Bernard, ex cadre de banque : « j'ai réalisé que la question du budget était un vrai casse-tête pour les ménages précaires. »
« Auparavant, j’étais cadre bancaire, et j’étais responsable de l’économie sociale et solidaire au Crédit mutuel de Bretagne (CMB). J’avais négocié pour le CMB la mise en place en quinze ans d’une vingtaine de dispositifs de microcrédit avec le Secours Catholique et d’autres organisations. Un jour de juin 2009, j’ai fait le point ce jour-là sur le partenariat noué en 2004 entre la banque et le Secours Catholique autour du microcrédit. C’est alors que j’ai décidé de changer de bord et lorsque j’ai pris une retraite anticipée, on m’a proposé de coordonner au Secours Catholique le microcrédit dans le Finistère.
Il faut dire que je m’imaginais mal vivre ma retraite dans un fauteuil à regarder la télévision, feuilleter la presse ou lire des bouquins, et je connaissais bien le sujet du microcrédit. Mon regard a changé en arrivant au Secours Catholique. Déjà auparavant, j’avais pris conscience du nombre important de personnes qui n’ont pas accès au crédit classique, ou alors dans des conditions exorbitantes. Arrivé au Secours Catholique, j’ai réalisé à quel point, pour beaucoup de ménages, la gestion du budget est un vrai casse-tête à cause de la faiblesse ou de l’irrégularité de leurs revenus.
Je regrette même que cette réalité ne soit pas mieux perçue par un bon nombre de collaborateurs de mon ancien milieu professionnel. Les personnes qui ont des incidents bancaires sont trop souvent présumées incapables de gérer leur argent. On ne leur fait donc pas confiance et elles se retrouvent exclues du système. Alors qu’il suffirait de leur proposer des conditions et un accompagnement adéquats.
Au Secours Catholique, il me faut parfois convaincre des vertus du microcrédit. Certains bénévoles sont plutôt dans une logique de don, d’autres préféreraient un prêt à taux zéro, plutôt qu’à 0,75 % comme nous le proposons, mais pour moi, ce taux d’intérêt, même minime, est utile. On met la personne dans la situation d’un client “classique”. On lui fait confiance et on lui permet de se sentir considérée. »