En Inde, cultiver l’environnement

Chapô
75 % de la population indienne est rurale et vit en majorité sous le seuil de pauvreté. Dans l’État d’Odisha, inondations et sécheresses accentuent la pauvreté. Le Secours Catholique-Caritas France finance deux ONG locales qui relèvent le défi d’une agroécologie adaptée.
Paragraphes de contenu
Texte

Le long du golfe du Bengale, dans l’État d’Odisha, les plaines alluvionnaires déroulent un infini tapis de rizières. Des buttes en terre retiennent la pluie et matérialisent les limites de ces parcelles qui dépassent rarement l’hectare. Dans le district de Mayurbhanj, les petits agriculteurs sont principalement Dalits. Ces communautés marginalisées souffrent d’insécurité alimentaire depuis que le changement climatique multiplie sécheresses et inondations. Mayurbhanj est un des quatre districts où la Caritas diocésaine de Balasore (BSSS) mène une mission de développement des populations. Il y a deux ans, BSSS y a mis en place un programme d’accompagnement agroécologique qui est en train de porter ses fruits.

Kanhai Murmu et sa femme Indumani se disent heureux. L’an dernier, Kanhai a cessé de travailler en ville pour se consacrer aux 25 ares de terrain qui jouxtent sa maison. Grâce aux conseils de BSSS, le couple a converti son exploitation en ferme modèle dont les voisins commencent à s’inspirer. Les conseillers techniques de BSSS, en lien avec des instituts de recherche agronomique, initient les paysans aux techniques les plus appropriées à leur sol. La famille Murmu, après sa récolte de riz, produit une seconde récolte de légumes variés. Elle élève des poissons, cultive des champignons et vend du lait.

Tous les coins de l’exploitation sont utilisés. Deux lombricomposteurs ont été installés en bordure d’allée. Une fougère d’eau appelée “azolla” flotte dans une mare artificielle. Cette plante riche en protéines et à croissance rapide sert d’aliment aussi bien aux bovidés qu’aux volailles et aux poissons. « Le riz assure la survie. Le reste est le supplément utile pour envoyer les enfants à l’école et pouvoir se soigner », explique le père Lijo, directeur-adjoint de BSSS. « Si les paysans ratent la première récolte, leur année est catastrophique. » Avec 17 animateurs sur le terrain, BSSS accompagne 3 500 ménages dans 25 villages, soit quelque 18 000 personnes.

À 300 kilomètres plus au nord, sur les collines de Gandhamardana, les forêts abritent des colonies de singes, des hordes d’éléphants parfois agressifs et des communautés tribales délaissées. Sensible au dénuement de ces paysans, un groupe d’étudiants en sociologie et en anthropologie de Sambalpur s’est constitué, il y a une vingtaine d’années, en centre de ressources baptisé MASS. Son directeur, Chittaranjan Hota, et son équipe aident des villages entiers à se développer. L’agro-écologie est le levier principal de MASS pour assurer la sécurité alimentaire de paysans qui souvent, à la saison sèche, migrent pour survivre.

EN IMAGES

Titre du diaporama
Image
Dans l'Etat indien d'Odisha, les familles paysannes survivent sur de petites surfaces de terre.
Description
Dans l'Etat indien d'Odisha, les familles paysannes survivent sur de petites surfaces de terre.
Crédits photo
Élodie Perriot/Secours Catholique
Image
La principale culture est le riz.
Description
La principale culture est le riz.
Crédits photo
Élodie Perriot/Secours Catholique
Image
Cette culture du riz est indispensable pour assurer l'alimentation annuelle. Car si la sécheresse ou les inondations sévissent, il y a un risque majeur de famine.
Description
Cette culture du riz est indispensable pour assurer l'alimentation annuelle. Car si la sécheresse ou les inondations sévissent, il y a un risque majeur de famine.
Crédits photo
Élodie Perriot/Secours Catholique
Image
Aussi, des ONG incitent les paysans à diversifier leurs cultures et à tirer de leurs parcelles une seconde culture annuelle..
Description
Aussi, des ONG incitent les paysans à diversifier leurs cultures et à tirer de leurs parcelles une seconde culture annuelle..
Crédits photo
Élodie Perriot/Secours Catholique
Image
Les légumes sont privilégiés. Ils permettent une meilleure alimentation de la famille et un petit profit supplémentaire.
Description
Les légumes sont privilégiés. Ils permettent une meilleure alimentation de la famille et un petit profit supplémentaire.
Crédits photo
Élodie Perriot/Secours Catholique
Image
Ici, bananiers et choux sont cultivés sur le même terrain.
Description
Ici, bananiers et choux sont cultivés sur le même terrain.
Crédits photo
Élodie Perriot/Secours Catholique
Image
Le piment est un ingrédient incontournable de la cuisine indienne dont on peut tirer également profit.
Description
Le piment est un ingrédient incontournable de la cuisine indienne dont on peut tirer également profit.
Crédits photo
Élodie Perriot/Secours Catholique
Image
Pour enrichir le sol, les ONG (comme MASS ou BSSS, partenaires du Secours Catholique) préconisent le lombricompost.
Description
Pour enrichir le sol, les ONG (comme MASS ou BSSS, partenaires du Secours Catholique) préconisent le lombricompost.
Crédits photo
Élodie Perriot/Secours Catholique
Image
Les pesticides naturels produits à partir de purin et de feuilles de margousier sont vivement encouragés.
Description
Les pesticides naturels produits à partir de purin et de feuilles de margousier sont vivement encouragés.
Crédits photo
Élodie Perriot/Secours Catholique
Image
Ces cultures agroécologiques sont bien plus économes en eau.
Description
Ces cultures agroécologiques sont bien plus économes en eau.
Crédits photo
Élodie Perriot/Secours Catholique
Image
Ce villageois cultive des tomates qui n'ont pratiquement pas besoin d'être arrosées grâce à des semences améliorées et à une source souterraine.
Description
Ce villageois cultive des tomates qui n'ont pratiquement pas besoin d'être arrosées grâce à des semences améliorées et à une source souterraine.
Crédits photo
Élodie Perriot/Secours Catholique
Image
L'élevage est également encouragé. Dans le bassin adjacent à ce poulailler sur piloti, cette agricultrice fait croitre une fougère d'eau appelée "azola" qui, une fois séchée, sert de nourriture aux animaux.
Description
L'élevage est également encouragé. Dans le bassin adjacent à ce poulailler sur piloti, cette agricultrice fait croitre une fougère d'eau appelée "azola" qui, une fois séchée, sert de nourriture aux animaux.
Crédits photo
Élodie Perriot/Secours Catholique
Image
BSSS, partenaire du Secours Catholique, encourage les paysannes sans terre à élever des poules et à cultiver des champignons dans des sacs remplis de paille humidifiée.
Description
BSSS, partenaire du Secours Catholique, encourage les paysannes sans terre à élever des poules et à cultiver des champignons dans des sacs remplis de paille humidifiée.
Crédits photo
Élodie Perriot/Secours Catholique
Image
Ces surplus de culture permettent à d'autres villageois d'ouvrir de petits commerces de proximité.
Description
Ces surplus de culture permettent à d'autres villageois d'ouvrir de petits commerces de proximité.
Crédits photo
Élodie Perriot/Secours Catholique
Image
Certains soirs, quand les paysans rentrent des champs, ils se retrouvent au centre du village pour regarder des vidéos faisant la promotion de l'agroécologie.
Description
Certains soirs, quand les paysans rentrent des champs, ils se retrouvent au centre du village pour regarder des vidéos faisant la promotion de l'agroécologie.
Crédits photo
Élodie Perriot/Secours Catholique
Image
Le Secours Catholique finance également des structures éducatives afin d'aider les enfants à poursuivre le plus longtemps possible leurs études.
Description
Le Secours Catholique finance également des structures éducatives afin d'aider les enfants à poursuivre le plus longtemps possible leurs études.
Crédits photo
Élodie Perriot/Secours Catholique
Image
A raison de 0,75 euro par enfant et par jour, le Secours Catholique apporte aux élèves un soutien scolaire qui fait la différence.
Description
A raison de 0,75 euro par enfant et par jour, le Secours Catholique apporte aux élèves un soutien scolaire qui fait la différence.
Crédits photo
Élodie Perriot/Secours Catholique
Image
En aidant les parents à tirer un meilleur parti de leurs terres permet également à leurs enfants de rester plus longtemps à l'école.
Description
En aidant les parents à tirer un meilleur parti de leurs terres permet également à leurs enfants de rester plus longtemps à l'école.
Crédits photo
Élodie Perriot/Secours Catholique
Texte

Grâce à MASS, Dambaru Dahar Majhi, 32 ans, marié et père de deux enfants, réussit à obtenir trois récoltes annuelles sur son lopin de terre. Son champ est situé au pied d’une colline. « Avec 15 voisins, nous avons creusé à la pelle deux lacs suffisamment profonds pour conserver de l’eau toute l’année », dit-il. Sur son terrain entouré d’arbres poussent divers plants de légumes, dont les plus hauts donnent de l’ombre aux plus petits, et le sol est paillé pour ralentir l’évaporation.

Ici aussi, le lombricompost est utilisé, et les engrais et pesticides sont naturels. Le mélange de purin et de feuilles de neem (margousier) produit un engrais puissant, très odorant, qui fait dire fièrement à son préparateur : « Impossible de faire mieux chimiquement ! » 80 % des Indiens recourent aux médecines traditionnelles et notamment à la médecine ayurvédique, qui fait une large place aux feuilles du margousier. Dans un village, MASS a aidé les habitants à créer un jardin médicinal, pharmacie gratuite où l’on trouve à toute heure les ingrédients nécessaires au rééquilibrage des énergies fondamentales du corps.

Dans un autre village, une femme remercie MASS d’avoir encouragé les paysannes à se regrouper. « Grâce à cette coopérative, se réjouit-elle, les femmes enceintes sont désormais suivies médicalement et vont accoucher à l’hôpital. » À la sortie d’un village, Banbasa Bag et sa famille binent leur parcelle. Banbasa salue Tulashi, coordinateur des programmes de MASS. Il le félicite de l’avoir incité à bannir les produits chimiques. « C’est plus rassurant pour la santé des enfants et les légumes ont meilleur goût, déclare-t-il. Mais le véritable avantage, c’est que cela revient moins cher à produire. Et on utilise beaucoup moins d’eau. » « Toute la philosophie de MASS, explique Tulashi Ballav Dash, est de permettre à la terre de nourrir ceux qui la travaillent au moyen de méthodes renouvelables. Si on la respecte, la nature peut donner beaucoup. »  

Crédits
Nom(s)
Jacques Duffaut
Fonction(s)
Journaliste rédacteur
Nom(s)
Elodie Perriot
Fonction(s)
Photographe
Pour rester informé(e)
je m'abonne à la newsletter