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couverture d'un numéro de la revue L'Apostrophe

L'Apostrophe : une revue pour porter la voix des plus pauvres

Chapô
L’Apostrophe est une revue dont les auteurs sont des personnes qui, par leur expérience personnelle face à la précarité, ont développé une expertise sur les questions de pauvreté.
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Texte

Au sein du Secours Catholique et des organisations engagées contre la pauvreté, des hommes et des femmes vivant des situations difficiles s’expriment, relisent leur parcours, le mettent en mots, partagent ce qui est important pour eux et leur ressenti, et parviennent ainsi à élaborer une pensée collective. Tous les 6 mois, ce regard « de côté » permet de regarder et comprendre la société « autrement » et de l’interroger, voire l’apostropher.

Texte

Introduction à la lecture du numéro 1

Depuis des années, au sein du Secours Catholique, dans des groupes, des ateliers d’expression, parfois de façon solitaire, des hommes et des femmes vivant des situations difficiles s’expriment, relisent leur parcours, le mettent en mots, partagent ce qui est important pour eux et leur ressenti, cherchent aussi à élaborer une pensée collective sur un certain nombre de sujets qui les concernent de très près.

C’est à ces mots-ci que L'Apostrophe veut semestriellement offrir un espace de reconnaissance et de partage, une table d’harmonie, de nature à en propager et à en laisser résonner toutes les harmoniques.

En donnant la parole aux personnes et aux groupes en précarité, à celles et à ceux, aussi, qui les accompagnent au quotidien, ces pages entendent contribuer, même modestement, à faire en sorte que « les savoirs, nés de l’expérience de vie des personnes et des groupes vivant des situations de précarité, soient reconnus et partagés pour créer des connaissances et pratiques nouvelles ».

Pour ouvrir L'Apostrophe, nous avons choisi de laisser le dernier mot à Thierry.

Pour la musique de ses mots, pour ce qu’il dit des fruits de l’exercice.

Comme tous les textes que vous découvrirez, celui-ci a une histoire. Participant à un atelier d’écriture, au cours d’un voyage de l’Espérance, Thierry s’est trouvé confronté à l’angoisse de la page blanche (verte, en l’occurrence), alors que l’animateur proposait d’établir la liste de ses souvenirs, puis d’en déployer un, choisi pour sa résonance avec la sensibilité de leur porteur, à ce moment-là…

– Je ne sais pas quoi dire…

– Eh bien, écris-le…

– ???

Le résultat est présenté trois lignes en dessous…

Certains textes ont fait l’objet d’une mise au travail, au sein d’ateliers d’écriture. C’est tout le sens du mot « atelier ». D’autres jaillissent d’un seul trait de plume. Celui de Thierry est de ceux-ci.

Inspirés…

Page blanche

Page blanche
Drame d’enfance
L’insupportable bruit tout autour de moi
Des plumes qui s’appliquent et qui grattent
Mémoire liquéfiée
Exercice obligé
Terrifiante page blanche.

Page blanche
Miracle des commencements
Promesse d’un jour nouveau
Grisante émotion d’un temps où tout est possible
Les mots pour se dire, le trait pour décrire
Plume choisie
Merveilleuse page blanche.

Lance-toi, ma plume
Même si tu ne sais où tu vas
Même si les mots que tu traces me surprennent
Surgis de l’intime source dont toi seule as la clef
Puise et vole
Chante et danse
Sur la page blanche de ma vie.

Lance-toi, ma plume
À cœur ouvert
À cœur offert
Petite musique des mots
Jetés sur la page blanche
Compose en moi
Le chant de la paix retrouvée.

Aucune page de nos vies n’est écrite à l’avance
À chacun sa plume
L’espérance renaît d’une page blanche.

Thierry L.

Puisse cette « petite musique des mots » vous inspirer à votre tour…

Bonne lecture à tous.