, rue Daubenton, dans le 5ème arrondissement, tout à côté de la Grande Mosquée de Paris.

Le lieu est ouvert tous les jours, tout l’été, même le dimanche et les jours fériés. « C’est essentiel, pour les personnes qui n’ont pas de chez soi, de pouvoir entreposer leurs affaires en toute sécurité », estime Françoise Morier. « La bagagerie soulage beaucoup de personnes, » confirme Aouida Mokhtar, Tunisien de 66 ans dont un accident de vie l'a privé de domicile. Logé dans un foyer d’Ivry-sur-Seine, il vient ici chaque jour se reposer dans cet accueil et discuter avec les bénévoles.

Texte

Texte

Fruit de la collaboration du Secours Catholique et de l’Ordre de Malte, la bagagerie est, en temps normal, bien plus qu'une simple consigne. « Nous voulions que ce local soit aussi un lieu de vie fraternelle entre habitants du quartier et personnes en situation de rue », explique Charles Gazot, ancien administrateur du Secours Catholique et à l’origine de la bagagerie. À cause de la crise du coronavirus, la bagagerie est ouverte seulement deux heures le soir et désormais, chaque détenteur d’un casier entre à tour de rôle, se lave les mains et est accompagné jusqu’à son casier par un bénévole.

Moïse, un grand gaillard originaire d’Haïti, patiente devant la porte en tirant de son synthétiseur portatif quelques notes de musique. Par la fenêtre du local qui donne sur la rue, il accepte une tasse de café et une madeleine qu’il prend sur le trottoir, en attendant son tour. Jorge aussi vient ici depuis deux ans. Capverdien de 43 ans, en France depuis 14 ans, il a changé ses habitudes depuis le début du confinement.« Avant, je venais matin et soir, je prenais le temps de m’asseoir, de savourer mon café, de discuter et de me reposer, dit-il. Aujourd’hui, je prévois à l’avance ce dont j’ai besoin, ce que je prends dans mon casier. Je perds le moins de temps possible ici. »

Crédits
Nom(s)
Jacques Duffaut
Fonction(s)
Journaliste
Nom(s)
Gaël Kerbaol
Fonction(s)
Photographe
Pour rester informé(e)
je m'abonne à la newsletter