À Tours, un accompagnement vers le retour à l'emploi

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Le Secours Catholique de Tours accompagne les personnes vers l’insertion ou la réinsertion professionnelle. Le lieu propose des suivis sur le long terme pour reprendre confiance et retrouver le chemin de l’emploi.
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Au premier étage de la Maison Caritas de Tours, dans l’une des trois salles de rendez-vous de l’Accueil Emploi, Pierre*, 34 ans, se confie à Laurence, bénévole, qui l’écoute attentivement. Le trentenaire cherche un emploi dans la grande distribution, mais ses derniers entretiens se sont soldés par des refus. Cela fait plusieurs mois qu’il se rend à l’Accueil Emploi pour « trouver des solutions, explique-t-il. Ici, les bénévoles m’aident à écrire mes lettres de motivation et me donnent des conseils pour mes entretiens d’embauche. » Cette fois, Laurence propose à Pierre d’envoyer son CV à des agences d’intérim et lui indique comment postuler sur Internet. 

Depuis trois ans, l’Accueil Emploi propose des suivis personnalisés pour aider les personnes à s’insérer ou se réinsérer sur le marché du travail. Ce jour-là, Cyril, menuisier de 25 ans, se présente pour postuler à des offres d’emploi avec le soutien de Danièle, bénévole. De son côté, Abdoulaye, aide-soignant de 20 ans, vient d’arriver en France et aimerait trouver une formation d’infirmier… Deux fois par semaine, une dizaine de personnes poussent la porte du lieu pour obtenir les conseils des bénévoles. « Nous écoutons leur projet et leurs difficultés : le but de ces suivis est de faire en sorte que les personnes se réapproprient leurs compétences et reprennent confiance », résume Claudine, ancienne dirigeante d’une entreprise de conseil en orientation.

Je me sens de nouveau comme un être humain.

 

L’accueil tourangeau reçoit des demandeurs d’emploi en situation régulière, mais aussi des personnes étrangères sans autorisation de travail. « Nous orientons ces personnes non régularisées vers le bénévolat ou des emplois de services chez les particuliers rémunérés en CESU**, poursuit Claudine. C’est un plus pour elles : ces travaux leur apportent des fiches de paie qu’elles pourront faire valoir lors de leur demande de régularisation. Et cela leur permet de ne pas perdre le moral. »

Fewzia et Danièle échangent des sourires chaleureux. « Elle est comme une deuxième famille », confie la première. Lorsqu’elle est arrivée d’Algérie en 2016 pour rejoindre son mari malade, Fewzia, 59 ans, se souvient qu’elle ne connaissait « rien à la France. Puis j’ai rencontré Danièle qui m’a aidée dans mes démarches et m’a fait découvrir les CESU : j’ai fait le ménage chez des particuliers pendant plusieurs mois », relate-t-elle. En avril dernier, Fewzia a finalement obtenu son titre de séjour. Elle est désormais employée comme agent d’entretien en CDI, mais souhaiterait changer de travail. « À mon âge c’est difficile », confie celle qui était ingénieure en génie civil dans son pays natal. « On va essayer de te trouver quelque chose qui te convient mieux », réagit Danièle. Et Fewzia de conclure : « Maintenant que j’ai mes papiers et un boulot, je me sens de nouveau comme un être humain. »

*Le prénom a été modifié

**Le Chèque Emploi Service Universel (CESU) permet à un employeur particulier de demander des services à la personne et de déclarer la rémunération

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Ariane est en entretien avec Claudine
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Si le bénévolat ou les emplois en CESU rendent l’attente de la régularisation un peu moins longue pour les personnes sans papiers, nombreuses sont celles qui aimeraient travailler davantage. Originaire du Cameroun, Ariane concilie son bénévolat au Secours Catholique avec son emploi d’auxiliaire de vie en CESU. « Cela me fait du bien de travailler car cela me redonne confiance, confie-t-elle. Mais ce n’est pas assez. » Les quelques CESU qu’elle a trouvé ne l’occupent que 9 heures par semaine. « J’ai la force de travailler, assure Ariane. C’est frustrant de ne pas pouvoir en faire plus. »
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Une bénévole montre des entreprises à contacter
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Bien souvent, les emplois CESU ne correspondent pas au niveau d’étude des personnes diplômées. Doumia* est arrivée d’Algérie il y a un an avec ses 4 enfants, afin de faire soigner son cadet atteint d’une maladie rare. La famille vit dans un hébergement d’urgence. « Dans mon pays, j’avais commencé à préparer mon doctorat », confie la maman, les larmes aux yeux. Spécialisée en intelligence artificielle, elle se rend à l’Accueil Emploi depuis un mois. « Nous l’aidons dans sa recherche de CESU, explique Claudine. Sans autorisation de travail, c’est la seule chose à faire : il ne faut pas perdre espoir ! » lui lance la bénévole. « Merci infiniment », lui glisse Doumia.
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Claudine conseille Abdoulaye
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D’origine guinéenne, Abdoulaye, 20 ans, possède un diplôme d’aide-soignant. Il aimerait poursuivre sa formation pour devenir infirmier, « mais sans titre de séjour c’est impossible », explique-t-il. Il se rend à l’Accueil Emploi dans l’espoir de trouver une promesse d’embauche dans un EHPAD, ce qui faciliterait sa demande de régularisation. « Si je suis ici, c’est pour travailler, affirme-t-il. Je ne veux pas rester sans rien faire. »
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Nom(s)
Dimitri Partouche
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Journaliste rédacteur
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Steven Wassenaar
Fonction(s)
Photographe
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