À « Label épicerie », on construit un nouveau modèle de solidarité

Chapô
Depuis quelques années, émergent en France des lieux conviviaux organisés autour d’épiceries solidaires. Alternatives à une aide alimentaire souvent mal adaptée, ces nouveaux magasins proposent aux personnes financièrement fragiles des denrées variées et de bonne qualité, à un prix modéré. Ils leur offrent aussi la possibilité de s’investir dans la gestion du lieu. Comme à Coudekerque-Branche (Nord) où vient d’ouvrir « Label épicerie ».
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Drôle d’endroit pour remplir son cabas. L’église Saint-Pierre de Coudekerque-Branche, ville accolée à Dunkerque (Nord), abrite, entre ses murs de briques rouges et de verrières, une alimentation solidaire et collaborative baptisée « Label épicerie ».

À l’origine de ce lieu de rencontre : la « Petite pierre », collectif de six associations, dont le Secours Catholique de Dunkerque, qui, après plusieurs années de réflexion, est entré dans le vif du sujet. Inaugurée en juin dernier, l’épicerie se rode depuis un an.

« Dans la zone, la population est pauvre, explique Stéphanie Ambellié, salariée, qui compare la faillite de Dunkerque à celle de Detroit, aux États-Unis. Dans le quartier, le chômage est élevé chez les 40-55 ans et le revenu médian est en dessous de la moyenne nationale. En 2017, six cents familles y étaient en demande d’aide alimentaire régulière. »

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« Label épicerie » prospecte et s’approvisionne auprès de petits producteurs. Les Jardins de Cocagne de l’Afeji (association de bienfaisance locale) fournissent les paniers de légumes et de fruits issus de l'agriculture biologique, le fournisseur de fromages se trouve dans le Jura et le producteur d’agrumes « bio » est sicilien. Ces petites entités sont devenues les partenaires économiques de « Label épicerie ». Les autres produits font l’objet de partenariats avec Biocoop ou le réseau des Relais verts, deux entreprises de l’économie sociale et solidaire (ESS).

 « Ces structures pourraient être qualifiées de “tiers-lieux”, une expression à la mode chez les intellos du social, rapporte Jean-François Dusseigneur, en charge des thématiques liées à l’alimentation et à l’économie sociale et solidaire au Secours Catholique. Que l’on soit riche ou pauvre, ces endroits sont ouverts à tous et chacun paie ses courses ou participe aux ateliers sans qu’on sache son niveau de vie. »

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 A Coudekerque-Branche, des ateliers tournent autour de la cuisine et de la couture. Un atelier de réparation mensuel (« Repair café ») se met en place et une bibliothèque est à l’étude. Et quelques adhérents ont pris possession d’un lopin de terre à l’arrière de l’édifice et cultivent des légumes qu’ils partagent.
 
« J’adore venir ici, dit Nathalie, agent de service en arrêt maladie et mère de cinq enfants. Les gens, l’ambiance, ça me fait du bien. J’ai mon panier toutes les semaines : fruits, légumes, yaourts, œufs, fromage. Financièrement, c’est dur. »

Céline, mère au foyer, ajoute : « Oui, dans le panier, il y a tout ce qu’il faut pour nourrir une famille pendant une semaine. Mais nous sommes surtout une bande de copines, ici et en dehors de l’épicerie. À Dunkerque, les bus sont gratuits. Quand je peux, je viens avec mes fils : le petit de 2 ans joue au coin enfant, les deux grands (6 et 9 ans) participent à l’atelier jardinage. J’y trouve une vie en dehors de chez moi. »

Crédits
Nom(s)
Jacques Duffaut
Fonction(s)
Journaliste
Nom(s)
Gaël Kerbaol
Fonction(s)
Photographe
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