Dans l'Aisne, le plaisir d'apprendre

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À Villers-Cotterêts (Aisne), une dizaine d’enfants du CP au CM2 sont accompagnés par le Secours Catholique les mercredis après-midi durant toute l’année scolaire. Une aide aux devoirs, mais aussi à la socialisation et à la construction de la confiance en soi.
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un garçon remporte une partie de mastermind face à deux filles, derrière lui se tient une bénévole du secours catholique de l'équipe d'accompagnement à la scolarité

« Bonjour mon grand ! Tu as des leçons pour demain ? Non ? Tu t’es avancé ? Alors c’est super ! », s’exclame Marie-France à l’intention de Jad (diminutif de Jadallah), 10 ans, assis à la table de travail en compagnie de la discrète Celiana, 10 ans aussi, et de l’expansive Mathy, 9 ans. Le petit groupe est installé dans l’une des deux salles du presbytère mises à la disposition du Secours Catholique pour ce temps d’accompagnement à la scolarité du mercredi. La deuxième pièce est occupée par Martine, qui forme avec Marie-France le binôme bénévole en charge de l’activité. Martine prend sous son aile Anah et Mehdi, respectivement en CE2 et CE1.

La première heure est consacrée au suivi des devoirs et à la révision de notions vues en classe. « Pour mémoriser les mots, c’est mieux de les écrire, non ? », suggère Marie-France à Celiana, qui a une dictée à préparer. Chacun des enfants s’affaire sur son cahier ou son manuel, l’air concentré. Dans la pièce voisine, Martine anime un très sérieux concours de tables de multiplication entre Anna et Mehdi. « Bien à ma droite, bien à ma gauche ! », encourage-t- elle. « Martine, elle nous aide, dit Anah avec une petite moue. Parce que ma maîtresse, elle n’aime pas nous répéter deux fois la même chose… »

La dernière demi-heure est consacrée aux jeux de société, mots croisés ou au dessin. Les enfants des deux groupes sont réunis. « Ce temps est important pour la socialisation, explique Marie-France. Les enfants tissent des liens et se retrouvent ensuite en cour de récréation même s’ils ne sont pas dans la même classe. »

L'aide de Marie-France lui a débloqué les mathématiques. C'était magique.

Cette première session terminée, d’autres enfants remplacent les premiers. « On travaille bien avec Marie-France, se félicite Rizlène. Maintenant je connais toutes mes tables ! Oh oui ! abonde la bénévole. On a galéré l’an dernier, mais on y est arrivées ! » La maman de Rizlène confirme. « Le système scolaire est fait de telle façon que ça avance, et ceux qui ont des difficultés restent derrière. L’aide de Marie-France lui a débloqué les mathématiques. C’était magique, ma fille s’est ouverte, et maintenant c’est un plaisir pour elle ! »

En complément du rendez-vous du mercredi, une sortie est organisée une fois par an – au grand air très souvent - et un spectacle de fin d’année est créé et joué devant les parents, permettant de renforcer la cohésion et la confiance en soi des apprentis comédiens. Au terme d’une nouvelle année d’accompagnement qui voit tous les enfants suivis passer dans la classe supérieure, Marie-France et Martine se réjouissent : « On a plaisir à voir les enfants évoluer, c’est du bénévolat heureux ! » 

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Marie France bénévole accueille Celiana d'un geste amical
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« Viens ma grande ! Tu as mis ta casquette du mercredi ? », lance Marie-France, tout sourire, à la petite Celiana. Les deux bénévoles, comme les enfants, sont heureux de se retrouver chaque mercredi après-midi.

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Marie-France attablée avec les enfants pour suivre leurs devoirs
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« Bon ben c’est cool pour moi ! », plaisante Marie-France, alors que les enfants sont plongés dans leurs cahiers. La bénévole ponctue régulièrement les réussites des uns et des autres de joyeux « C’est bien ma grande ! C’est bien mon grand ! ». Professeure d’anglais retraitée, elle incite les enfants à corriger eux-mêmes leurs erreurs. « Comme ça, je n’ai pas à le faire », dit-elle en riant. « À la maison je travaille avec ma sœur, mais elle est moins patiente que Marie-France », confie Jad.

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Martine suit les devoirs du jeune Medhi
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Dans la pièce voisine, Martine suit Medhi et Anah. Après le calcul mental, place au français. « Faites une phrase avec le mot "respecter" », énonce-t-elle. « Je respecte ma mère », dit Medhi. Anah se lance aussi : « Je respecte ma maîtresse ».

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Jad et Mehdi se lancent dans une partie de puissance 4
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Jad et Mehdi disputent une partie de Puissance 4. Bien que Jad ait annoncé s'être perfectionné, Mehdi enchaîne les victoires. « Tu t’es entraîné, mais à l’envers ! », lance-t-il, taquin, à son adversaire. 

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Marie France entourée de trois filles
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Pendant ce temps, les filles jouent à un jeu de cartes où il faut reconnaître des images et symboles. Marie-France récompense tout le monde d'un bonbon. Tandis que la fin de la séance approche, Medhi, qui rafle victoire sur victoire, veut continuer à jouer. « Je suis le plus fort du monde ! », déclame-t-il en arrondissant les biceps. « Là, tu te vantes un peu ! », tempère Marie-France.

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les enfants jouent la pièce
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Deux mois plus tard, place au spectacle, devant les parents. Cette année, ils sont venus applaudir une adaptation par les deux bénévoles de l’histoire des Trois petits cochons. Les enfants ont confectionné les décors, appris leurs répliques, répété (un peu). Vêtus selon le dress code convenu et de leurs masques de déguisement, ils investissent le plateau. 

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Sandrine et Celia enlacées
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Avec l'aide de Martine qui souffle le texte manquant, Sandrine et Celiana réussissent leur performance. Pour Celiana, la prise de parole en public n'a rien d'évident. « On essaie de leur donner confiance, explique Martine. Certains qui au début de l'année ne parlent pas du tout, à la fin, ils ont pris un peu de liberté pour s'exprimer. » « Celiana reste beaucoup à la maison », reconnaît sa maman, veuve, qui l’élève seule avec son petite frère autiste. Les mercredis après-midi avec le Secours Catholique sont pour la petite fille la seule occasion en dehors de l’école de fréquenter d’autres enfants. L'accompagnement par les bénévoles permet aussi à la maman, mauricienne, de ne pas laisser Celiana seule fasse à sa scolarité. « Je ne parle pas très bien français, et je ne suis pas allée beaucoup à l'école », confie-t-elle.

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le groupe d'enfants pour le salut final
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À la fin de la petite représentation, Marie-France invite les enfants à saluer leur public. Marine conclut en énonçant la morale de l'histoire : « Quand on se donne de la peine, on finit toujours par réussir ! »

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Mathy et Manel
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Le spectacle marque le terme d'une année d'accompagnement. Chaque enfant repart avec le masque de la représentation et une cahier d'activités pour les vacances. 

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Mathy et sa maman
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La mère de Mathy constate les progrès de sa fille. « Elle peinait en maths, et allait en APC (activités pédagogiques complémentaires) avec sa maîtresse. Cette année, elle n’en a plus besoin. » En septembre, la plupart des enfants retrouveront les bénévoles pour une nouvelle année de suivi. « Pour l'anecdote, indique Marie-France, nous accueillerons le troisième enfant de deux fratries. »

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Nom(s)
Clarisse Briot
Fonction(s)
Journaliste
Nom(s)
Vincent Boisot
Fonction(s)
Photographe
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