Marwan, confiné : « Ils veulent juste savoir si je vais bien »

Thématique(s)
Hérault, Marne, Yvelines
Chapô
Ils s’appellent Marwan et Simone. Ils se téléphonent régulièrement pour prendre des nouvelles, maintenir le lien, éviter l’isolement des plus fragiles. Témoignages croisés.
Paragraphes de contenu
Texte

Simone, appelante  :

« En temps normal, nous avons un café solidaire convivial qui rassemble des personnes migrantes le vendredi après-midi. Il y a aussi bien des demandeurs d’asile que des réfugiés ou des déboutés. Lors du premier confinement, tous se sont retrouvés démunis, sans trouver de quoi manger et nous leur avons distribué des chèques-services. Ce deuxième confinement a été vécu différemment : leurs besoins alimentaires sont comblés, mais ils se sentent très isolés. Ils nous le disent : « c’est en train de nous détruire. » Alors on multiplie les coups de fil et les SMS. Par le téléphone, on garde le lien et on se réconforte.

Les souffrances sont grandes, car ça dure et on ne sait pas quand ça va s’arrêter. On s’appelle au moins une fois par semaine. Le plus difficile, c’est pour les déboutés : la peur s’installe, alors qu’avec le café, on les ancrait dans une dynamique d’intégration. »

Marwan, appelé : 

« Je reçois au moins un coup de fil par semaine d’un bénévole. Ça me remonte le moral. Le Secours Catholique, c’est comme ma deuxième famille en France, car la mienne est restée au Yémen. On parle au téléphone de ce qu’on vit, des obstacles que l’on rencontre avec le confinement.

Se téléphoner m’apporte de la joie. C’est comme une séance de relaxation.

 

Marwan et Simone.

Je ressens davantage la solitude avec ce deuxième confinement et recevoir ces coups de fil m’offre un espace dans lequel je peux partager mes émotions sans être jugé. Se téléphoner m’apporte de la joie. C’est comme une séance de relaxation. J’ai besoin de partager ce moment avec quelqu’un qui s’intéresse à moi.

Au Secours Catholique, ils veulent juste savoir si je vais bien. Et puis garder le lien me permet de pratiquer le français. De temps à autre on fait aussi une conférence téléphonique tous ensemble. On appelle ça « groupe de parole en humanité ». On  s’entraide les uns les autres et ça marche dans les deux sens : migrants - bénévoles ou bénévoles - migrants. »

Crédits
Nom(s)
Cécile Leclerc-Laurent
Fonction(s)
Journaliste rédactrice
Nom(s)
Christophe Hargoues
Fonction(s)
Photographe
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