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Marie et les trois Thérèse

Femmes âgées au bord de l'isolement

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15 minutes
Rhône
Chapô
À Saint-Symphorien-sur-Coise, au cœur des monts du Lyonnais, vieillesse et isolement vont souvent de pair. Des femmes d’agriculteurs, aujourd’hui seules, souffrent de solitude. Pour briser l’isolement du quotidien, certaines d’entre elles se rassemblent autour d’un déjeuner ou d’un jeu de société. Rencontre.
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Pour se rendre chez Marie, il faut grimper ou descendre raide, c’est selon et c’est le lot de tous à Saint-Symphorien. Arrivé au pied de son petit immeuble HLM accroché à la pente, on a la surprise de devoir appuyer sur – 4 dans l'ascenseur qui nous mène à son appartement. Quand Marie ouvre sa porte, elle a d’ailleurs toujours un petit sourire en coin pour le nouveau visiteur dont l’étonnement du périple mené se lit encore sur le visage. Ce jour-là, des décorations de Noël ornent le mur de son grand couloir d’entrée. « Je n’ai pas beaucoup de visites, mais une fois par an je peux faire un effort de déco ! », lance la petite dame âgée de 80 ans. 

Des plantes grasses ornent le salon qui fait aussi office de salle à manger. « L’hiver, je suis obligée de les mettre près du radiateur, je n’ai pas assez de place ». L’appartement a beau être en contrebas de la route, la vue du balcon est imprenable. La petite ville médiévale de Saint-Symphorien-sur-Coise, à une quarantaine de kilomètres de Lyon et de Saint-Étienne, est construite sur les vestiges d’un château du Moyen-Âge. 

On aperçoit les maisons délaissées des tanneurs, ces ouvriers des métiers du cuir et du tissu, natifs ou venus de loin pour rejoindre la capitale des monts du Lyonnais. Les 3 800 habitants sont d’ailleurs dénommés les “Pelauds”, en référence aux “peleurs de peau” disparus depuis la fermeture de la dernière usine il y a vingt-cinq ans. Accoudée au balcon, Marie montre du doigt la route en lacet qui relie la plaine du Forez et la vallée du Rhône. Si “Saint-Sym” a été réputée pour sa situation géographique attractive durant des siècles, la ville reste loin des grandes agglomérations.

La petite ville médiévale de Saint-Symphorien-sur-Coise, à une quarantaine de kilomètres de Lyon et de Saint-Étienne, est construite sur les vestiges d’un château du Moyen-Âge. © Xavier Schwebel/Secours Catholique

« Femmes de »

Marie aurait bien troqué l’agriculture pour la tannerie, voire serait même partie carrément. Avant de rejoindre ce logement social en 2003, elle n’avait jamais quitté le village de Saint-Martin-en-Haut situé à une dizaine de kilomètres, dans les terres. Aînée d’une fratrie de huit enfants, elle naît en 1945 et grandit à la ferme. Son père agriculteur faisait principalement du beurre et du fromage qu’il revendait à Lyon, « ... en sachet. On appelait ça un cocotier, explique Marie. Je n’aimais pas ce métier :  j’avais peur des bêtes, je n'aimais pas la volaille et je détestais quand on tuait le cochon. » Lorsqu’elle évoque la récolte des pommes de terre, elle se sent encore transie : « C'était ma hantise. J’ai mis la main à la pâte très jeune, on ne nous demandait pas si ça nous plaisait, c’était la vie, il fallait aider. »

Quand elle évoque sa mère, son visage s’assombrit . « Elle n’avait pas de travail, elle donnait des coups de main à la ferme, s’occupait des enfants. Ma maman restait à la maison, et c’est ce qui m’est arrivé aussi. » Comme pour justifier les difficultés qu’elle a vécues, Marie ponctue ainsi ses phrases : « C’était comme ça à l’époque, vous savez. » Les douleurs de la vie se lisent sur son visage. Marie aurait voulu être couturière et « apprendre l’amitié », murmure-t-elle. Ça, elle le confie du bout des lèvres et les larmes aux yeux. Car elle n’a pas connu de transition entre son rôle de fille aînée et celui de femme mariée.

  Marie ne s’apitoie jamais sur son sort : «Les femmes d‘agriculteurs ne sont pas les plus malheureuses, ici. Les femmes de commerçants et d’artisans ne touchent que quelques centaines d’euros par mois. Mes belles-sœurs sont dans ce cas» © Xavier Schwebel/Secours Catholique

Je suis arrivée ici en piteux état. J’étais carrément à zéro

À 21 ans, elle passe d’une ferme à une autre, dans le même village, se marie avec un agriculteur avec qui elle aura 5 enfants dont un décédera. « Je suis restée au foyer. C'était une obligation, en quelque sorte. J’avais toujours cette envie d’avoir un métier, mais… non, ça ne se faisait pas. » Les années passant, Marie se retrouve dans un isolement total et sous l’emprise de son mari. « Autrefois, une femme qui était dans l'agriculture et qui avait de gros problèmes dans son ménage n'avait pas le droit de divorcer. Non. Elle subissait, c'est tout. »

À l’approche de ses 60 ans, ses filles la poussent à quitter la maison familiale. Une question de survie. « Elles m’ont conseillé de me rapprocher des commodités – médecins, commerces – de “Saint-Sym”. C'était mieux, même si je ne voulais pas. Je suis arrivée ici en piteux état. J’étais carrément à zéro », se souvient-elle. Elle doit alors commencer une nouvelle vie. « Je suis arrivée sans le sou car je n’avais pas de compte en banque, je n’avais jamais travaillé à l’extérieur, j’avais juste de quoi payer le loyer. » La soixantaine bien entamée, elle commence à faire des ménages, accompagnée par une assistante sociale. « J’étais bien comme ça ! Pour la première fois de ma vie, j’avais une ressource que je n’avais jamais eue avant. » 

Marie raconte sans sourire. Sa force de caractère contraste avec sa silhouette frêle et courbée. « Ça, ce n’était pas le plus dur », observe-t-elle. Le plus dur était de sortir de chez elle. « Je ne l’ai pas vécu comme une grande libération, car lorsqu’on n’a jamais appris à sortir seule, à être libre de ses mouvements, ce n’est pas facile. » C’est cela qui fait pleurer Marie. La détresse de l’isolement. Elle reste muette quelques minutes, à sécher ses larmes, car c’est bien ce qui l’a fait et la fait encore le plus souffrir. 

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Marie : « Une femme a besoin de son indépendance »
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Aujourd’hui, Marie touche une retraite “de base” de 733 euros, avec un petit complément de 200 euros pour avoir élevé quatre enfants. Mais cette femme au grand cœur ne s’apitoie jamais sur son sort : « Les femmes d‘agriculteurs ne sont pas les plus malheureuses, ici. Les femmes de commerçants et d’artisans ne touchent que quelques centaines d’euros par mois. Mes belles-sœurs sont dans ce cas », confie-t-elle.

Isolement et précarité

Grâce à son mari maçon, Thérèse, pour sa part, est propriétaire d’une petite maison. En levant haut les yeux dans la rue devant chez elle, elle aperçoit le balcon de Marie. Ici, la pente est encore plus raide pour se rendre dans le centre-ville. L’histoire familiale des deux femmes se ressemble : enfance dans une ferme, aînées d’une fratrie de six enfants. Pas de place non plus pour son rêve d’être couturière. À ceci près qu’à 15 ans, après son certificat d'études, Thérèse échappe au travail de la ferme et des moissons : elle est placée dans une famille pour s’occuper des cinq enfants.

 « C'était inenvisageable de partir faire des études et de travailler ! » dit-elle en riant, comme on se souviendrait d’un bon souvenir. C’est à cela que se raccroche Thérèse : ses souvenirs. À 85 ans, elle n’est presque jamais sortie de Saint-Symphorien-sur-Coise. Alors le bal avec les copains où on allait à pied et une visite à Lyon avec ses deux jeunes enfants restent gravés dans sa mémoire. Depuis la mort de son mari en 2006, Thérèse souffre de la solitude. « J’avais 67 ans. Je n’avais pas de voiture. Je ne voulais pas retourner à l’usine de meubles où j'avais travaillé à 34 ans, trois ans avant de me marier. C’était dur de reprendre le travail si tard. » Alors depuis, elle s’est retirée dans deux pièces de la maison. 

Thérèse peut passer des journées entières sans voir personne, juste les signes de mains des voisins qui lui disent bonjour lorsqu’elle est à sa fenêtre. © Xavier Schwebel/Secours Catholique

Dans le séjour, un grand lit côtoie la table et un téléviseur. Dans la pièce voisine, une cuisine spartiate. « Je ne chauffe qu’en bas, ça suffit », explique-t-elle en désignant un chauffage électrique. Le couloir où se trouvent la douche et les toilettes n’est pas chauffé, laissant l’humidité de la Coise, la rivière qui coule en contrebas, envahir la maison. Seules les photos, souvenirs des quarante-cinq ans passés dans cette maison, réchauffent un peu les lieux. 

Thérèse perçoit pourtant la retraite de son mari, 1 380 euros par mois. Elle n’en vit pas moins pauvrement. « J’ai été éduquée à ne rien dépenser. J’ai assez pour vivre mais je fais attention. » Elle fait ses courses à la supérette du village et au marché. « Parfois je m’octroie le plaisir de manger autre chose que des pommes de terre. Le dimanche, je m’offre de temps en temps un petit gâteau ! » Si elle ne se rend jamais au restaurant, ce n’est pas faute d’argent mais de compagnie. 

Thérèse n’a jamais vu la mer. Elle n’est jamais partie en vacances.

Thérèse peut passer des journées entières sans voir personne, juste les signes de mains des voisins qui lui disent bonjour lorsqu’elle est à sa fenêtre. Même aller au marché devient difficile : « J’aime pas bien, il y a trop de monde, j’ai peur de tomber. J’aime pas bien », répète-t-elle de sa voix fluette. Elle parle du corps qui change avec la vieillesse, de la lenteur et du manque de force. Dans les prochaines semaines, une aide-ménagère devrait venir l’épauler, le terme est bien choisi car ses épaules lui font mal lorsqu’elle enfile son manteau. 

Thérèse n’a jamais vu la mer. Elle n’est jamais partie en vacances. L’un de ses deux fils vient parfois la chercher pour faire un tour à Villeurbanne : « Mais je n’aime pas trop, je n’ai pas l’habitude, ça me fait peur de sortir de Saint-Sym », dit-elle. Alors quand Marie a décidé de réunir des femmes le mercredi pour briser l’isolement et la solitude, Thérèse n’a pas hésité : la salle paroissiale n’est pas très loin, ça lui fera une petite sortie.
 

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Thérèse : « J'étais toute seule à la mort de mon mari, alors... »
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Sortir, une épreuve

En ce mercredi froid d’octobre, Marie s’active : elle dispose sur la table une assiette de jambon blanc, une salade de pommes de terre au saucisson et aux lardons, une salade verte et du pâté en croûte. Un menu à l’image des industries de charcuterie, Olida hier, Cochonou aujourd’hui, qui ont remplacé celles de tissage et qui font vivre le territoire. « Le maire dit même que Saint-Sym est la capitale du cochon ! », déclare Marie qui a toujours le mot pour rire, malgré son air pince-sans-rire. « Mais nous, on préfère s’appeler “les bulles pelaudes”, à cause du passé industriel des tanneries ; parce qu’on est pétillantes et qu’on tchatche comme dans une bande dessinée ! » En compagnie d’autres personnes, Marie retrouve sa joie de vivre. Sous son impulsion, le groupe a vu le jour en novembre 2022. 

« J’ai eu la chance de prendre conscience que d’autres femmes devaient être dans la même situation que moi, seules chez elles et qu’elles aimeraient peut-être se retrouver autour d’une table pour discuter de tout et de rien, explique-t-elle. Nous sommes veuves ou séparées, avec une petite retraite et pas de permis de conduire. Beaucoup d’entre nous sont isolées dans leur vieillesse. Il fallait organiser quelque chose. » 

On s’entend bien toutes les deux, on se dit des conneries.

Sa rencontre avec le Secours Catholique en 2003, et en particulier avec l’animatrice de l’association Anne-Françoise Liotard, lui a permis d’évoquer le sujet lors de réunions, à Lyon, consacrées à la mobilisation citoyenne autour de sujets de société. « J’ai dit que la précarité des femmes en milieu rural me semblait importante et on a décidé de créer quelque chose ici », conclut-elle. 

Anne-Françoise, présente au déjeuner ce jour-là, témoigne de la nécessité d’un tel rendez-vous : « Aider ces femmes à rompre l’isolement, ça veut dire aussi mener une réflexion sur la mobilité et les outils nécessaires pour qu’elles arrivent à s’entraider. Marie est la colonne vertébrale de ce groupe, deux fois par semaine si ce n’est plus. »

Les vieilles dames arrivent au compte-gouttes, au rythme lent du grand âge. Elles parlent du froid glacial de la ville, des travaux de la rue d’en dessous, se demandent pourquoi le petit commerce est fermé aujourd’hui. Toutes vivent seules mais portent encore leur alliance. « Qu’est-ce qui t’as poussée à venir ici, toi, Thérèse ? » demande Marie. Les trois femmes assises devant elle se retournent. « On s’appelle toutes Thérèse », dit l’une d’elles, déclenchant un fou rire général. En fait, leur prénom est Marie-Thérèse, mais toutes préfèrent Thérèse. « Tu sais à la mort de mon mari, j’étais toute seule, je n'avais pas de copines », explique “Thérèse du milieu”. « Moi je viens pour te voir, Marie, on s’entend bien toutes les deux, on se dit des conneries! »  

« Ça m'apporte beaucoup de venir ici déjeuner et jouer. Parce que si je n’avais pas ça, je ferais quoi ? Si je reste toute la journée là, sans sortir, je deviens folle ! » © Xavier Schwebel/Secours Catholique

L’autre Thérèse n’est pas en reste pour dire des blagues. Un moyen de surmonter les souvenirs d’une vie difficile. Issue d’une famille de 15 enfants, elle se retrouve, alors qu’elle est adolescente, à l’Aide sociale à l’enfance. Usson-en-Forez, Grézieu, Pommeys, elle a parcouru les villages alentour dans de nombreuses familles d’accueil… « Depuis que je suis petite, je guenille, comme on dit en patois. Ça veut dire que j'ai toujours des problèmes. » Après le confinement lié au Covid 19, à 83 ans elle a choisi de se rapprocher du centre de Saint-Symphorien. 

« Ça m'apporte beaucoup de venir ici déjeuner et jouer. Parce que si je n’avais pas ça, je ferais quoi ? Si je reste toute la journée là, sans sortir, je deviens folle ! » Il y a bien le Club des aînés, mais ça ne lui plaît pas : « Il n’y a que des mémés », rigole-t-elle à nouveau. Comme Marie et ses copines, Thérèse a un enfant qui est présent. Hervé l'appelle tous les soirs. « J’ai eu des jumeaux qui m’ont été enlevés à la naissance, mais ils m’ont retrouvée trente ans après, il y a dix ans. L’un des deux est décédé l’année dernière. Heureusement que j’ai l’autre. » Aujourd’hui Thérèse est sous curatelle. « Le mercredi et le vendredi, explique-t-elle, une dame vient faire les courses avec moi, je ne sors seule que pour me balader un peu chaque jour. »  

Un travail au foyer non reconnu

Au bout de la table, André écoute attentivement les mamies. Il pourrait être leur fils. Il les regarde avec bienveillance. « Voilà la situation des femmes en milieu rural, lâche-t-il. Vous avez travaillé dans l’ombre d’un conjoint toute votre vie, et vous n’avez pas cotisé… » La veille de sa retraite, après une longue carrière de menuisier, André a cherché un sujet sur lequel s’engager. « Je ne peux pas vraiment vous dire ce qui m’a poussé à venir ici. Je me souviens juste de Marie, un dimanche à la messe, invitant les personnes seules à se rassembler le mercredi autour d’un déjeuner. » 

Pour lui, c’est un “appel”. « Sur les marchés je voyais des gens tout seuls, qui ne parlaient à personne. Dans mon village il y a beaucoup d’agriculteurs, des hommes aussi, qui vieillissent seuls. Je me suis dit que j’allais chercher des solutions pour briser ces solitudes destructrices. » André raconte avoir été très marqué par l’histoire de sa mère, veuve à 53 ans. « Sur le papier, elle n’a jamais travaillé. Mais élever huit enfants est le travail d’une vie, et quelle reconnaissance a-t-elle eue ? »

« Le mercredi et le vendredi, explique Thérèse, une dame vient faire les courses avec moi, je ne sors seule que pour me balader un peu chaque jour. » © Xavier Schwebel/Secours Catholique

Vieillir en famille

Alors André a fait ce qu’il savait faire : construire une maison à vocation solidaire pour aidants et aidés. À six kilomètres de Saint-Symphorien, à Larajasse, le chantier avance bien. « Il y aura deux appartements reliés par une pièce commune. Ce n’est pas médicalisé mais l’idée est de pouvoir vivre sa vieillesse en famille, à la campagne. » Tout a été pensé dans les moindres détails : l’isolation phonique, la place pour un fauteuil roulant, des portes qui séparent chaque espace… En construisant cette maison, le retraité a pensé à sa sœur âgée de 65 ans : « Il y a quinze ans, elle est tombée malade d’Alzheimer. 

Elle a travaillé un peu mais a surtout élevé trois enfants. Elle a une toute petite retraite. Quand la maladie s'installe, petit à petit, elle vient vous ronger. Comment va se passer sa vieillesse ? » Au milieu du chantier, André se met à pleurer. « Quand ces femmes qui se réunissent disent qu’elles n’ont pas travaillé, c’est faux ! C'est une grosse injustice. » À sa mère, à sa sœur, il aurait aimé offrir un tel logement.

Sans ce jardin, Marie dit qu’elle n’aurait pas survécu.

Marie ne pense pas quitter un jour son appartement. Elle a trouvé son équilibre grâce à un petit jardin. Depuis vingt-deux ans, elle se rend tous les jours sur sa parcelle de 200 mètres carrés qu’elle loue moyennant quelques euros par an. « Au début je suis allée aux Restos du cœur, mais j’ai vite réussi à cultiver tous mes légumes. Je fais des conserves, des confitures, et mes enfants me donnent de la viande. Ça va bien, comme ça. » 

Sans ce jardin, Marie dit qu’elle n’aurait pas survécu. « C’est un défoulement, un moment de ressourcement. Je n’entends plus rien, je vide ma tête… » En retirant les mauvaises herbes, elle déclare à la manière d’une conclusion : « J'ai toujours dit à mes filles puis mes sept petites-filles : prenez un métier et foutez le camp de la maison. Une femme a besoin de son indépendance. »

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Pour une société solidaire et inclusive

par Aurélie Mercier, Chargée de projets Solidarités familiales au Secours Catholique

L'isolement des personnes âgées constitue une réalité préoccupante de notre société. Facteur d'exclusion sociale, il fragilise les aînés, altère leur santé et leur qualité de vie. Les causes de cet isolement sont multiples : perte de mobilité, éloignement familial, deuil, précarité, manque d'accès aux services et aux transports... Autant de barrières qui rompent le lien social et enferment les personnes âgées dans une solitude pesante.

Face à cette situation, les bénévoles du Secours Catholique tissent des liens de proximité par des visites à domicile ou en maison de retraite, par des groupes conviviaux, des accompagnements à la mobilité et des séjours de vacances.

Par son plaidoyer, le Secours Catholique interpelle les pouvoirs publics et la société civile pour un meilleur accès aux soins, au logement et notamment au logement adapté, aux transports et aux loisirs, ainsi que pour un renforcement des dispositifs de lutte contre l'isolement. S’agissant de l’Aspa (allocation de solidarité aux personnes âgées), le Secours Catholique demande un accès facilité afin de lutter contre son taux record de non-recours. 

Une petite victoire de plaidoyer a été d’obtenir le couplage du versement de l’Aspa quand on l’obtient avec la complémentaire santé solidaire. Cela évite une démarche supplémentaire. Reste que les personnes âgées sont plus que d'autres confrontées au tout-numérique et à la disparition des services publics, en dépit du développement de France services.

L'enjeu est de taille : construire une société solidaire et inclusive, où chaque personne âgée se sente respectée, écoutée et intégrée. Le Secours Catholique appelle chacun à se mobiliser pour que la fraternité ne soit pas un vain mot, mais une réalité vécue au quotidien.
 

Crédits
Nom(s)
Clémentine Méténier
Fonction(s)
Rédactrice
Nom(s)
Xavier Schwebel
Fonction(s)
Photographe
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