« En prison, je sème des graines »

Chapô
Depuis deux ans, Sylvie Chaveron passe, chaque semaine, un après-midi à la maison d’arrêt de Vannes. Comme celle de nombreux aumôniers, sa visite est un réconfort pour certains détenus. Pour elle, c’est la mise en pratique de la parole de Dieu.
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Munie du trousseau de clés qui lui est réservé, Sylvie Chaveron frappe à la porte avant de la déverrouiller et d’entrer. La plupart des cellules font 9 mètres carrés à peine suffisants pour contenir lits superposés, table, chaise, lavabo, frigo, télé et coin W.C. sous l’étroite fenêtre à double grille.

  « Bonjour Madame, comment allez-vous ? » Sylvie est généralement accueillie en ces termes. Avec le sourire, ils la font asseoir, lui offre parfois une collation.

 « Quand ils proposent un café, c’est qu’on a gagné leur confiance », confie Sylvie. S’engage ensuite une conversation guidée par les détenus qu’ils soient athées ou croyants. Certains demandent à s’entretenir avec elle en tête-à-tête. Tous reconnaissent l’importance d’avoir un regard venu de l’extérieur. Un jeune détenu albanais dit : « Ça me fait du bien de parler de l’Église. »

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 « L’équipe de Vannes était complète mais elle a accepté de m’intégrer, se souvient-elle. J’ai alors suivi une formation de deux ans, basée sur les documents réalisés par le département Prison du Secours Catholique. J’y ai appris le fonctionnement de l’administration pénitentiaire et la manière d’adopter une approche théologique qui privilégie l’écoute et la dimension humaine. »

Sylvie avait soif d’entendre les autres lui parler de Dieu. Il se trouve que ce désir s’est concrétisé en détention et elle l’a accepté comme un signe divin. « Dieu me parle de l’autre, dit-elle. Et je suis à l’affût des perles des groupes de parole. A Fleury, je glanais les paroles de vérité qui m’ont été dites, je les ai notées et je les conserve précieusement. »

Cette vocation n’est pas exempte de doute. « Parfois je me demande, avoue-t-elle, si ce que je fais sert à quelque chose. Mais je me dis que je sème des graines. Si certains s’en sortent, c’est en partie grâce aux gens de l’aumônerie. »

Dieu me parle de l'autre.

Et puis, il y a l’importance d’être un relais entre ceux qui connaissent la détention et ceux qui « disent n’importe quoi comme : “ ils sont chauffés, nourris, logés, ils ont la télé, etc.“ En prison, poursuit-elle, il y a des gens mauvais mais il y a aussi des gens bien. »

Crédits
Nom(s)
Jacques Duffaut
Fonction(s)
Journaliste
Nom(s)
Gaël Kerbaol
Fonction(s)
Photographe
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