Permettre aux foyers modestes propriétaires de passoires énergétiques de rénover pour 1 € symbolique, et si on essayait ?

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Aujourd’hui, 12 millions de personnes souffrent de précarité énergétique en France. Parmi elles, certaines sont propriétaires de leur logement. Le Secours Catholique demande au gouvernement de permettre aux foyers les plus modestes de rénover leur logement pour 1 € symbolique.
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Avoir froid chez soi en hiver, souffrir de la chaleur en été. Devoir choisir entre faire ses courses ou se chauffer. Voir ses enfants tomber malades en raison du mauvais état de son logement. Voici quelques-unes des difficultés rencontrées par 12 millions de personnes en situation de précarité énergétique en France.

À l’origine de ce phénomène de plus en plus préoccupant, une précarité économique accentuée par la crise sanitaire, la flambée des tarifs des énergies fossiles et la piètre performance thermique du secteur du bâtiment, plus gros consommateur d’énergie en France. Le parc résidentiel compte en effet 4,8 millions de passoires thermiques dont 2 millions sont occupées par des ménages modestes ou très modestes.

Transformer une passoire thermique en logement décent et peu énergivore coûte entre 15 000 € et 60 000 €. Or, en moyenne, 40 % du coût de ces travaux reste aujourd’hui à la charge des ménages. Une somme qui dissuade les plus modestes d’entreprendre ou de terminer les travaux.

Outre les mesures immédiates de soutien au budget des ménages, le seul remède efficace et durable contre la précarité énergétique est la rénovation globale et performante des logements.

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  • 12 millions de personnes sont en situation de précarité énergétique en France.
  • On dénombre 2 millions de passoires thermiques occupées par des ménages modestes ou très modestes.
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Notre témoin : Mme B., propriétaire d’une maison passoire thermique

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Vincent Boisot / Secours Catholique

Madame B., 63 ans, vit à Bavinchove (Hauts-de-France), dans une maison achetée en 2014 grâce à l’héritage laissé par sa mère et à une somme d’argent prêtée par des amis. Rapidement, son logement s’est avéré être une passoire thermique, très dure à chauffer et coûteuse à rénover.

« Au fil des ans, tout s’est dégradé. Le toit fuit. Alors, quand il pleut, je suis obligée de mettre des seaux partout. Le mur qui donne sur la route n’isole pas. Les fenêtres et la porte d’entrée laissent passer tous les courants d’air. La baie coulissante ne ferme plus totalement. La cuisine, la salle de bain et les toilettes sont des “pièces vérandas”.

Avant, je me chauffais au feu à charbon mais, étant handicapée, je ne peux plus soulever les sacs de charbon. J’ai un chauffage électrique qui me permet tout juste d’arriver à 18°C au rez-de-chaussée de la maison. Je ne chauffe pas l’étage, où se trouve ma chambre à coucher, car ça coûterait beaucoup trop cher. L’été, par contre, il peut faire jusqu’à 40°C.

J’ai un chauffage électrique qui me permet tout juste d’arriver à 18°C au rez-de-chaussée de la maison. L’été, par contre, il peut faire jusqu’à 40°C. 


Je calcule tout au centime près. Ma facture d’électricité s’élève à 80 euros par mois, alors que je touche une retraite de 900 euros et que je rembourse 300 de prêt aux amis qui m’ont aidée pour l’achat de la maison. 

Je ne peux pas entreprendre de travaux, ni physiquement, ni financièrement. J’ai fait une demande de prêt au Secours Catholique qui m’a mise en lien avec le réseau Eco Habitat, en m’expliquant qu’ils pourraient prendre en charge la rénovation de ma maison. Ils vont faire tous les travaux nécessaires en septembre. J’aurai peut-être une petite participation à donner mais je suis prête à le faire. C’est super, ça va me changer la vie. »

Le réseau Eco Habitat est une association fondée en 2014 par un ancien salarié du Secours Catholique. Celui-ci a pris conscience des enjeux de la précarité énergétique en constatant qu’un quart des aides du Secours Catholique y étaient consacrées. L’objectif d’Eco Habitat : accompagner des ménages en situation de précarité énergétique dans la rénovation de leur habitat, en leur permettant d’accéder à des financements publics et privés. Le reste à charge est calculé en fonction des revenus du ménage. Une centaine de familles résidant dans les Hauts-de-France ont été aidées depuis la création de l’association, qui veut étendre son action à toute la France d’ici 2023.

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La proposition du Secours Catholique

Pour répondre à l’urgence sociale et climatique, le Secours Catholique appelle à la mise en place d’une politique de lutte contre la précarité énergétique ambitieuse et globale. 

Les aides publiques doivent être significativement augmentées afin que le reste à charge pour les ménages les plus modestes ne dépasse pas l’euro symbolique.

Un accompagnement social et technique adapté doit être proposé à chaque ménage afin que la rénovation puisse être menée à son terme. 

 

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L’expert : Manuel Domergue, directeur des études de la Fondation Abbé Pierre

Manuel Domergue, directeur des études de la Fondation Abbé Pierre, rappelle la nécessité d’être plus ambitieux dans la rénovation des logements : pour qu’un logement devienne peu énergivore, cela demande que des travaux complets soient réalisés, en une seule fois. On ne peut se cantonner au changement d’une chaudière ou au remplacement des fenêtres.

Pour réduire le nombre de passoires énergétiques, il souligne la nécessité d’y consacrer davantage de financements publics et de mettre en place un accompagnement social et technique personnalisé pour les ménages modestes. Une politique de rénovation ambitieuse aurait des effets bénéfiques sur la santé, l’emploi, l’environnement et l’indépendance énergétique de la France.

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Il faut davantage d’aides et d’accompagnement pour des rénovations énergétiques complètes »
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Il faut davantage d’aides et d’accompagnement pour des rénovations énergétiques complètes
Crédits
Nom(s)
MARINA BELLOT
Nom(s)
Anaïs Pachabézian et Vincent Boisot
Fonction(s)
Photographes
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