Inondations : le Secours Catholique auprès des sinistrés

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Actuellement actifs dans les Alpes-Maritimes, les bénévoles du Secours Catholique réconfortent et accompagnent dans la durée les personnes victimes de catastrophes.
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Grâce à son réseau de bénévoles, le département Urgences France du Secours Catholique réconforte et accompagne dans la durée les personnes victimes de catastrophes naturelles. Son équipe est actuellement active dans les Alpes-Maritimes suite aux violentes inondations de début octobre. Auparavant, ses dernières opérations l’avaient menée dans les Pyrénées, le Var et à La Réunion.

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A la Réunion

Le 2 janvier 2014, l’ouragan Bejisa frappait La Réunion. Michelle Vital, responsable urgences du Secours Catholique de l’île, revient sur les problèmes que son équipe a dû résoudre sur le terrain pour venir en aide aux population sinistrées.

 

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L' équipe Urgences de La Réunion a dû composer dès le début de l’alerte avec un problème de taille : les informations contradictoires communiquées par Météo France. Lorsque, Michelle Vital évoque le sujet, Gérard Bourguet, délégué Urgences de la Guadeloupe, intervient aussitôt : « Notre délégation a eu des réunions avec Météo France à ce sujet. Ils nous ont dit que la trajectoire d’un cyclone est toujours très aléatoire, surtout lorsque sa zone d’action excède cinquante kilomètres. Ils doivent tout le temps réaffiner leur calcul. »

L’œil du cyclone est finalement passé à trente kilomètres des côtes. Une proximité suffisante pour occasionner de gros dégâts matériels : toitures arrachées, zones agricoles ravagées, coupures d’eau et d’électricité… « Ces dernières ont duré parfois dix jours, raconte Michelle Vital. Comme c’était la période des fêtes de fin d’année, les habitants avaient leur frigidaire rempli de nourriture. Ils ont tout perdu à cause des coupures. »

Le Secours a rapidement déployé ses bénévoles grâce à une chaine de SMS.

Le cyclone provoquera la mort d’une personne et en blessera seize autres, principalement des habitants qui tentaient de colmater leur toiture pendant la tempête. Le Secours a rapidement déployé ses bénévoles une fois la tempête terminée grâce à une chaine de SMS. Puis il a installé son poste de coordination dans la commune de Saint-Leu, l’une des quatre villes les plus touchées par la tempête.

« La mairie a été formidable. Elle nous a fourni une grande salle et s’est occupée de la logistique. En 2009 – coïncidence –, notre équipe avait d’ailleurs fait son exercice d’urgence à Saint-Leu. Le curé de la commune nous a dit : “Et bien, n’est-ce pas là un signe du ciel ?” »

103 bénévoles du Secours Catholique ont ensuite rendu visite à 168 familles sinistrées, leur distribuant au besoin des matelas, des couvertures et de la nourriture. Mais une mauvaise surprise les attendait. La majorité des familles ne possédaient pas d’assurance habitation, soit parce que les maisons avaient été construites sans permis de construire valable, soit parce que les habitants n’en faisaient pas une priorité. « À l’avenir, on réfléchit à des actions de sensibilisation pour expliquer l’importance d’une assurance habitation. C’est primordial », soupire Michelle Vital.

Le Secours Catholique s’est partagé le travail avec l’association ATD Quart Monde. Cette dernière s’est chargée de constituer des dossiers de demande d’indemnisation pour les pêcheurs. Beaucoup ayant vu leurs outils de travail dévastés. Le Secours Catholique s’est lui occupé d’aider la profession des agriculteurs, elle aussi très touchée.

Si les jours qui ont suivi le cyclone ont parfois été éprouvants, Michelle Vital ne regrette pas les efforts déployés : « C’était une belle expérience humaine. Notre action a d’ailleurs été saluée par beaucoup de gens. »

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Dans le Var

Quand tous les autres sont repartis, quand l’isolement et la détresse se font sentir le plus souvent, les bénévoles du Secours Catholique sont là pour écouter, rassurer, réconforter. Une journée avec un binôme de bénévoles venus en renfort de la région parisienne pour rencontrer et aider les sinistrés des inondations dans les communes de La Londe et de Bormes-les-Mimosas.

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En Haute-Garonne

Fin janvier 2014, la Garonne a de nouveau menacé le village de Saint-Béat situé en Haute-Garonne, gravement éprouvé par la crue du 18 juin 2013. Depuis huit mois, le Secours Catholique est sur place.

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Janvier 2014. Sur le trottoir étroit qui borde la rue principale de Saint-Béat (Haute-Garonne), Bertrand Ricard, bénévole au Secours Catholique, retrouve Michel Weistroffer devant son ancienne boucherie. Il est accompagné d’Edyta Matejko, recrutée par la mairie pour coordonner les secours après les inondations d’il y a huit mois.

Sur le mur, à l’intérieur de l’échoppe, un trait noir tracé au marker indique 2,15 m, le niveau de la crue du 18 juin dernier. Le magasin a été nettoyé mais « l’eau remonte par capillarité quand il pleut, explique le boucher-traiteur. Je ne peux plus payer le loyer. Alors j’envisage de me reconvertir en rôtisseur ambulant ».

La mairie accorde des aides à ceux qui veulent remonter leur boutique. Mais sans boutique, Michel Weistroffer n’y aura pas droit. « L’aide du Secours Catholique est destinée à faciliter la reprise des activités professionnelles, mais n’est pas conditionnée, elle, par la réouverture du magasin sur les lieux mêmes où il se trouvait avant le sinistre, précise Bertrand. Nous voulons empêcher la mort de l’économie locale en soutenant tous les commerçants qui ont été sinistrés. »

Les deux campings, moteurs économiques du village, sont déserts.

À l’exception d’un estaminet qui vend aussi du vin et des produits du terroir (rouvert trois semaines après l’inondation pour accueillir le Tour de France), tous les autres commerces implantés sur l’artère principale sont fermés. Le gérant du bureau de tabac est parti se reconvertir au métier de chaudronnier. La banque qui vient juste d’installer un nouveau distributeur reste close.

Les deux campings, moteurs économiques du village, sont déserts. Le camping public sera déplacé sur les flancs de la montagne. Quant au camping privé, des problèmes pratiques et juridico-administratifs restent à régler avant la reprise d’exploitation sur place ou ailleurs.

La catastrophe a coïncidé avec le début de la saison estivale. L’équipe des urgences du Secours Catholique, composée de cinq personnes début juillet, s’était rapidement renforcée d’une centaine d’autres bénévoles et de personnes accueillies de Haute Garonne et des départements voisins. Une aide efficace qui fut aussi un soutien moral pour tous ceux dont les biens avaient été détruits.

Après le départ des premiers urgentistes, Bertrand Ricard a pris le relais. Habitant à Montespan, à une heure de route de Saint-Béat, son rôle est d’assurer une permanence tous les jeudis dans cette partie française du val d’Aran. Juriste de formation, il conseille, explique les clauses de contrats d’assurance, écoute et propose des solutions.

À Fos, dernier village avant la frontière espagnole, Bertrand a rendez-vous ce dernier jeudi de janvier avec Eugenio Hernandez, jeune Espagnol, marié et père de deux enfants en bas âge. « Nous avions acheté la maison il y a cinq ans et nous venions juste de terminer les travaux, explique Eugenio, quand la Garonne est venue détruire tout le rez-de-chaussée. »

Depuis, le ménage loue un appartement dans le haut de Fos. Il est en difficulté financière car Eugenio a cessé son travail pour se consacrer à plein temps à la réhabilitation de leur maison. Mais les assurances attendent les conclusions de l’expert. Et l’expert refuse les devis présentés par Eugenio.

« Certains experts profitent de la faiblesse psychologique des personnes sinistrées, renchérit Bertrand, outré que ce couple n’ait pas encore été indemnisé. Dorénavant, je suggèrerai d’être présent quand les experts viendront estimer les dégâts. »

Pour aider au redémarrage de l’économie, le Secours Catholique a confié à Bertrand, en lien avec la délégation Ariège-Haute Garonne, l’utilisation d’une enveloppe de 50 000 euros, spécialement débloquée pour venir en aide à tous les commerçants sinistrés. Car la survie du village, dont la population s’érode depuis le 19e siècle (de 1 500 en 1850, elle est aujourd’hui en deçà de 400), dépend désormais de sa quinzaine de commerces.

Crédits
Nom(s)
Pierre Wolf-Mandroux, Jacques Duffaut, Benjamin Sèze
Fonction(s)
Journalistes
Nom(s)
Élodie Perriot
Fonction(s)
Photographe
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