Annick, burundaise : « Vivre mieux ensemble, malgré la pauvreté »

« J’ai grandi dans la ville de Gitega où j’ai pu faire des études et avoir un diplôme en commerce et finances. Mais je n’ai pas trouvé de travail. Au Burundi, le chômage est très élevé parmi les jeunes. Je me suis installée avec mon mari dans son village natal, à Mugera, où nous avons construit une maison, et où nous élevons nos deux filles.
Mon mari est infirmier à Bujumbura la capitale, il ne rentre qu’une fois par mois. Son salaire est insuffisant pour nous quatre, alors il a contracté un crédit auprès d’une banque pour m’ouvrir un petit commerce de boissons et d’ustensiles divers à Mugera. Mais ça ne marche pas bien, les clients sont rares, parfois je ne gagne que l’équivalent d’un euro par jour, alors que j’ai besoin de 3€25 pour couvrir mes dépenses.
Nous montons des spectacles pour sensibiliser à la non-violence et nous apprenons à résoudre les conflits.
Même si je cultive un petit potager, je dois acheter de la nourriture et elle coûte chère, tout comme le charbon nécessaire pour la cuisine. Pourtant ici, je suis considérée comme riche car j’ai une maison en béton avec une arrivée d’eau dehors, alors que les autres doivent aller au puits. Je gère toutes les tâches domestiques : la lessive, le ménage, la cuisine, ainsi que l’éducation des filles. C’est comme ça ici : si tu es une femme, tu dois t’occuper de tout.
Dans la paroisse de Mugera, je participe au Club de jeunes, initié par la Commission diocésaine Justice et Paix de Gitega, partenaire du Secours Catholique. Nous montons des spectacles pour sensibiliser à la non-violence et nous apprenons à résoudre les conflits. Avant, il y avait des tensions ethniques et politiques dans le village, mais maintenant nous vivons en paix. Avec le Club de jeunes, nous cultivons aussi un champ de maïs ensemble. Nous avons le même objectif d’améliorer notre vie pour qu’à l’avenir, nous vivions mieux ensemble, malgré la pauvreté. »