En Avignon, étudier rime avec bien manger
Face aux remparts d’Avignon, la distribution de paniers solidaires du Secours Catholique, réservés aux étudiants précaires, se déroule dans une ancienne scierie reconvertie en espace culturel et écologique. Devant le théâtre et l’espace buvette, à l’ombre de grands platanes, le tiers-lieu met à disposition un petit cabanon de bois à l’intérieur duquel José, bénévole de 58 ans, termine de préparer les paniers. « Ce soir il y a de la salade, des pommes de terre, des oignons, des courgettes, des fèves… », énumère-t-il.
Chaque mardi soir, une vingtaine d’étudiants se succèdent pour venir chercher leur panier de légumes bios et locaux. « Il a une valeur de 10 euros. Grâce à la prise en charge du Secours Catholique et de Semailles, l’association qui cultive les légumes, on ne demande que 3 euros par personne », poursuit José. Depuis 2021, cette initiative permet aux étudiants avec peu de moyens de faire des économies et d’accéder des produits alimentaires de qualité.
« Je n’ai pas beaucoup de sous pour m’acheter à manger, surtout avec la montée des prix. Les paniers m’aident à rentrer dans mon budget », explique Sophie, 18 ans et étudiante à l’école d’art d’Avignon. Comme elle, la plupart des étudiants qui viennent à la distribution sont boursiers et leurs études ne leur laissent pas le temps de travailler en parallèle. « L’argent de la bourse, je le mets de côté pour payer mon loyer, indique Louise, 23 ans, qui vient récupérer son panier depuis un an et demi. La distribution me permet de manger de la qualité et de découvrir de nouveaux légumes comme les fèves. » Ce soir-là, 17 paniers sont distribués.
À quelques mètres du cabanon, sur la terrasse de la buvette, un petit groupe dispose des ustensiles sur une grande table pour l’atelier cuisine. Celui-ci, comme la distribution de paniers, est hébergé bénévolement par le tiers-lieu. Au menu : galette de courgettes et de pommes de terre, et tiramisu aux fraises pour le dessert. Estelle, bénévole de 23 ans, guide le groupe dans la préparation. « Cet atelier a lieu une fois par mois, explique-t-elle. Nous faisons des recettes simples avec peu de matériel pour que les étudiants puissent les reproduire chez eux. Le but est d’inciter les jeunes à cuisiner et de passer un moment convivial. »
Habituée de l’atelier, Clémence, étudiante à l’école d’art, apprécie ce temps de partage. « C’est un bon moment avec mes amis, confie-t-elle. Et puis cela me permet d’apprendre quelques recettes que je refais à ma famille ! »
Le soleil vient de disparaître derrière les remparts de la ville. Installé autour d’une longue table, le groupe savoure les galettes dans un silence général. Soudain, une voix retentit : « C’est trop bon ! »