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les migrants doivent traverser les montagnes dans le froid

Migration : avec ceux qui traversent les Alpes

Thématique(s)
Temps de lecture
15 minutes
Hautes-Alpes, Maroc, Afghanistan
Lundi 5 décembre 2022
Écouter le témoignage de Jalal
Mardi 6 décembre
Écouter le témoignage de Moustapha
Mercredi 7 décembre 
Jeudi 8 décembre
Épilogue
Chapô
Chaque jour, une vingtaine de personnes migrantes traversent la frontière italo-française entre Oulx et Briançon. Elles marchent à pied, seules, dans la neige et le froid l’hiver, sur des chemins de randonnée escarpés, la nuit. La montagne est dangereuse, la route de l’exil périlleuse, mais rien ne les arrête alors qu’elles sont en quête d’une vie meilleure. Rencontre avec celles et ceux qui traversent les Alpes.
Paragraphes de contenu
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Lundi 5 décembre 2022 : 8 h 45

Nous sommes à Oulx, en Italie, au petit matin. Il a neigé la veille et le thermomètre est proche de zéro. Nous sonnons à la porte du Rifogio Massi, un centre d’hébergement pour personnes migrantes tenu par des ONG italiennes et soutenu financièrement par le ministère de l’Intérieur italien. Ici, salariés et bénévoles s’activent pour permettre aux exilés de rester au chaud, se doucher, disposer d’habits propres et se restaurer. De quoi reprendre des forces avant d’entreprendre la grande traversée vers la France. Le refuge a une capacité de 80 lits. La plupart des migrants y restent une nuit. Ceux qui sont refoulés à la frontière par les forces de l’ordre et  rapatriés par la Croix-Rouge reviennent souvent dormir à Oulx.

Dans la salle à manger du refuge, les murs sont couverts d’affiches créées par les exilés de passage. Maroc, Iran, Afghanistan, Syrie, Turquie, Grèce, Bosnie, Serbie, Slovénie, Bulgarie, Italie… Les auteurs y ont inscrit leurs pays d’origine et de transit. Sur le mur du fond, une carte IGN de la frontière franco-italienne indique aux exilés la direction à prendre : le dessin d’un bus et de traces de pas matérialisent le début du chemin vers Césane ou Clavière.  Les salariés et bénévoles du refuge ne peuvent pas donner de conseils plus précis sur le parcours à emprunter, car ils risquent d’être considérés comme passeurs.

« Ne marchez pas sur la grande route mais bien dans la forêt », se contente de préciser Franco, un des bénévoles, à une personne venue de Gambie. Sur la carte, côté français,  une inscription en larges lettres en français, en anglais et en arabe indique : « Lieu sûr à Briançon : refuge les Terrasses solidaires au 34 Route de Grenoble. »

la carte affichée dans le refuge italien
La carte de la frontière est affichée dans le refuge italien, sans pour autant indiquer le chemin à prendre.
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9 h15 

C’est l’heure de la distribution de  vêtements chauds. Le Rifugio Massi récupère affaires de ski et chaussures de randonnée  afin de les distribuer aux migrants qui s’apprêtent à franchir la montagne. Car au vu des températures pouvant descendre largement en dessous de zéro, un équipement minimal est vital .

Dans un coin de la salle, un homme, casquette sur la tête et écouteurs aux oreilles, regarde un film sur son téléphone pendant qu’il charge. Cela fait déjà trois jours qu’Elton est “bloqué” à Oulx. « J’ai tenté de traverser vendredi, mais la police m’a arrêté à Montgenèvre. J’ai attrapé froid dans la montagne et depuis j’ai une angine. J’attends d’aller mieux, je partirai demain je pense », explique le jeune Burundais âgé de 20 ans. S’il échoue mardi, il réessaiera mercredi. Peu importe, il faut passer la frontière française pour pouvoir ensuite rejoindre la Belgique où sa mère et sa sœur sont réfugiées. Elton dit avoir fui la violence dans son pays en septembre dernier. L’avion l’a fait atterrir en Serbie, et depuis il a marché via la Bosnie, la Croatie, la Slovénie et l’Italie. « Avant de partir dans la montagne là-haut », dit-il en montrant la fenêtre, « j’étudie bien auparavant le chemin de randonnée sur le GPS de mon téléphone. Car quand on marche, on n’a pas d’autre choix que d’éteindre le téléphone pour ne pas être repéré la nuit avec la lumière de l’écran. »

Dehors, dans la cour, trois garçons fument une cigarette. Jalal, Samiullah et Faïm sont Afghans. Jalal, qui seul parle anglais, explique sa situation : « Mon père était officier de police, il a perdu son job avec l’arrivée des talibans et c’est devenu dangereux pour lui et ma famille. Alors je suis parti : je veux aller en France pour travailler et soutenir ma famille et notamment ma femme et mes trois enfants restés au pays. J’espère avoir l’asile », raconte le jeune homme de 24 ans dont la barbe dissimule mal des traits tirés par la fatigue. Les trois Afghans sont partis ensemble de Kaboul il y a un an. L ’avion  les a emmenés en Turquie, puis ils ont pris des cars ou encore des taxis sur la route des Balkans. Mais ils ont dû toujours passer les frontières à pied. Ils viennent d’arriver à Oulx par le train de Milan.

Faïm se plaint de souffrir des  pieds. Le médecin du refuge diagnostique des ampoules, rien de grave. Jalal s’éclipse pour aller en ville acheter un sac à dos pour la suite de son  voyage.

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jalal
Titre du son
Jalal, Afghan, raconte son parcours de migration
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12 h

Salariés et bénévoles servent le repas. Soupe au menu. Sur une table, une femme donne à manger à son enfant âgé de deux ans. Joëlle a quitté son pays, le Cameroun, en 2017  via le Nigeria où elle a rencontré son compagnon, Cédric, lui aussi camerounais. La route les a conduits tous les deux au Niger, en Algérie, en Libye et en Tunisie où est né leur petit Owen. Le 13 novembre, tous les trois ont embarqué sur un bateau et sont arrivés à Lampedusa. Une fois le continent rallié, les trains les ont conduits à Oulx. Ils rêvent d’atteindre la France, mais ont échoué la veille. « Nous avons pris une voiture jusqu’à Clavière, puis nous avons marché dans la neige. Mais c’était trop difficile avec le petit qu’il fallait porter. Nous avons fini par nous perdre dans la montagne et nous avons appelé les secours du 112. Notre corps était gelé », raconte Joëlle, désespérée. « Peut-être que nous allons réessayer je ne sais pas. Y a-t-il d’autres moyens de passer la frontière ? »,  interroge-t-elle.

Joelle et son fils devant la montagne
Joëlle et Owen regardent la montagne à franchir pour rejoindre la France.
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Mardi 6 décembre : 9 h 30

Le Rifugio Massi est en effervescence : un autocar pour Clavière part à 10 heures. Jalal et ses deux amis sont prêts : « Nous avons bien dormi, ça va aller. » Elton, lui, reconnaît qu’il a peur et espère que les maraudeurs, dont il a entendu parler, viendront à sa rencontre dans la montagne pour l’aider. « Allez, cette fois, je ne veux plus te revoir », l’encourage Franco, le bénévole, « See you in Paris ! » De son côté, Joëlle et sa famille décident de rester encore aujourd’hui au refuge pour se reposer.

Une vingtaine d’hommes prennent la direction de la gare routière d’Oulx. Les bénévoles du refuge leur distribuent des bouteilles d’eau, des bananes et des biscuits avant qu’ils n’embarquent dans le car. Masih, un Iranien de 20 ans, les remercie et lance, le regard confiant : « Cette fois je vais y arriver. » Il raconte que la veille, la police l’a attrapé à Montgenèvre. Lui ne veut qu’une chose : rejoindre sa famille à Paris. « Même si la montagne est difficile, ça ne peut pas être pire qu’en Bulgarie où j’ai passé cinq jours sans boire ni manger », témoigne-t-il. « Good luck », lui glisse Paula, une bénévole.

les exilés s'apprêtent à monter dans le car
Chaque jour, entre 20 et 30 migrants prennent le bus à Oulx pour Césane/Clavière.

Le car démarre, direction Clavière. À Césane, certains réfugiés descendent pour éviter d’être décomptés par les policiers qui surveillent les arrivées au terminus. Cela rallongera de 5 bons kilomètres le parcours à pied qu’ils prévoient de commencer à la nuit tombée entre Césane et Briançon, et ce, dans la neige et en pleine montagne.

À notre tour, nous prenons la route en voiture vers la frontière. Les tunnels que nous traversons sont remplis de graffitis « no border » ou « free migration ». Au col, il est midi et le thermomètre annonce -3°. Nous avons froid malgré nos chaussures de marche, nos bonnets, nos gants. Comment font donc ceux qui ont des chaussures de ville et parfois aucun vêtement chaud ? À la frontière, un policier nous demande de ralentir notre voiture et contrôle si nous ne transportons pas de passagers clandestins à l’arrière. Puis nous redescendons la route qui serpente vers Montgenèvre et Briançon.

la frontière
À la frontière, au col de Montgenèvre.
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14 h

Arrivée au 34 route de Grenoble, à Briançon. Un panneau nous indique : les Terrasses solidaires. Le bâtiment est un tiers-lieu qui abrite depuis 2021 plusieurs associations et ONG parmi lesquelles Médecins du monde, Eko, Tous migrants et le centre d’hébergement Le refuge solidaire qui accueille à Briançon les exilés*.  Au total, sept salariés et quelque 300 bénévoles travaillent aux Terrasses et au refuge pour accueillir environ 70 à 80 migrants. Le refuge a enregistré 3400 arrivées en 2022, et l’année n’est pas terminée.

Dans les locaux, l ’ambiance est plus joyeuse et détendue qu’à Oulx. On sent que pour les migrants, le plus dur est derrière eux. « Ils sont libérés car ils ont passé la frontière », explique Jean-Yves, bénévole. Cet après-midi là, se joue le match Espagne-Maroc à l’occasion des huitièmes de finale de la Coupe du monde de football. Et les Marocains, nombreux au refuge, sont en liesse !

Moustapha, 25 ans, est l’un d’entre eux. Il est arrivé il y a deux semaines à Briançon. « Je reste ici car on prend soin de nous au refuge. On mange, on joue au foot, on fait de la boxe, on dort. Après je verrai où continuer ma route, peut-être vers Toulouse. » Originaire du Sahara occidental, et diplômé en informatique et en géographie, bilingue en anglais, Moustapha explique qu’il n’avait aucun avenir au Maroc. Orphelin de père, il est parti pour prendre soin financièrement de sa mère et de ses sœurs.

« Mon voyage a coûté 1000 €. Comme j’ai promis à ma mère de ne jamais prendre le bateau, j’ai pris l’avion pour la Turquie. Puis je suis passé par la Bulgarie où j’ai perdu un ami mort de froid dans la neige. Je vois souvent son visage quand je ferme les yeux. La Bulgarie, c’était vraiment difficile. À côté, les Alpes c’était facile car c’était seulement une traversée de quelques heures. De toute façon je n’ai pas peur de la montagne mais j’ai peur de la police », confie-t-il.  Au col de Montgenèvre, Moustapha explique que la nuit, il veillait à faire un tas de neige avant de rallumer son téléphone portable et de consulter la carte, pour faire attention à ne pas être repéré.

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Moustapha du Maroc
Titre du son
Moustapha, venu du Maroc, a traversé l'Europe avant d'arriver à Briançon
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19 h

Le repas du soir est servi. Au Refuge solidaire, les migrants sont mis à contribution pour préparer la cuisine et faire la vaisselle. Salade et riz sont au menu. Dans un coin, Mohamed, venu lui aussi du  Maroc, continue de rédiger dans son cahier. « Mon rêve c’est d’écrire un livre pour raconter mon voyage », explique l’homme âgé de 25 ans et originaire de Ouarzazate. Turquie, Grèce, Macédoine, Serbie, Hongrie, Autriche, Italie, France et Belgique : il a traversé tous ces pays à pied, accroché à un camion, en bus ou en train. Il a passé la frontière italo-française il y a 22 jours avant de partir pour la Belgique, où il s’est retrouvé à la rue. Alors, il est revenu à Briançon, « un refuge sympa et sûr ». « Vous comprenez, moi je veux juste vivre. Et au Maroc, avec la situation économique, tu ne vis pas, tu survis », argumente-t-il.

la vie au refuge de briançon
Le réfectoire du refuge solidaire est toujours animé.
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22 h

Malik, le gardien de nuit, fait le tour des chambres pour compter le nombre de lits disponibles en cas de nouvelles arrivées durant la nuit. Il nettoie également le réfectoire pour pouvoir installer des lits de camp supplémentaires, au besoin. Au réfrigérateur, les restes du repas du soir permettront également de dépanner. « Quand quelqu’un arrive, je fais un accueil d’urgence : je sers de quoi manger, donne des vêtements chauds et leur indique les douches et les lits », explique le veilleur.

À minuit, les maraudeurs de Tous migrants rentrent au refuge. Ce soir, ils n’ont croisé aucun exilé dans la montagne. Nous décidons d’aller nous coucher, et nous nous demandons où sont Jalal, Masih et Elton, l’Afghan, l’Iranien et le Burundais rencontrés en Italie… Sûrement quelque part encore là haut dans la montagne, la neige, le froid…

les lits de camp installés dans le réfectoire
Si besoin, le gardien installe des lits de camps dans le réfectoire.
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Mercredi 7 décembre : 9 h

Arrivés au refuge, nous jetons un coup d’œil au tableau d’entrée : «  Arrivées : 14 personnes. Nombre total d’hébergés : 66. » Nous montons dans le réfectoire : Malik a effectivement installé des lits de camp durant la nuit. Nous découvrons alors Jalal, un grand sourire aux lèvres, heureux de nous revoir. « Ça n’était pas dangereux, mais nous avons eu très froid. Nous avons marché dans la forêt, loin de la frontière, pour éviter la police », raconte-t-il. Ils sont partis la veille à 17 heures de Césane, sont arrivés à Montgenèvre vers 22 heures et à 5 heures du matin à Briançon. Jalal est inquiet car Faïm n’arrête pas de tousser.

Masih, lui, a quitté Briançon à peine arrivé, pour repartir immédiatement vers Paris. Quant à Elton, pas de nouvelle. Aucun d’entre eux ne l’a vu.

« Je souhaite également partir pour Paris au plus vite », explique Jalal . Samiullah et Faïm, eux, veulent retrouver leur famille en Allemagne. Tous trois rendent leurs chaussures après-ski et vêtements chauds, donnés par le refuge italien. Les bénévoles des Terrasses les ramèneront ensuite à Oulx afin qu’ils servent à d’autres exilés. Un beau cercle vertueux.

Jalal     . Samiullah et Faïm
Jalal  (au milieu) entouré de Samiullah et Faïm

Retour à l’accueil. Dans son bureau, Emma détaille aux trois hommes les différentes possibilités de trajet pour rallier Paris. « En car via Grenoble, c’est le moins cher, mais  vous  devrez attendre demain pour bénéficier des meilleurs tarifs », explique la salariée . Elle leur propose d’acheter leurs billets qu’ils lui rembourseront ensuite.

On peut lire la profonde reconnaissance dans le regard de Jalal.  Lui et Faïm prennent maintenant le chemin du vestiaire pour récupérer un pantalon et une écharpe, avant de toquer au bureau de Médecins du monde. Jean-Luc, médecin bénévole, ausculte Faïm et conclut à un méchant virus. Le test covid est négatif. Il conseille de consulter à nouveau dans les prochains jours si la fièvre remonte. L’ONG Médecins du monde gère cette permanence médicale avec la PASS (permanence d’accès aux soins de santé) de l’hôpital, car les besoins des migrants sont nombreux entre les gelures, les risques d’hypothermie, les blessures liées aux chutes sur les chemins de randonnée, et les douleurs ostéo-musculaires dues aux longues marches.

« Merci pour tout,  la France va devenir mon pays », s’exclame Jalal. Dans l’après-midi, les trois Afghans récupèrent la chambre numéro 103 pour enfin se reposer au calme.

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17 h

Tandis que Mohamed joue au ping-pong, Moustapha, son compatriote marocain, aide à la cuisine pour la préparation du dîner. L’ambiance est aussi festive que la veille.

Le soir, nous nous éclipsons pour le  col de Montgenèvre. Nous faisons quelques pas dans la neige. Il fait -12°. En contrebas, on aperçoit la police et le poste-frontière. Elton ou Joëlle sont-ils quelque part dans ce blanc glacial ?  Dans l’obscurité de la nuit, des migrants, des maraudeurs et des policiers jouent au chat et à la souris. La police nous repère et vient à notre rencontre. Nous repartons.

la frontière enneigée la nuit
La nuit, le thermomètre descend à -12 ou -15 degrés à la frontière.
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Jeudi 8 décembre

Pas  d’arrivée  la nuit dernière. Il faut dire que le thermomètre a frôlé les -17°. Nous allons dire au revoir à ceux qui nous ont accueillis. Moustapha se sent perdu.  Il ne sait toujours pas où aller, car il n’a plus d’argent pour se payer de  ticket de transport. Il a peur de devoir dormir à la rue tel un SDF.  « Alors je reste ici pour le moment, j’ai à manger et je dors au chaud. »   

15 h  

Jalal, Samiullah et Faïm veulent se rendre à la gare routière prendre le bus pour Grenoble. Emma propose de les déposer en camionnette à la gare. Auparavant, elle leur distribue des cartes SIM françaises mises à disposition par Emmaüs connect. À la gare de Briançon, nous leur faisons nos adieux en leur souhaitant bon voyage.

les chaussures du refuge de briançon
Le refuge collecte des chaussures pour les migrants.

Nous décidons alors de retourner à Oulx, en Italie, prendre des nouvelles des autres exilés rencontrés au Rifugio Massi. Stefano nous explique que Joëlle et sa famille camerounaise sont partis la veille en train vers Milan. Quant à Elton, le Burundais qui était parti mardi dans la montagne, il est revenu dormir mercredi soir à Oulx avant de repartir jeudi matin. « De toutes façons, qu’on le veuille ou non, à la fin, ils passent tous ! Les contrôles à la frontière sont hypocrites. On ne peut pas arrêter la migration. C’est donc à nous de la rendre plus humaine », conclut le bénévole italien       

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Épilogue

Quatre jours plus tard, nous recevons un appel de Jalal. Il est en sécurité à Paris et dort chez un ami afghan. Il nous dit désormais vouloir demander l’asile.

Quant à Joëlle, elle nous appelle le 23 décembre : elle a finalement réussi à passer la frontière à Vintimille en bus, avant de faire Nice-Paris en train avec son compagnon et son fils. Depuis, tous trois sont à la rue à Melun et appellent en vain le 115.

Nous n’avons jamais eu de nouvelles d’Elton.

*D’autres associations comme le Secours Catholique sont membres du conseil d'administration des Terrasses solidaires.

la tombe d'un migrant dans la vallée de Briançon
La tombe d'un migrant dans la vallée de la Clarée près de Briançon
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notre position : Une politique de contrôle aux frontières non conforme à la loi

Le Secours Catholique-Caritas France (SCCF) dénonce les contrôles aux trois frontières (celle franco-britannique, celle franco-espagnole, et celle franco-italienne) qui ne respectent pas les droits fondamentaux des personnes migrantes. « A Montgenèvre, les migrants sont régulièrement refoulés alors qu’ils ont le droit de demander l’asile. Ils n’ont pas toujours accès aux services de base (alimentation, eau, soins, etc.) et sont parfois privés de libertés dans des préfabriqués à la frontière », s’insurge Yann Ortega, délégué du Secours Catholique des Alpes du Sud. Ainsi l’association dénonce le fait que les frontières deviennent dangereuses et demande un moratoire sur le processus de Dublin qui pousse les migrants à l’errance en Europe.

Par ailleurs, le Secours Catholique  déplore le fait que ni la préfecture, ni la mairie ne soutiennent les acteurs associatifs de Briançon qui viennent en aide aux migrants en leur offrant un toit. « Cette politique est non conforme à la loi qui oblige l’Etat à offrir un hébergement d’urgence inconditionnel à toute personne sur le territoire. À      Briançon, les portes de l’accueil en hébergement d’urgence sont fermées pour accueillir les étrangers. », dénonce Yann Ortega. L’association demande notamment un dispositif plan grand froid en hiver. Enfin, elle dénonce le fait que les personnes solidaires qui soutiennent les personnes exilées font régulièrement l’objet d’intimidations, de verbalisation voire de poursuites judiciaires, réactivant ainsi le  délit de solidarité.

Depuis 2015, plus de 20 000 personnes ont été accueillies à Briançon, un accueil porté uniquement par les acteurs associatifs. Sept personnes migrantes ont perdu la vie dans les montagnes et au moins deux sont portées disparues.

Crédits
Nom(s)
Cécile Leclerc Laurent
Fonction(s)
Journaliste
Nom(s)
Christophe Hargoues
Fonction(s)
Photographe
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