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Violences faites aux femmes : "Interm’Aide, un refuge pour des femmes en galère"

Violences faites aux femmes : « Interm’Aide, un refuge pour des femmes en galère »

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3 minutes
Chapô
Le 25 novembre est la journée mondiale contre les violences faites aux femmes. À Tours, le Secours Catholique tient un accueil de jour, Interm’Aide, refuge pour des femmes en précarité. Cuisine, laverie, salle de repos : tout y est prévu pour qu’elles se sentent "à la maison" et suffisamment en confiance pour confier leurs difficultés. La majorité d'entre elles ont en effet été victimes de violences.
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9h30. C’est un petit bâtiment caché à l’arrière cour du 37 rue de la Fuye, en plein centre-ville de Tours. Un lieu ouvert tous les jours pour accueillir "comme à la maison" les femmes en difficulté.

Sur la table de la salle à manger, pain, beurre et pâte à tartiner marquent l’heure du petit déjeuner. Celui-ci est offert. Des tasses de café chaud fument. Mansouria converse avec Annie qui participe bénévolement à l’animation du lieu.

Dans la pièce voisine, une machine à laver ronronne. Plus loin, un ordinateur offre un accès à Internet. Dans la cour, une bagagerie donne aux femmes la possibilité de stocker leurs affaires. Retour en cuisine : dans des casiers dédiés, les femmes entreposent les aliments qu’elles vont cuisiner dans la journée.

Adiaratou s’est mis en tête de faire du jus de gingembre. « Comment je ferais pour manger s’il n’y avait pas Interm’Aide ? » clame-t-elle. Il faut dire que toutes celles qui passent par cet accueil de jour sont hébergées par le 115, soit à l’hôtel, soit en centre d’hébergement d’urgence, sans aucun lieu où habiter la journée.

« Il fait froid dehors, au pire je peux aller à la gare mais ça me fait mal au dos d’attendre par terre. Ici, je suis à l’abri. » confie Mansouria, ajoutant qu’elle dort parfois dehors quand le 115 est saturé. À ses côtés, Hortense coupe des morceaux de poulet et de champignons pour son repas de midi. Cette jeune femme loge à l’hôtel où elle ne peut ni cuisiner, ni faire de lessive : « Interm’Aide est un lieu pour me poser, c’est un peu ma maison. » sourit la Gabonaise.

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Hortense
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Un endroit où dialoguer avec d'autres.
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Interm’Aide est ouvert tous les jours de 9h30 à 17h30, sauf le dimanche matin. Une équipe de 40 bénévoles se relaie pour faire vivre la maison. « Nous sommes avant tout un lieu d’accueil inconditionnel, la seule condition étant d’être une femme. », explique Bénédicte Delavault, responsable de la structure.

« Nous sommes aussi un lieu d’écoute si les femmes souhaitent se confier, un lieu de rencontre des femmes entre elles, et un lieu pour qu'elles puissent rebondir : nous les orientons vers d’autres partenaires si besoin, par exemple vers des cours de français, vers une équipe du Secours Catholique de recherche d’emploi, ou encore vers une aide juridique en cas de violences conjugales. »

Permanence d'aide psychologique

La moitié des 25 femmes accueillies chaque jour ont été victimes de violences, soit au sein de leur couple, soit dans leur pays d’origine, soit au long de leur parcours migratoire. Dans un coin de la pièce à vivre, une affiche rappelle « contre les violences, la loi avance. Appelez le 3919. »

Trois fois par mois, une psychologue vient assurer une permanence d’une demi-journée pour échanger avec les femmes qui le souhaitent. Mansouria avoue les larmes aux yeux qu’elle a quitté son pays, l’Algérie, à cause de son mari qui lui faisait subir des violences sexuelles.

C’est difficile d’en parler, je suis en colère contre les hommes.
Mariana, victime de violences conjugales


Adiaratou, elle, a été violée en prison en Libye alors qu’elle tentait de fuir le Mali : « Parfois ça soulage d’en parler, mais je pleure aussi. » Dans un coin, Adriana baisse les yeux. Elle est venue en France avec son mari avant de le quitter parce qu’il la battait : « C’est difficile d’en parler, je suis en colère contre les hommes. C’est rassurant qu’ici il n’y ait que des femmes, sinon je ne viendrais pas. » Bénédicte lui propose de s'adresser au centre de psychotraumatismes de Tours.

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Adiaratou témoigne
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Adiaratou témoigne
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Midi. Les femmes passent à table. Chacune mange le plat qu’elle s’est préparé. Ça sent le tajine, les frites et le manioc. Outre l’espace d’accueil où les femmes peuvent cuisiner, prendre une douche, laver leur linge, se reposer ou faire jouer leurs enfants,, Interm’Aide propose aussi des séances de coiffure et des cours de relaxation et de sophrologie.

Nicole qui se prénomme en riant « Madame 115 » témoigne : « Quand je viens en relaxation, j’ai l’impression de planer, je me lâche et j’oublie mes soucis. » Le mercredi après-midi, les bénévoles prennent en charge les enfants pour libérer les mamans.

Claire, anciennement accueillie dans la structure, donne aujourd’hui un coup de main : « Des liens se créent, c’est fort ici, il y a beaucoup d’amour et d’entraide. J’ai été accueillie comme je suis, ça m’a donné envie de ne pas baisser les bras. »

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Claire, anciennement accueillie dans la structure, donne aujourd’hui un coup de main : « Des liens se créent, c’est fort ici, il y a beaucoup d’amour et d’entraide. J’ai été accueillie comme je suis, ça m’a donné envie de ne pas baisser les bras. »
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14h30. L’heure du café et de la vaisselle. Des femmes jouent au triomino avec Clémentine, bénévole. Accompagnée d’une assistante sociale, Laetitia* vient visiter les lieux. La jeune femme vient de quitter son conjoint qui la harcelait psychologiquement.

« Il m’a insultée et menacée de me frapper. Il me coupait de tout. Ici je suis contente de retrouver des gens à qui parler. » confie-t-elle. Les assistantes sociales adressent de nombreuses femmes à Interm’Aide. « L’une d’entre elles m’a dit que nous étions un lieu de référence, un repère pour ces femmes perdues. » conclut Bénédicte Delavault.

Crédits
Nom(s)
Cécile Lerclerc-Laurent
Fonction(s)
Journaliste
Nom(s)
Steven Wassenaar
Fonction(s)
Photographe
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