Israël-Palestine : « Il n’y aura pas de paix sans justice »
Il y a dix jours, en plein ramadan, nous avons assisté depuis la Maison d’Abraham, impuissants, aux affrontements entre policiers et fidèles musulmans sur l’Esplanade des Mosquées. L’escalade qui s’en est suivie entre Israël et Gaza a tué à ce jour 12 Israéliens et 240 Palestiniens, dont une soixantaine d’enfants. Chaque vie perdue est une tragédie. Depuis quelques jours, dans les villes d’Israël et de Palestine, les communautés voisines juives et arabes se déchirent avec d’innombrables émeutes et agressions.
Il est bien difficile de tirer le vrai du faux au milieu de la propagande des chefs de guerre. Nous interrogeons nos partenaires israéliens et palestiniens sur ce que nous pouvons faire. Leur réponse est claire et directe : « Dites la vérité, décrivez la réalité telle qu’elle est à vos peuples et gouvernants ».
Cette explosion de violence prend sa source dans de longues histoires de souffrance et d’injustice. D’un côté, la terreur d’un peuple due à des siècles de discrimination et de rejet menant à un génocide. De l’autre, l’humiliation d’un peuple sans patrie et sous occupation depuis soixante-treize ans, subissant à son tour discriminations et atteintes aux droits les plus élémentaires.
Aujourd’hui, le peuple palestinien est exsangue et les jeunes sont désespérés. Le Hamas instrumentalise cette désespérance et l’utilise à ses propres fins dans une violence aveugle.
Les responsables politiques manipulent la peur, l’ignorance et les extrémismes pour s’accrocher au pouvoir. La construction du mur a renforcé la méconnaissance de l’autre. Le cloisonnement a provoqué la surdité et la cécité de beaucoup d’Israéliens sur les situations d’injustice et de sous-développement dans les territoires occupés et à Gaza.
Pour sortir de l’impasse politique, il faut des hommes et des femmes qui écoutent et qui voient la misère de leur peuple avec les yeux du cœur. Il n’y aura pas de paix sans justice. Pas de paix sans mettre fin à la colonisation et à l’occupation israélienne. Nous entendons dire qu’Israël préfère la sécurité à la paix. C’est une illusion. Il n’y aura jamais de sécurité durable sans la paix, ni de paix sans justice.
- Bernard Thibaud, directeur de la Maison d’Abraham
Écouter la lettre de Bernard Thibaud lue par Véronique Fayet, présidente du Secours Catholique, lors de sa chronique hebdomadaire sur RCF
En Terre sainte, le Secours Catholique soutient des partenaires palestiniens et israëliens
- Parmi les partenaires locaux du Secours Catholique, Caritas Jérusalem figure en bonne place. L’association participe au financement de deux cliniques mobiles. Elles ont été mises en place dans la bande de Gaza il y a trois ans, à la suite des heurts entre l’armée israélienne et les jeunes Gazaouis aux limites de ce petit territoire sous blocus israélien depuis 2007. La première clinique dispense des soins de base, la seconde prend en charge les soins d’urgence. Elles interviennent dans un contexte sanitaire déjà très dégradé.
- Toujours dans le domaine de la santé, le Secours Catholique finance l’organisation israélienne de défense des droits de l’homme Physicians for Human Rights Israel, qui soigne, protège les communautés vulnérables aussi bien en Israël que dans les Territoires palestiniens occupés, et plaide pour une justice sociale.
- Dans le domaine de la formation et de l’emploi, le Secours Catholique est un des principaux financeurs du programme d’accès à l’emploi à Gaza que développe le Conseil des Eglises du Proche-Orient (NECC, Near East Church Council).
- Au-delà de l’urgence, l’association soutient le développement de l’agroécologie et de l’agrotourisme dans le nord de la Cisjordanie.
- Le Secours Catholique promeut également les programmes de l’École du cirque palestinienne qui ouvre des voies éducatives à des enfants de quartiers défavorisés et où le travail d’équipe, la créativité et la liberté d’expression sont des remèdes à l’exclusion sociale et à la discrimination.
- Enfin, il soutient l’ONG Mahapach Taghir qui, grâce à des rencontres et des échanges, regroupe juifs, chrétiens et musulmans de quartiers défavorisés d’Israël pour faire l’expérience d’une autre façon de vivre ensemble.