5 raisons de faire entrer Internet en prison

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Le Secours Catholique a rejoint la campagne « Pour faire entrer Internet en prison ». Objectif : faciliter par le biais de cet outil incontournable le retour à la vie libre des personnes détenues.
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Texte
Dessin par Camille Besse
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  1. PARCE QU'IL EST IMPOSSIBLE DE VIVRE SANS INTERNET AUJOURD'HUI
    Se procurer un acte de naissance ou renouveler un titre de séjour, déclarer ses revenus, contacter la CAF… À l’heure de la dématérialisation des services, disposer d’un accès à Internet est indispensable, voire obligatoire, pour effectuer des démarches administratives. Une évolution qui a conduit le gouvernement à faire de la lutte contre la fracture numérique une priorité. Sauf en prison, où Internet reste interdit - et ce sans fondement légal. Signataire d’une lettre ouverte adressée à la Première ministre Elisabeth Borne, aux côtés de 600 acteurs du monde prison-justice, le Secours Catholique souhaite que les établissements pénitentiaires ne soient plus des zones blanches.
  2. ​​​​​​PRIVILÉGIER L'AUTO-DÉTERMINATION À L'ASSISTANAT
    Faute d’accès à Internet, les personnes incarcérées n’ont d’autre choix que de s'appuyer sur un tiers - un proche, quand ils en ont, un agent pénitentiaire ou un bénévole - pour gérer le quotidien. Un manque d’autonomie, voire une forme d’infantilisation, difficile à accepter. « On se dit : "Pourquoi ce n’est pas moi ?" », déplore ainsi un homme détenu. C’est bien là tout le paradoxe de l’administration pénitentiaire : « On rend totalement dépendantes les personnes, en leur demandant dans le même temps une plus grande implication dans leur démarche d’insertion », souligne une Conseillère pénitentiaire d’insertion et de probation (CPIP).
  3. RESPECTER LE DROIT À S'INFORMER ET SE DÉFENDRE
    Même dépourvus de leur liberté, les personnes emprisonnées n’en demeurent pas moins des sujets de droit. « La prison ne devrait être que la privation de la liberté d’aller et de venir et rien d’autre », rappelle d’ailleurs le collectif « Pour faire entrer Internet dans les prisons », selon qui le web, véritable mine d’informations, permet de consacrer le droit des 72 000 personnes détenues à s’informer et se défendre. Notamment en rendant possible la consultation des sites des services publics et d’associations spécialisées, qui vulgarisent le droit. Avec un accès à Internet, les personnes incarcérées peuvent aussi communiquer de manière plus fluide avec leur avocat, surtout en cas de besoin urgent.
  4. PRÉSERVER LES LIENS AVEC L'EXTÉRIEUR
    Comment faire en sorte que l’enfermement n’engendre pas un isolement familial et social ? La question, qui touche l’ensemble des prisonniers, se pose avec plus d'acuité pour ceux dont la famille vit à l’étranger et ceux en situation de handicap. « Sans internet je n’ai plus aucun contact », témoigne ainsi une personne sourde, détenue à la prison de Seysses (31). Pour prévenir cette exclusion sociale, des États ont déjà levé l’interdiction. Comme aux Etats-Unis, au Royaume-Uni et dans plusieurs pays européens, où des centres pénitentiaires sont équipés de bornes informatiques permettant d’envoyer des emails. Au Portugal et au Pays-Bas, les appels visio sont même autorisés.
  5. MIEUX PRÉPARER LA SORTIE
    « Ils disent qu’ils préparent les gens à la sortie, mais ils ne préparent à rien du tout », peste Philippe. Car, sans Internet, impossible de consulter toutes les offres d’emploi, de stage ou de formation. Cela prive également les personnes détenues de bénéficier des dispositifs d’apprentissage en ligne, comme ceux du Conseil national d’enseignement à distance (Cned). Le risque ? Compliquer la sortie et, parfois, enfermer les personnes emprisonnées dans le cercle vicieux prison-pauvreté. Pour mieux préparer une réinsertion professionnelle, l’Espagne, l’Allemagne ou encore l’Australie autorisent Internet pour des pratiques éducatives. La Lituanie et la Malaisie vont jusqu’à laisser des prisonniers suivre des études supérieures à distance.

*Source de tous les témoignages : le site de la campagne 
 

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Crédits
Nom(s)
Djamila Ould Khettab
Fonction(s)
Journaliste rédactrice
Nom(s)
Camille Besse
Fonction(s)
Dessinatrice
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