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Climat : pourquoi s'engager?

Climat : pourquoi s'engager?

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Insécurité alimentaire
Migrations
Financement
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Accroissement de l'insécurité alimentaire et migrations : voici deux des conséquences du dérèglement climatique. Le Secours Catholique s'engage et promeut un financement juste et équitable.
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Garantir la sécurité alimentaire, limiter les migrations provoquées par le dérèglement du climat, s’assurer d’un financement juste et équitable pour y faire face : trois bonnes raisons pour le Secours Catholique-Caritas France de s’engager dans la lutte contre les changements climatiques.

« Le changement climatique menace grandement et de plus en plus les progrès en matière de développement. Il pourrait compromettre les efforts déployés à travers le monde pour éliminer l’extrême pauvreté », alerte la Banque mondiale dans un rapport daté de novembre 2014. « Le réchauffement climatique est déjà une réalité », confirme Émilie Johann, responsable du plaidoyer international au Secours Catholique-Caritas France.

Le changement climatique exacerbe la pauvreté et les inégalités.


La crise climatique menace en effet la sécurité alimentaire et pousse des millions de personnes à quitter leurs terres. Alors que se prépare la COP 21 qui se tiendra du 30 novembre au 11 décembre 2015, à Paris, le Secours Catholique déplore l’absence d’engagements financiers publics en matière de climat. Pour toutes ces raisons, l'association et ses partenaires plaident activement pour une justice climatique et s’efforcent d’agir auprès des négociateurs de la COP 21.

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Le climat menace la sécurité alimentaire

Dans les pays des partenaires du Secours Catholique-Caritas France, les conséquences des changements climatiques ne sont pas une chimère mais bien une réalité avec laquelle ils doivent composer.

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En République démocratique du Congo,le déréglement climatique affecte les récoltes.
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En République démocratique du Congo,le déréglement climatique affecte les récoltes.
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« Avec la hausse des températures, de nouvelles maladies apparaissent au Pérou tant chez les personnes que dans les cultures agricoles comme le maïs », alerte Olinda Campos, secrétaire générale de Caritas Huancayo.

« Alors que le mois d’avril est habituellement un mois pluvieux dans la région de Kinshasa en République démocratique du Congo (RDC), nous n’avons connu cette année que très peu de précipitations. Le calendrier agricole a subi un choc terrible », témoigne Claude Mbu Mubel, directeur de la Caritas diocésaine.

« La montée du niveau de la mer provoque l’infiltration d’eau salée dans les terres au Bangladesh et affecte la production agricole », déplore Mgr Theotonius Gomes, président de la Caritas nationale.

Amérique latine, Afrique, Asie… les changements climatiques n’épargnent aucun continent, entraînant des conséquences désastreuses sur l’alimentation des populations.

Le dérèglement climatique est l’une des causes structurelles de l’insécurité alimentaire.


« Les personnes qui en subissent le plus fort impact sont celles qui contribuent le moins à ces changements climatiques. Ce sont essentiellement des petits paysans, principaux producteurs d’alimentation dans le monde mais qui paradoxalement souffrent le plus de la faim », analyse Émilie Johann, responsable du plaidoyer international au Secours Catholique.

Dégradation des terres

Dans de nombreux pays, le dérèglement climatique se traduit par une baisse de la fertilité des sols, d’où une chûte de la production agricole et ses conséquences sur l’alimentation. En RDC ou encore à Madagascar, des vents violents et des pluies diluviennes provoquent l’érosion des sols et rendent la terre incultivable. Sur la Grande Île, les températures extrêmes provoquent des sécheresses dans le sud, entretenant la famine récurrente qui sévit dans le pays.

Paradoxalement, le pays doit faire face à la sécheresse et en même temps à des inondations.


Quant au Burkina Faso, il voit ses points d’eau se tarir de plus en plus tôt dans l’année et sa nappe phréatique se réduire. Paradoxalement, le pays doit faire face à la sécheresse et en même temps à des inondations. « En mars dernier, alors que les retenues d’eau étaient déjà taries et que les populations travaillaient malgré tout au maraîchage, une pluie inattendue et brutale a balayé le nord de la province de Kouritenga et inondé les cultures maraîchères », témoigne Joseph Pouyan de la Caritas Koupéla, située à l’est du pays.

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Incertitude

Le caractère imprévisible de la météo est la conséquence la plus néfaste du dérèglement climatique pour l’agriculture, avec laquelle doivent composer la majorité des pays du Sud. À Madagascar, la période des pluies varie désormais d’une année à l’autre. « Il est devenu de plus en plus difficile de planifier les cultures. Le calendrier agricole en est gravement perturbé », signale Charles Rakontodranaivo de la Caritas diocésaine d'Antsirabe, au centre de l’île. « Les agriculteurs peuvent de moins en moins se fier au calendrier en raison de l’irrégularité des pluies, en particulier pour la culture du riz », confirme le Bangladais Mgr Theotonius Gomes.

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Les terres sont immergéesau Vietnam
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Les terres sont immergéesau Vietnam
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Olinda Campos observe elle aussi ce phénomène au Pérou : « Cela met en danger la sécurité alimentaire de la population », constate-t-elle. « Les aléas climatiques entraînent un affaiblissement de la production et la diminution de l’approvisionnement des grands centres urbains en denrées alimentaires », signale pour sa part Claude Mbu Mubel, de RDC. Les prix flambent très vite et rendent quasi impossible l’accès à des produits de qualité pour les populations les plus pauvres, ce qui accélère leur insécurité alimentaire.

Des projets pour s’adapter et lutter contre ces phénomènes

Face à cette réalité, les partenaires du Secours Catholique développent des programmes pour aider les populations à s’adapter aux conséquences du changement climatique et pour lutter contre ce phénomène. Ainsi, la Caritas diocésaine d’Antsirabe à Madagascar encourage le reboisement de la région et dispense des programmes d’éducation à l’environnement.

Caritas Huancayo met en place, entre autres, dans cette région centrale du Pérou des serres familiales pour produire des fruits et des légumes et elle a mis au point un engrais organique moins polluant pour les sols et l’environnement.

L’agroforesterie pour contribuer à limiter le dérèglement climatique.


Au Bangladesh, Caritas aide à la construction de digues afin de limiter l’infiltration d’eau salée dans les terres et distribue des variétés de riz résistantes à la salinité. Caritas Kinshasa, quant à elle, encourage la promotion de l’agroforesterie pour contribuer à limiter le dérèglement climatique. Enfin, au Burkina Faso, le partenaire sensibilise les communautés aux conséquences du changement climatique et les forme, par exemple, à des techniques de restauration des sols.

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Le Burkina Fasovoit ses points d’eau se tarir de plus en plus tôt dans l’année.
Le Burkina Fasovoit ses points d’eau se tarir de plus en plus tôt dans l’année.
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Effets sur les migrations : les populations quittent leurs terres

Les changements climatiques provoquent le déplacement de millions de personnes. La dégradation des terres, le tarissement précoce des points d’eau, les pluies erratiques et la sécheresse poussent les populations à migrer de manière permanente ou temporaire.

Au Niger, au Bangladesh ou encore au Guatemala, ces mouvements de population sont déjà une réalité, comme nous le rapportent nos partenaires. « De nombreux jeunes quittent les zones rurales du Niger pour les grands centres urbains », témoigne Raymond Yoro, secrétaire général de la Caritas nationale, Cadev.

Exemple avec le Bangladesh, l'un des pays les plus vulnérables au changement climatique. Les conséquences de ce déréglement poussent des milliers de personnes à quitter leur terre d'origine pour s'entasser dans des bidonvilles dans les grandes villes.

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Le Bangladesh est l’un des pays les plus vulnérables au changement climatique. Des milliers de personnes quittent leur terre pour rejoindre les villes où ils s’entassent dans des bidonvilles et gagner quelques roupies qu’ils envoient à leur famille.
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Le Bangladesh est l’un des pays les plus vulnérables au changement climatique. Des milliers de personnes quittent leur terre pour rejoindre les villes où ils s’entassent dans des bidonvilles et gagner quelques roupies qu’ils envoient à leur famille.
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Crédits photos: © Gaël Kerbaol/Secours Catholique
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Entre la mer et les bassins d’élevage de crevettes, la digue est le seul lopin de terre où il encore possible de construire sa maison.  Bravant inlassablement les attaques de la mer, les 350 habitants de Lebubunia la reconstruisent régulièrement.
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Entre la mer et les bassins d’élevage de crevettes, la digue est le seul lopin de terre où il encore possible de construire sa maison. Bravant inlassablement les attaques de la mer, les 350 habitants de Lebubunia la reconstruisent régulièrement.
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Le seul point d’eau potable de Lebubunia est accessible uniquement à marée basse. Cette pompe est le dernier témoin de l’endroit où se situait le village avant que la mer n’ait eu raison de lui.
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Le seul point d’eau potable de Lebubunia est accessible uniquement à marée basse. Cette pompe est le dernier témoin de l’endroit où se situait le village avant que la mer n’ait eu raison de lui.
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A Satkhira, le long de la frontière indienne, la communauté villageoise soutenue par Caritas Bangladesh a creusé une réserve, fournissant une eau saine à tous les habitants.
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A Satkhira, le long de la frontière indienne, la communauté villageoise soutenue par Caritas Bangladesh a creusé une réserve, fournissant une eau saine à tous les habitants.
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La douve creusée grâce à l’aide de la Caritas locale, permet de réduire la salinité de l’eau et offre à Sajida Khatun la possibilité d’améliorer sa récolte en mettant en place un système de fertilisant organique.
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La douve creusée grâce à l’aide de la Caritas locale, permet de réduire la salinité de l’eau et offre à Sajida Khatun la possibilité d’améliorer sa récolte en mettant en place un système de fertilisant organique.
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Caritas Bangladesh forme des volontaires à la prévention des risques naturels. Leur rôle est d’informer les villageois en cas de danger imminent.  Dans l’urgence,  ils font le tour du village pour avertir et aider les populations à se mettre à l’abri
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Caritas Bangladesh forme des volontaires à la prévention des risques naturels. Leur rôle est d’informer les villageois en cas de danger imminent. Dans l’urgence, ils font le tour du village pour avertir et aider les populations à se mettre à l’abri.
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Caritas Bangladesh et les habitants des 5 villages alentour ont creusé un canal pour récolter l’eau de pluie afin d’y développer la pêche. Matin et soir, Ali Soubeo est à pied d’oeuvre.
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Caritas Bangladesh et les habitants des 5 villages alentour ont creusé un canal pour récolter l’eau de pluie afin d’y développer la pêche. Matin et soir, Ali Soubeo est à pied d’oeuvre.
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Caritas Bangladesh accompagne les paysans dans leurs démarches juridiques face aux grandes entreprises d’élevage de crevettes qui confisquent les terres des petits paysans. Une fois justice rendue, une douzaine de familles y ont construit leur maison
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Caritas Bangladesh accompagne les paysans dans leurs démarches juridiques face aux grandes entreprises d’élevage de crevettes qui confisquent les terres des petits paysans. Une fois justice rendue, une douzaine de familles y ont construit leur maison.
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Sufia et son mari, parents de 3 enfants, ont dû quitter leur village de Betagi après le passage du cyclone Sidr en 2007 où la vie était devenue impossible. Ils se sont installés dans le bidonville de Refugee Colony Road.
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Sufia et son mari, parents de 3 enfants, ont dû quitter leur village de Betagi après le passage du cyclone Sidr en 2007 où la vie était devenue impossible. Ils se sont installés dans le bidonville de Refugee Colony Road.
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Abdul Hossan a dû arrêter son activité de docker quand l’ensablement du port a empêché la venue des porte-conteneurs. Il se lance dans l’élevage de crevettes mais le cyclone Sidr ravage ses bassins. Ses deux fils partis à Dhaka lui envoient 60 € par
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Abdul Hossan a dû arrêter son activité de docker quand l’ensablement du port a empêché la venue des porte-conteneurs. Il se lance dans l’élevage de crevettes mais le cyclone Sidr ravage ses bassins. Ses deux fils partis à Dhaka lui envoient 60 € par mois.
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Abdul Salam Hossan, 24 ans est l’un des fils de Abdul Hossan. Suite aux passages des cyclones Sidr en 2007 et Aïla en 2009, il arrête ses études, part à Dhaka et trouve un travail de vigile dans un centre commercial pour soutenir sa famille.
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Abdul Salam Hossan, 24 ans est l’un des fils de Abdul Hossan. Suite aux passages des cyclones Sidr en 2007 et Aïla en 2009, il arrête ses études, part à Dhaka et trouve un travail de vigile dans un centre commercial pour soutenir sa famille.
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Après le cyclone Aïla de  2009, Mosammad Rokeya Sultana, son mari et ses deux filles quittent leur région de Koyra pour s’installer dans le bidonville du village de Labonchora. Elle et ses enfants souffrent de malnutrition, malgré l'aide de la
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Après le cyclone Aïla de 2009, Mosammad Rokeya Sultana, son mari et ses deux filles quittent leur région de Koyra pour s’installer dans le bidonville du village de Labonchora. Elle et ses enfants souffrent de malnutrition, malgré l'aide de la Caritas.
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Crédits photos: © Gaël Kerbaol/Secours Catholique
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« En 2009, le cyclone a cassé la digue, nous avons eu de l’eau jusqu’au cou. Je me suis accrochée à un bout de bois pour sauver ma vie ». Depuis, Ramecha Begum et sa famille se sont installés dans le bidonville « 31 Ward ».
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« En 2009, le cyclone a cassé la digue, nous avons eu de l’eau jusqu’au cou. Je me suis accrochée à un bout de bois pour sauver ma vie ». Depuis, Ramecha Begum et sa famille se sont installés dans le bidonville « 31 Ward ».
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« Je suis venue à Khulna après Aïla. Avant je travaillais dans une ferme de crevettes». Jorna Begum, 35 ans, vit maintenant dans le bidonville du 31 Ward, avec ses deux fils. Elle trie les déchets et les revend mais ça ne suffit pas.
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« Je suis venue à Khulna après Aïla. Avant je travaillais dans une ferme de crevettes». Jorna Begum, 35 ans, vit maintenant dans le bidonville du 31 Ward, avec ses deux fils. Elle trie les déchets et les revend mais ça ne suffit pas.
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D’après l’Organisation internationale pour les migrations, il y aura 200 millions de migrants environnementaux à l’horizon 2050.

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La question épineuse du financement

En 2009, à l’issue de la Conférence des Nations unies sur les changements climatiques à Copenhague, les pays industrialisés se sont fixé pour objectif de mobiliser 100 milliards de dollars par an d’ici 2020, notamment à travers le Fonds vert.

Ces financements doivent permettre aux pays en développement de renforcer leur capacité de résistance aux changements climatiques, de limiter leurs émissions de gaz à effet de serre et de soutenir leur passage à un développement durable.

Six ans plus tard, ces engagements sont loin d’être tenus.


« Or, aujourd'hui, moins de 20 milliards de financement public ont été mobilisés. » constate Romain Benicchio, chargé de plaidoyer à Oxfam International, association partenaire du Secours Catholique au sein du réseau Action climat (Rac).

Si les engagements de chaque pays en terme de réduction des émissions de gaz à effet de serre commencent à peine à se dessiner pour la 21ème Conférence des Nations unies sur le climat (COP 21) qui aura lieu à Paris en décembre, la question du financement reste incertaine et sera un point d’achoppement fort de la conférence.

L’absence d’engagements financiers publics en matière de climat se retrouve aussi dans les négociations sur le développement : « Les pays développés souhaitent que le secteur privé prenne sa part de responsabilité, explique Grégoire Niaudet, chargé de plaidoyer au Secours Catholique. Ne pouvant pas l’obliger à participer, tout est fait pour créer un environnement favorable aux affaires. Ainsi des services d’intérêt général tel que la santé ou encore le logement social deviennent commercialisables. »

L’enjeu est de taille : convaincre les entreprises de changer leur business model pour servir les intérêts du développement durable et limiter la financiarisation des mécanismes de financement.

Par ailleurs, seuls 30 % des fonds versés par les pays développés pour aider ceux du Sud à faire face à la question climatique venaient s’ajouter à l’aide au développement lors de la première période d’engagement financier (2010-2012).

« Pour ne regarder que l’exemple français, on constate ces cinq dernières années une baisse de l’aide au développement face à une hausse des financements “climat” », explique Romain Benicchio.

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Crédits photos : © Gaël Kerbaol / Secours Catholique et © Élodie Perriot / Secours Catholique
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