Sahel : l’agroécologie comme solution à la double crise écologique et sociale

Chapô
Depuis plus de quatre ans, les Caritas de six pays du Sahel en Afrique travaillent main dans la main dans un même but : améliorer la sécurité alimentaire des populations au moyen de l’agroécologie et de l’agriculture familiale. Ce programme interrégional leur permet d’apprendre les uns des autres et apporte par ailleurs une réponse à la crise environnementale.
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Texte
Une femme travaillant dans un champ, au Sénégal.
 Les femmes du secteur maraîcher de Touba Mouride, au Sénégal, ont été formées par Caritas Kaolack à l’agroécologie. 

«  J’ai toujours utilisé des engrais et des pesticides chimiques pour maximiser ma production sans arrière-pensées sur ma santé et sur les conséquences pour l’environnement, témoigne Issa Sani, un paysan du village de Badaguichiri, au Niger. Avec le programme de la Caritas, j’ai appris à fabriquer des fertilisants bio. Comme j’utilise moins les intrants chimiques j’ai réduit mes charges d’exploitation. J’ai compris que nous pouvons produire autrement sans nuire à notre santé et à l’environnement ».

Comme lui, quelques 170 000 paysans sont ainsi formés aux pratiques de l’agroécologie dans le cadre d’un programme interrégional dans la région du Sahel, désormais intégré au projet pluriannuel mené avec l’AFD pour atteindre une transition écologique juste. Depuis plusieurs années, les Caritas de Mauritanie, du Togo, du Niger, du Sénégal, du Burkina Faso et du Bénin, toutes partenaires du Secours Catholique, travaillent en effet ensemble pour promouvoir l’agroécologie paysanne comme un modèle de développement durable global. 

À l’origine du projet, cette question : comment améliorer la sécurité alimentaire des populations à l’heure des changements climatiques ? « Nous faisons face aux mêmes défis au Sahel : nous devons nourrir sainement une population croissante en cultivant sur des surfaces de plus en plus petites, pauvres et sujettes aux aléas climatiques (sécheresse notamment), explique frère Jules Tone, directeur de Carto, la Caritas togolaise. Et paradoxalement on observe une augmentation croissante des quantités d’intrants chimiques, ce qui réduit la fertilité des sols. Il s’est donc avéré urgent de s’appuyer sur la nature comme facteur de production en maintenant ses capacités de renouvellement ».

Augmentation des rendements

Ainsi les Caritas forment les paysans et les maraîchers aux pratiques agroécologiques : fabriquer des pesticides et fertilisants bio, utiliser des variétés adaptées, faire tourner les cultures pour permettre au sol de se ressourcer, etc. « Non seulement cela permet aux producteurs de réduire leurs charges d’exploitation car ils n’ont plus recours aux intrants chimiques, mais aussi ces pratiques accroissent leur production et améliorent leurs rendements », se félicite Abdoulaye Chafai, animateur terrain du programme agroécologie à la Caritas Niger (CADEV).

D’une part l’agroécologie est donc une réponse à la crise sociale en permettant d’améliorer la sécurité alimentaire ; d’autre part elle est bénéfique à l’environnement malmené par les changements climatiques. « En utilisant l’agroforesterie (NDLR : plantation d'arbres dans les cultures) on fixe le carbone et on freine ainsi l’avancée du désert. Les fertilisants organiques accroissent quant à eux le potentiel de production du sol. Enfin, la promotion du circuit court limite les émissions du carbone via le transport »,  analyse frère Jules Tone, de CARTO Togo.

L’objectif du programme interrégional est donc de favoriser les échanges de pratiques et de savoirs sur les moyens d’action à mettre en œuvre entre les Caritas des six pays concernés. « Mais le programme nous renforce aussi dans le plaidoyer que nous menons en faveur d’une transition agroécologique juste auprès des acteurs locaux. On échange ainsi sur nos stratégies », témoigne Abdoulaye Chafai, de la Caritas nigérienne. À terme, ce projet interrégional doit inspirer l’échange de pratiques entre partenaires du Secours Catholique au niveau mondial dans le cadre du programme mené avec l'AFD « vers une vision commune de la transition écologique juste ».

Crédits
Nom(s)
Cécile Leclerc-Laurent
Fonction(s)
Journaliste
Nom(s)
Elodie Perriot
Fonction(s)
Photographe
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