Anahite, bénévole à La Casèla : « Prendre soin des autres remonte le moral »

Chapô
Anahite, une demandeuse d’asile originaire d’Arménie de 37 ans, raconte le plaisir qu’elle a à coiffer chaque mercredi des personnes accueillies à La Caséla, un espace du Secours Catholique réservé aux femmes à Toulouse.
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Texte

« Je suis venue à La Casèla prendre un petit-déjeuner pour la première fois il y a cinq mois. Je me suis tout de suite sentie bien au milieu de ces femmes. On s’y sent à l’aise, en confiance. J’ai immédiatement voulu m’engager dans l’équipe de bénévoles. J’ai proposé à Pascale (ndlr responsable bénévole de La Casèla) de coiffer les personnes intéressées. Elle a aimé mon idée et on a installé au sous-sol un petit salon de coiffure. On a acheté du matériel de coiffure, comme des sèche-cheveux, et j’ai aussi ramené le mien. Avant, j’étais coiffeuse, je travaillais dans un salon de coiffure en Arménie. J’ai exercé ce métier pendant 10 ans. J’ai gardé de cette vie des peignes et des ciseaux.

Ça me rend heureuse de pouvoir reprendre cette activité que j’aime tant. Ça me fait surtout plaisir de leur faire plaisir. Je viens chaque mercredi matin. Les personnes s’inscrivent avant, j’ai entre trois et cinq rendez-vous par semaine. Je remarque que leur regard change quand elles se voient dans le miroir après s’être fait coiffer. Elles ont le sourire. Elles avaient perdu le goût de prendre soin d’elles mais se faire couper les cheveux, changer un peu de coupe ou de couleur leur redonne le moral. Quand elles se sentent belles, elles regagnent confiance en elles. Et, pour moi, prendre soin d’elles me remontent le moral.

anahite

Leur regard change quand elles se voient dans le miroir après s'être faites coiffer.

 

 

Ce moment est aussi l’occasion de m’améliorer en français. Quand je suis venue d’Arménie il y a presque deux ans, je ne parlais pas un mot de français. Je prends des cours de langue dans une autre structure. Mais, à la maison, on ne parle qu’arménien. Avec mon mari et mes enfants, nous sommes hébergés dans un hôtel-social. Nous avons fait une demande d’asile. Pour le moment, nous n’avons aucune ressource. J’ai proposé à des salons de coiffure de m’embaucher mais, comme je n’ai pas de papiers, aucun n’a accepté. Mon mari est un blessé de guerre, il est en situation de handicap, il ne peut pas travailler.

Je suis engagée dans d’autres associations, je fais notamment du bénévolat pour Emmaüs. Je veux rester active et occupée. Ça me permet de rencontrer des personnes et de respirer. Je me sens moins seule et moins stressée. »

Crédits
Nom(s)
Djamila Ould Khettab
Fonction(s)
Journaliste
Nom(s)
Eléonore Henry de Frahan
Fonction(s)
Photographe
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