5 raisons de plaider pour l'accès au travail des personnes migrantes

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Dans son projet de loi immigration, le gouvernement envisage de mettre en place des titres de séjour pour les personnes migrantes spécialisées dans les "métiers en tension". Le Secours Catholique défend plus globalement l’accès au travail pour les personnes exilées, pour cinq bonnes raisons.
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Texte

Dessin par Camille Besse

 
 
  1. POUR RÉGULARISER DES SITUATIONS DE FAIT
    Des dizaines de milliers de personnes sont en situation irrégulière en France et ont pourtant un emploi. Elles travaillent soit au noir, soit avec de faux papiers, soit avec ceux d’une “connaissance”. Parfois elles ont simplement gardé leur emploi malgré le non-renouvellement de leur titre de séjour. Dans la plupart des cas, l’employeur le sait. Une régularisation par le travail est possible avec la circulaire Valls, mais les conditions sont si restrictives que peu de personnes en bénéficient, d’autant que les préfectures sont libres d’appliquer ou non cette circulaire.
  2. POUR PROTÉGER LES PERSONNES
    Leur situation irrégulière place ces travailleurs dans une position de grande vulnérabilité. Souvent la proie d’employeurs peu scrupuleux et de réseaux d’exploitation par le travail, souvent payés en dessous du salaire minimum, ils ne bénéficient pas de congés ni même, parfois, de jour de repos, et ne travaillent pas dans des conditions matérielles et de sécurité légales. Enfin, bien que souvent ils cotisent, ils ne bénéficient pas des systèmes d’assurance chômage et de sécurité sociale.
  3. DANS L’INTÉRÊT DE LA SOCIÉTÉ
    Le travail au noir constitue un manque à gagner pour la société : pas de cotisations patronales et sociales, pas de contribution à l’impôt sur le revenu. Faciliter l’accès légal à l’emploi pour les personnes migrantes permettrait de réduire les poches de travail non déclaré et serait donc bénéfique. Par ailleurs, leur situation irrégulière empêche les personnes concernées d’être autonomes. Faute de papiers, beaucoup dépendent, par exemple, des dispositifs d’hébergement d’urgence, alors qu’elles voudraient accéder à un logement et en auraient les moyens.
  4. POUR FAVORISER LA COHÉSION SOCIALE
    En leur garantissant une protection juridique et sociale ainsi qu’une stabilité économique, l’accès légal à l’emploi permettrait à des milliers de personnes étrangères en France de sortir d’un état de grande précarité, tant psychologique que matérielle. Elles trouveraient leur place dans la société et en deviendraient des acteurs économiques, sociaux et culturels à part entière. Par ailleurs, le travail est un lieu de socialisation où les personnes migrantes peuvent rencontrer des Français et pratiquer la langue française. Il crée ainsi les conditions d’une meilleure insertion. Enfin, la normalisation des conditions de vie des personnes aujourd’hui sans papiers aurait pour effet de les rendre invisibles au sein de la population et de diminuer les crispations à leur égard.
  5. PARCE QU’ON A BESOIN D’ELLES
    Les personnes étrangères en situation irrégulière contribuent à des pans entiers de notre économie, principalement dans les secteurs en tension : agriculture, BTP, sécurité, nettoyage, restauration, aide à domicile… Notre économie a besoin d’elles. Qualifiées ou non, toutes ont des compétences et des talents. En les tenant à l’écart de la société, en les empêchant d’exprimer leur potentiel, nous nous privons de ce qu’elles peuvent nous apporter.
Crédits
Nom(s)
Benjamin Sèze
Fonction(s)
Journaliste rédacteur
Nom(s)
Camille Besse
Fonction(s)
Dessinatrice
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