Depuis l’été dernier, la villa Ker Coët, à Pornichet (Loire-Atlantique), accueille au bord de l’Océan des personnes et familles accompagnées par le Secours Catholique et qui n’ont pas les moyens de partir en vacances. Pour ces parents et leurs enfants, cette parenthèse, bienvenue dans un quotidien souvent difficile, représente bien plus qu’un temps de repos.
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Heure ou date
11H
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« Normalement, ces belles maisons, on passe devant, on regarde par-dessus le portail et on se demande en rêvant un peu comment y vivent les gens », dit en souriant Leïla. « Cette fois, c’est nous qui y sommes ! » En ce mois de juillet 2024, cette mère de deux jeunes garçons, avocate de profession en Algérie et en attente de régularisation en France, savoure la semaine qu’elle passe dans la villa Ker Coët, à Pornichet (Loire-Atlantique), avec trois autres familles venues de Tourcoing (Nord).
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Fruit d’un don d’un particulier au Secours Catholique, la villa Ker Coët a été rénovée par l’association pour en faire une maison de vacances pour tous. Pour les ménages précaires, partir en vacances permet de reprendre des forces pour mieux affronter les difficultés du quotidien. Pour le Secours Catholique, ces projets sont un levier d’accompagnement plus global vers l’insertion, l’autonomie et la sortie de la précarité. « Ce sont notamment des moments propices pour s’ouvrir aux autres et créer du lien social », observe Laurent, bénévole, qui accompagne le groupe.
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Heure ou date
14H
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La maison peut héberger jusqu'à 15 personnes. Elle est composée de six appartements indépendants. Au rez-de-chaussée, tout le monde peut se retrouver dans la grande cuisine, dans le salon ou le jardin. « Sans obligation, assez naturellement, les familles ont privilégié la vie collective », remarque Laurent. « Dans notre studio, on a une kitchenette, mais finalement on ne l’utilise pas. On cuisine et on prend nos repas tous ensemble », confirme Kharfia, retraitée venue avec sa fille, Hayat. Amal, marocaine, qui vit seule en France avec ses deux enfants, apprécie ces tablées nombreuses. « Ici, mes filles sont entourées. Cette ambiance familiale, ça me manque. »
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Ce jeudi après-midi, Michelle, bénévole au sein de l’équipe qui se consacre à la villa, a organisé des “olympiades”. L’avant-veille, c’était un jeu de piste dans les rues de Pornichet. Un après-midi crêpes est prévu vendredi, tandis qu’Isabelle, masseuse professionnelle à la retraite, proposera des séances de massage. « Chaque bénévole propose des activités selon ses idées et ses compétences », explique Michelle, qui est aussi animatrice sportive de profession. Le but : créer de la convivialité, et proposer sans imposer. « Ce sont des familles déjà fortement contraintes dans leur quotidien. C’est important qu’ici elles aient le choix », estime la bénévole.
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« Cette semaine nous permet à la fois de nous défouler et de nous reposer », confie Amal, la mère de Kawtar, 6 ans, et de Meryem, 10 ans. Elle apprécie cette parenthèse bienvenue pour rompre la routine d’un quotidien souvent stressant. Ici, Amal peut lâcher prise et quitter son « rôle carré et serré, à la fois de papa et de maman ». « Hier, à la plage, j’ai joué avec mes filles. Je suis un peu comme une enfant », dit-elle en souriant. « Ça renforce le lien et la confiance entre nous. »
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« Cette semaine, mes enfants voient la mer pour la première fois », précise Mohammed, papa d’Adem, 5 ans, et d’Aïla, 3 ans. Originaire d’une ville côtière, cet ancien policier algérien qui « enchaîne les petits boulots en France depuis six ans », n’était jamais retourné à la plage depuis son départ d’Algérie. « Retrouver la mer, déclare-t-il, c’est une sensation extraordinaire. »
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Heure ou date
17H30
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Avec Pauline, animatrice au Secours Catholique, qui les accompagne depuis Tourcoing, Idriss, Kaïs, Adem et Meyriem s’essayent à la pétanque. Ce que cette dernière apprécie le plus dans ce séjour ? « La mer », répond-t-elle sans hésitation. Elle aime aussi Pornichet. « C’est très beau, ici. Et puis c’est calme, observe la jeune fille. Je ne saurais pas vraiment dire pourquoi, mais c’est différent du Nord. » Hayat, 21 ans, partage cette impression : « Ici chaque immeuble, chaque maison a son style unique. Ça a du charme, c’est vivant. Chez nous, à Tourcoing, il y a de la brique partout. C’est plus impersonnel. »
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Le plus important pour Fatima : « Créer des souvenirs à (s)es enfants. C’est ce qui les fait grandir, développe leur imaginaire, leur créativité », considère cette diplômée en biologie marine. Elle aime voir Adem et Aïla se baigner, « même si je panique dès qu’ils s’approchent de l’eau », dit-elle en riant. Pour elle, ces vacances contribuent à construire « des adultes sains, équilibrés, qui seront actifs dans la société ». Amal aussi se réjouit : Meryem et Kawtar auront enfin quelque chose à raconter à la rentrée. « Souvent, les maîtresses et les camarades demandent comment se sont passées les vacances. Jusqu’à présent, mes filles me demandaient : “Maman, est-ce qu’il faut qu’on invente ?” »
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« Nous avons construit ces vacances tous ensemble »
Par Laurent Haese, bénévole au Secours Catholique de Tourcoing
« Lorsque nous avons lancé ce projet début novembre 2023, avec les personnes et familles que nous accompagnons au Secours Catholique de Tourcoing, nous avons uniquement soumis l’idée de vacances collectives solidaires. Tout le reste était à construire. La première question était : « Pour vous, c’est quoi les vacances ? Comment imaginez-vous les vôtres ? » Ensuite il a fallu décider du lieu (mer, campagne, montagne), de la date selon les disponibilités de chacun, de la forme de ces vacances. Tout imaginer et décider ensemble à partir de zéro était une garantie, selon nous, que les familles s’approprient le projet. C’était aussi une manière, grâce aux échanges que cela occasionnait, d’apprendre à se connaître et de créer une cohésion de groupe importante pour que les vacances se passent le mieux possible. C’était enfin dans l’objectif plus général, poursuivi par le Secours Catholique, de redonner du pouvoir d’agir à des personnes qui en sont souvent dépossédées. C’est dans ce même esprit que nous avons proposé aux familles de participer financièrement, chacune à hauteur de ses possibilités, et de chercher ensemble d’autres moyens de financer ce projet, comme l’organisation d’un grand repas partagé. »