Haïti : « Il nous faut une révolution »

Chapô
La situation en Haïti, loin de s’apaiser, ne fait qu’empirer, nous ont dit les fondateurs du Groupe d’action francophone pour l’environnement lors de leur passage à Paris. Confronté à une pénurie de biens de première nécessité, la population réclame non seulement le départ du Président mais un changement radical de régime.
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Haïti : "Il nous faut une révolution"
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Comme l’avaient relaté les membres de l’ONG haïtienne Concert ’action en septembre dernier à notre consœur Cécile Leclerc-Laurent dans son article Pauvreté en Haïti : une violence inouïe,  Haïti poursuit sa descente aux enfers.

Virginie Pochon et David Tilus, fondateurs du Groupe d’action francophone pour l’environnement (GAFE), Ong haïtienne adepte du développement social local, une démarche que soutient le Secours Catholique, ont à leur tour décrit le chaos qui règne actuellement dans leur pays lors de leur visite à Paris, mi-octobre.

 

Délitement de l’État et insécurité généralisée


« Il n’y a plus d’État de droit, explique Virginie Pochon, Française d’origine établie dans le pays depuis bientôt 20 ans. Les crimes se multiplient et on ne peut plus compter sur la police. » Les administrations et les écoles sont totalement fermées, et plus aucun service public n’est assuré. Un chroniqueur annonçait dernièrement à la radio que les malades meurent à la porte des hôpitaux.

Virginie évite de sortir et garde ses enfants à la maison. Selon elle, la situation est gravissime puisque « de très nombreux étrangers fuient le pays. Le personnel des Nations unies, de l’Union européenne et de l’Agence française de développement a été évacués. »

 

Un peuple exaspéré par son président


Les manifestants en colère réclament le départ du président Jovenel Moïse dont les entreprises qu’il dirigeait avant son élection ont été épinglées par la Cour des comptes de son pays. Mais celui-ci refuse de quitter son poste. Les manifestations quasi quotidiennes seraient à l’origine, selon nos partenaires, de la répression qui a fait plusieurs morts.

Autre source de colère, l’inflation avoisinant les 15 % et la dévaluation de la gourde qui provoque l’augmentation du prix des produits de première nécessité pour la plupart importés.  « Le pays subit une pénurie de tout : pénurie de carburant, pénurie d’eau potable et de nourriture, explique David Tilus. Sans carburant, pas de distribution. »

 

Un déchaînement de la violence


« A cause de l’inflation, les pillages, notamment alimentaires, se multiplient, rapportent nos partenaires. Aux Cayes, au sud du pays, plusieurs entreprises et ONG ont été attaquées, pillées et incendiées. » C’est notamment le cas de la Caritas locale et des bureaux de la Caritas américaine, CRS, dont les bureaux ont été mis à sac. « La mairie des Gonaïves a elle aussi été brûlée, les biens privés sont détruits et les règlements de compte se multiplient en toute impunité. »

David Tilus a le sentiment que les manifestants sont chaque jour un peu plus remontés dans leur désir de renverser le système actuel : « Ils espèrent, dit-il, que quelque chose va enfin changer. Ils veulent que ça pète. Ils crient “il nous faut une révolution !“. »

En savoir plus sur les raisons de la crise en lisant notre article Pauvreté en Haïti : une violence inouïe 

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JACQUES DUFFAUT
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crédits photos : ©Jean Marc Herve Abelard / Maxppp
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