De l’aide d’urgence à l’accompagnement

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Sortir de l’aide financière ponctuelle pour inscrire cette aide dans une démarche d’accompagnement : la réflexion menée depuis plusieurs années au Secours Catholique commence à prendre forme sur le terrain. Reportage en Indre-et-Loire.
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Un mercredi après-midi ensoleillé au 35 rue de la Fuye, dans le centre de Tours. « D’habitude, c’est plus animé. On a souvent 10-15 personnes qui attendent. Mais là, il n’y a pas grand-monde », s’excuse presque Annie, bénévole à l’accueil social du Secours Catholique. Chandail beige et fines lunettes, cette jeune retraitée du secteur bancaire s’assoit puis dépose devant elle une chemise cartonnée. Elle l’ouvre et commence à feuilleter une épaisse pile de factures, relevés de comptes, courriers administratifs et formulaires de renseignements.

« Il s’agit d’un monsieur dont la petite entreprise a été mise en liquidation judiciaire en 2004 et qui depuis ne s’en sort pas. Lorsqu’il est venu nous voir la première fois, cet automne, il était perdu, se souvient-elle. Il avait réussi à rembourser 95 % de ses dettes suite à la liquidation, mais il était pris à la gorge. Il nous demandait de l’aider pour payer les 1 200 euros restants. » Dans le dossier de demande d’aide financière qu’Annie tient entre ses mains et qui doit passer le lendemain devant la commission des aides de l’association, il n’est plus question de ces 1 200 euros, mais d’un don de 250 euros pour une assurance habitation et d’un prêt pour une assurance auto.

« C’est souvent comme ça, dit en souriant Annie. Les gens arrivent avec une demande très précise, et repartent avec autre chose. » En effet, au fil des discussions, il s’est avéré que Xavier*, l’ancien entrepreneur, avait d’autres urgences : une dette EDF, une dette d’eau, une voiture et une maison qui n’étaient plus assurées. « On a cherché ensemble des solutions », relate Annie. Pour les 1 200 euros, Xavier va finalement se renseigner sur la possibilité d’échelonner le remboursement. Pour le reste, un échéancier a été négocié avec EDF et la facture d’eau a été payée par ses enfants. Et récemment, l’ancien entrepreneur a trouvé un petit boulot. « Il va pouvoir sortir la tête de l’eau », se réjouit Annie. Restent deux urgences : payer l’assurance de sa maison et assurer son véhicule dont il a besoin pour travailler. « Si c’est refusé demain par la commission, je ne comprendrai pas », confie-t-elle.

un coup de pouce en cas d'urgence


Dans le cadre de la démarche “3A” (accueillir, aider, accompagner) mise en œuvre depuis trois ans en Indre-et-Loire, les bénévoles chargés de l’accueil social proposent systématiquement à la personne accueillie de faire un point sur sa situation et, si besoin, d’identifier avec elle les problèmes, de discuter des choix possibles et de voir ce qu’elle a envie de faire. « L’aide financière s’inscrit désormais dans cette démarche globale, explique Pierre, un animateur de la délégation. Comme un coup de pouce en cas d’urgence, ou en dernier recours pour débloquer une situation. » Désormais, tous les dossiers soumis à la commission des aides sont réalisés par les bénévoles de terrain de l’association. « On a demandé aux travailleurs sociaux de ne plus envoyer directement de demandes d’aide à la commission, mais d’orienter les demandeurs vers nos équipes d’accueil », précise Pierre.

*Le prénom a été modifié

Crédits
Nom(s)
Benjamin Sèze
Fonction(s)
Journaliste
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