À la crèche de la diversité

Thématique(s)
Chapô
Des crèches à mixité sociale où des enfants d’origines diverses se croisent, avec un accompagnement privilégié à la parentalité : voici le mode de garde original des tout-petits porté par l’ACSC, l’Association des cités du Secours Catholique. Exemple avec la crèche des Trois Petits Chaudrons, à Toulouse, qui fête ses 11 ans.
Paragraphes de contenu
Texte

« Coccinelle, demoiselle, bête à bon Dieu » : c’est l’heure des chansons pour les enfants de la crèche des Trois Petits Chaudrons. Laure, auxiliaire de puériculture, enchaîne comptines et chansonnettes avec les moyens et les grands : « Pour moi, cette crèche donne une sécurité affective à des enfants qui ont parfois des difficultés de vie, et elle offre une égalité des chances dès le plus jeune âge. »

Pour cause, sur les 25 berceaux de la crèche, près de 45 % des familles sont en situation de précarité. 10 places sont en effet réservées à des familles hébergées par l’ACSC (dans des structures type maisons relais), par des associations partenaires (Olympe de Gouges, le foyer du May, et le Gîte de l’écluse), ou encore à des familles orientées par la Protection maternelle infantile (PMI).

Les autres places vont aux familles du quartier, ce qui n’exclut pas une certaine précarité, même si la crèche est située en plein cœur de Toulouse. Magalie travaille au Gîte de l’écluse : « C’est difficile pour ces familles d’avoir une place en crèche ailleurs, vu leurs faibles ressources. Les Trois Petits Chaudrons offrent un lieu d’accueil stable aux enfants en dehors de la cellule familiale. »Les tarifs sont échelonnés selon les revenus et vont de 0,41 à 2,92 € de l’heure. La CAF et la mairie soutiennent le projet. Céline, habitante du quartier, est maman de Léo, sourd de naissance : « L’environnement est familial, vu le petit nombre de places, et c’est toujours un enrichissement culturel d’être avec des gens d’horizons différents. »

Crèche ACSC

Ce mercredi-là, dans la cour qui jouxte la crèche, est ouvert l’espace mosaïque : ici, les parents – souvent les mamans – sont les bienvenus avec leurs enfants, soit autour d’un petit déjeuner, pour échanger, soit autour d’un atelier (musique, contes, cuisine…). Magalie, dont le deuxième est pourtant désormais à l’école, est présente au petit déjeuner. Elle prend plaisir à échanger avec les autres mamans : « On discute allaitement, dodo, propreté, et c’est enrichissant de se rendre compte que d’autres ont les mêmes problématiques. »

Houda, maman de Zinedine et actuellement hébergée par l’ACSC, cherche justement un appartement. Avoir cette place en crèche l’aide : « J’aime observer mon fils avec les autres enfants au cours des ateliers, et je me sens accompagnée dans ma vie de parent : ici, ils m’ont appris à me séparer de mon fils. Il est plus autonome et épanoui maintenant. » « Pour beaucoup de mamans en difficulté, souvent seules, leur enfant, c’est tout. On les rassure. Il faut qu’elles soient convaincues que c’est bien pour elles. On leur explique que si elles disent non à leur enfant, il ne va pas ne pas les aimer pour autant », témoigne la directrice.

L’accompagnement à la parentalité se fait par les échanges d’expériences. Les mamans s’aperçoivent que c’est pareil ailleurs et gagnent confiance en elles.


Ce matin-là, place à l’atelier de relaxation. Les parents des associations partenaires sont les bienvenus, même si leurs enfants ne sont pas à la crèche. Khadija participe avec sa fille Cyrine : « C’est un moment privilégié avec ma fille. Ça me change du quotidien. » Magalie, de l’association Gîte de l’écluse, renchérit : « Ici, elles sont juste mamans, peu importe d’où elles viennent. Elles ont le droit de souffler. » « La crèche et l’espace mosaïque sont des lieux pour apprendre à vivre ensemble dans la différence culturelle et sociale », conclut Sandra, éducatrice de jeunes enfants.

« C’est même plus que ça, l’interrompt Rachel. C’est s’enrichir de cette diversité. »  « Les ateliers sont surtout des supports pour créer du lien entre parents. L’accompagnement à la parentalité se fait par les échanges d’expériences. Les mamans s’aperçoivent que c’est pareil ailleurs et gagnent confiance en elles », analyse Rachel, éducatrice de jeunes enfants.

« L’épanouissement et le sourire qui reviennent chez le parent se répercutent sur son enfant », poursuit Anne, directrice de la crèche. Et de citer le cas d’une maman d’origine marocaine qui craignait de laisser sa fille et qui a gagné en confiance avec le temps. Elle a ainsi pu reprendre des cours de français et a même suivi une formation. « La crèche, en permettant aux parents de s’occuper en dehors, est aussi un tremplin vers l’insertion », explique Anne.

Crédits
Nom(s)
Cécile Leclerc-Laurent
Fonction(s)
Journaliste rédactrice
Nom(s)
Élodie Perriot
Fonction(s)
Photographe
Pour rester informé(e)
je m'abonne à la newsletter