La Casèla, un refuge pour les femmes en précarité à Toulouse

Chapô
À Toulouse, La Casèla ouvre ses portes depuis près de deux ans à des femmes en situation de grande précarité, hébergées dans un hôtel social ou un foyer ou bien vivant à la rue. Dans cet espace non-mixte, elles reprennent des forces pour affronter un quotidien difficile.
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Presque chaque matin, Hakima et Fatima quittent ensemble leur chambre d’hôtel, où elles sont logées par le 115, pour se rendre à La Casèla. C’est dans cet espace du Secours Catholique, aux allures de loft, situé dans le centre-ville de Toulouse, que les deux femmes, arrivées au printemps dernier d’Algérie, ont fait connaissance et se sont liées d’amitié. Elles ont en commun d’avoir connu la précarité après le décès de leur époux. « Depuis, on frappe à toutes les portes ensemble », confie Hakima, en trempant une tartine de confiture dans son café au lait.

Depuis près de deux ans, La Casèla sert de lieu de répit, de ressources et d’entraide à des femmes en grande précarité. La plupart sont à la rue ou hébergées dans un foyer ou dans un hôtel social et passent une grande partie de leur journée dehors et dans le froid. À La Casèla, les fauteuils invitent à la discussion, à l’écoute et au repos. « On a remarqué que les femmes fréquentaient peu les accueils de jour de la ville. On a alors mené une étude auprès de ces accueils et il a émergé le besoin de créer un lieu spécifique pour les femmes en précarité », explique Pascale, bénévole responsable.

Ici, les personnes accueillies peuvent prendre un petit-déjeuner copieux, se doucher, laver leur linge, récupérer des vêtements ou des produits d’hygiène. Elles peuvent aussi se refaire une beauté. Au sous-sol, Nathalie, les cheveux mouillés enroulés dans une serviette, attend son tour pour passer entre les mains d'Anahite, la coiffeuse bénévole. « Je n’ai eu qu’une ou deux fois les moyens dans ma vie de m’offrir un coiffeur, confie cette mère isolée de deux enfants, sans emploi. Ça fait du bien de prendre soin de soi ».

Ce soir, on retourne à la rue.


De plus en plus de femmes franchissent la porte de cet espace, qui leur est exclusivement réservé. « Elles sont entre 30 et 40 à venir chaque jour. Il y a un an, elles étaient une vingtaine », détaille Pascale. Et les personnes accueillies se trouvent dans des situations encore plus critiques. « En ce moment, c’est très tendu. On rencontre de plus en plus de familles avec de jeunes enfants remises à la rue », poursuit la responsable.

Dans le coin salon, Julienne, assise sur un canapé, accuse le coup. Elle vient d’apprendre qu’elle doit quitter le foyer où elle dort avec sa fille de 19 ans depuis 14 jours. « Je profite un peu de la chaleur car, ce soir, on retourne à la rue, soupire cette femme, venue de la République du Congo. On est reparti pour appeler le 115 toute la journée. Ça nous fatigue ».

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coiffure et bien-être pour les femmes en précarité à La Casèla
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Brushing, coloration, nouvelle coupe et même épilation des sourcils. Anahite est aux petits soins pour les femmes qui fréquentent La Casèla. Chaque mercredi, cette ancienne coiffeuse, originaire d’Arménie, propose ses services dans une petite cabine, aménagée au sous-sol de l’accueil non-mixte.

Un moment de relaxation pour des femmes qui n’ont pas les moyens ni le temps de prendre soin d’elles. « Avec les enfants, je me suis oubliée », confie Nathalie, une mère isolée. Installée dans le fauteuil de coiffure, face à un grand miroir, elle se sent comme une « VIP ».
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apprentissage du français à l'accueil de jour La Casèla à Toulouse
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Parmi les femmes qui visitent La Casèla, un grand nombre viennent d’un pays étranger. Apprendre le français faisait donc partie des demandes prioritaires formulées par les personnes accueillies. Ainsi, un apprentissage de la langue française est proposé deux fois par semaine dans cet accueil de jour. Pendant que les mères de famille suivent des cours de Français Langue Étrangère (FLE), leurs enfants peuvent s’amuser dans l’espace jeu, sous la surveillance de bénévoles.

Arame, une Sénégalaise qui élève seule ses trois enfants, estime avoir gagné en autonomie grâce à ces cours. Elle raconte : « Quand je suis arrivée, je ne parlais pas un mot. Maintenant, j’arrive à me faire comprendre ».
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un accompagnement individuel pour l'accès aux droits
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À La Casèla, les personnes accueillies peuvent aussi bénéficier d’un accompagnement individuel. « On s’assure d’abord que les personnes ont un référent social et si ce n’est pas le cas on les met en lien avec un travailleur social, explique Pascale, la bénévole responsable de La Casèla. On vient aussi en relais du travail des assistantes sociales qui sont souvent débordées et n’ont pas le temps ou les moyens d’aider les personnes à remplir des formulaires administratifs. »

Elle ajoute : « Pour des demandes ou des situations particulières, comme dans le cas de victimes de violence, on oriente les personnes vers d’autres équipes du Secours Catholique ou des associations spécialisées ». Un poste informatique, installé à l’entrée, est également en accès libre pour entreprendre des démarches administratives, une recherche d’emploi ou consulter internet.
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Un petit-déjeuner copieux est servi dans l'accueil de jour La Casèla à Toulouse
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Les tranches de pain sont grillées, les œufs bouillis, le café servi chaud et, souvent, le plateau est garni d’un bol de soupe ou d’une part de tarte salée faite maison. Chaque matin, un petit-déjeuner copieux est servi aux personnes accueillies. « Certaines n’ont pas pu dîner la veille ou ne prendront pas de déjeuner après c’est pourquoi on s’assure de leur servir un repas complet », précise Pascale, la responsable.

De l’autre côté du comptoir, au service, on croise des personnes accueillies. Leïla, une jeune femme de 28 ans originaire de la Côte d’Ivoire, en fait partie : « Je suis d’abord venue ici prendre mon petit-déjeuner. J’ai décidé ensuite de rejoindre l’équipe des bénévoles pour connaître du monde et me rendre utile ».
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La Casèla, un refuge pour les femmes en précarité à Toulouse
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La Casèla a d’abord été pensé comme un espace de repos pour des femmes à la rue, loin du bruit et du froid, ou celles logées dans une chambre étroite dans un hôtel social. Dans le salon cosy de La Casèla, entre les piles de livres, de magazines et de jeux de société, les personnes accueillies retrouvent un peu de la chaleur d’un cocon familial. « On se sent presque comme à la maison », confie ainsi Samia, logée par le 115.

Assise à une table, Hakima, une mère isolée algérienne, hébergée par le Samu social, acquiesce : « Il m’arrive de passer la journée entière ici. On passe la journée au calme, avec des personnes qui vivent la même chose que nous. Et mon fils a aussi un grand espace où jouer ».
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Nom(s)
Djamila Ould Khettab
Fonction(s)
Journaliste
Nom(s)
Éléonore Henry de Frahan
Fonction(s)
Photographe
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