À l’écoute les uns des autres
Anaïs, 28 ans, lit à voix haute le texte proposé ce soir de mai au groupe de partage d’Évangile du Secours Catholique de Brive (Corrèze). C’est un passage de l’Évangile de Luc, dans lequel le serviteur d’un centurion romain est guéri, alors qu’il était mourant. Il est l’occasion, pour François, diacre et animateur du groupe, d’inviter les participants à réfléchir sur l’espérance, thème choisi par l’Église catholique pour cette année de jubilé. « Mais je ne suis pas là pour faire un cours de catéchisme », précise-t-il.
Parmi la douzaine de participants, Nathalie et Christophe sont des habitués tandis que Marina et Maxime découvrent. La plupart connaissent ou ont connu la précarité. Anaïs vient pour la deuxième fois et se sent bien dans ce groupe, dont elle est la plus jeune. Elle veut rencontrer des gens, partager l’Évangile, se changer les idées.
Nous faisons en sorte que chacun puisse parler.
Au début de la séance, François énonce les règles : « Vous ne vous coupez pas la parole. Vous dites “je” et pas “on”. Nous faisons en sorte que chacun puisse parler. » Après une première lecture et un temps de silence, il invite les uns et les autres à identifier les personnages, les lieux et les actions. « J’ai repéré Jésus », murmure Anaïs. « Il aime notre nation », ajoute Maxime. « Il y a des soldats », poursuit Nathalie.
Après une deuxième lecture, les participants réfléchissent au sens du texte. Quand Maxime commence une phrase par “On”, Marina le pousse du coude et lui rappelle en souriant : « C’est “je” ! » Christophe préfère laisser parler les autres d’abord. Belkacem est stupéfait par les paroles du centurion, qui ne se considère pas digne d’accueillir Jésus sous son toit. « Vous vous rendez compte l’humilité ! » s’exclame-t-il. Hervé n’est pas certain d’avoir bien compris le sens du texte. « La personne n’est pas assez importante pour qu’il vienne chez lui ? » François approuve.
« Quelle espérance Jésus nous donne ? », demande le diacre en fin de séance. Hervé : « Quand on vit des agressions, il nous encourage à ne pas renvoyer la violence. C’est une belle lumière. » Maxime évoque sa rencontre avec “Nico”, qui faisait la manche sur le parvis de l’église où lui va prier. Chacun a raconté des fragments de sa vie à l’autre. Le jour suivant, Nico est entré dans l’église avec lui. « Depuis, il a trouvé un logement, un travail, un beau vélo ! » s’émerveille Maxime. « Est-ce que vous repartez avec de l’espérance ? » Plusieurs participants hochent vigoureusement la tête. Les nouveaux assurent qu’ils reviendront.