RDC : auprès des personnes touchées par le conflit dans le Sud-Kivu

À l’est de la République démocratique du Congo (RDC), la crise humanitaire s’aggrave depuis le début de l’année et l’intensification des affrontements entre le groupe rebelle M23/Alliance Fleuve Congo (AFC) et l’armée congolaise (FARDC), avec notamment la prise de Goma et de Bukavu par le M23. Dans la province du Sud-Kivu, plus de 300 000 ménages ont été contraints de quitter leur foyer, selon l'ONU.
Risque de famine
La plupart des déplacés vivent dans des abris de fortune qu’ils ont eux-mêmes construits à l’aide de bâche et de rameaux sur des parcelles mises à disposition par « des proches ou des familles accueillantes depuis que les camps de déplacés ont été démantelés par les groupes armés », précise Jean-Pierre Mastaki, responsable de projet à Caritas Développement Bukavu, partenaire du Secours Catholique. Il ajoute : « La situation reste alarmante. Les personnes déplacées manquent de tout. Il y a un grand problème d’accès à l’eau, aux soins et à la nourriture ». L’ONG alerte même sur un risque de famine. « Le conflit a eu des répercussions sur l’activité agricole. Des familles paysannes, prises en étau entre les différents groupes armés, n’ont pas pu exploiter leurs terres, explique le chef de projet. Il a été rapporté que trois personnes sont mortes de faim à Kalehe ».
L’insécurité persistante sur les routes reliant Bukavu aux villages limitrophes n’aide pas. Des check-points informels, tenus par les rebelles du M23/AFC ou les Wazalendos, des miliciens pro-gouvernementaux, encerclent la ville. « Ils peuvent demander jusqu’à 5 000 francs congolais (1,45 euros) pour autoriser le passage. Des personnes qui n’ont pas accepté ou n’ont pas pu payer cette somme ont été battues ou rackettées, précise Jean-Pierre Mastaki. On rapporte qu’une femme a perdu la vie dans l’un de ces points de passage car elle n’avait pas de quoi payer ».
Banques fermées
L’ONG s’engage auprès des civils touchés par le conflit. Dans les villages d’Ihoka, de Tchofi et Mwanda, des équipes locales ont proposé des produits de première nécessité, tels que des vivres ou des kits d’hygiène intime, notamment aux femmes en situation de précarité menstruelle, ainsi qu’une aide financière en liquide à plus de 1 800 ménages, confrontés à la fermeture des établissements bancaires et de microfinance. Ces fermetures ont entraîné une « hausse des prix », avance Jean-Pierre Mastaki. Sur les étals des marchés, le prix de certaines denrées alimentaires, comme la farine ou les haricots, a même triplé, affirme-t-il.