Migrants : Danser, rire, jouer, cuisiner, discuter... S'intégrer

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L’idée était de créer un espace de « rencontre pur ». Un samedi par mois, depuis octobre, le Centre d’entraide aux demandeurs d’asile et réfugiés (Cèdre), antenne spécialisée du Secours Catholique, organise un brunch ouvert à tous.
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Un samedi matin pour oublier un peu le quotidien
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« Ce qui me plaît, c’est de pouvoir faire des choses avec des autres sans qu’à aucun moment, la langue, ou quoi que ce soit, n’apparaisse comme une barrière », confie Antoine Anquetil. C'est la troisième fois que cet étudiant auvergnat, arrivé à Paris au mois de janvier, participe au brunch mensuel organisé par le Centre d’entraide aux demandeurs d’asile et réfugiés (Cèdre), antenne spécialisée du Secours Catholique située dans le 19e arrondissement de Paris. Avec lui, il y a Raul Humberto, militant colombien des droits de l’Homme, Fatema et son mari, un couple de Bangladais, Cheikh, originaire de Dakar, Aurélie, salariée du Cèdre, Mamadou Lamine, qui vient de Guinée... Ils sont en tout une trentaine à s’activer, ce samedi 9 avril, dans le réfectoire du Cèdre.

De quoi parlent-ils ? « De tout, se marre le jeune homme. De foot, de ce qu’on a fait depuis la dernière fois, des concerts qu’on est allé voir, de savoir si untel qui cherchait du travail en a trouvé... » « Au début nous avions imaginé quelque chose de plus formel, explique Zélie Verdeau, bénévole au Cèdre, organisatrice des brunchs du samedi. Un rendez-vous où l’on pourrait donner aux personnes migrantes des informations sur la France, et où elles-mêmes pourraient nous faire partager leur propre culture. C’est d’ailleurs ce qu’il s’est un peu passé au début. Puis nous nous sommes aperçus au fur et à mesure des brunchs, que beaucoup venaient surtout pour vivre un moment convivial et oublier un peu le quotidien. » En discutant avec les uns et les autres, Antoine a découvert « leurs histoires souvent complexes, liées à des difficultés dans leurs pays d’origines, puis l’arrivée à Paris sans savoir trop où aller avant que petit à petit des liens ne se créent ».

 Agenouillé dans les plates bandes, un sécateur à la main, Mamadou Lamine Diallo évoque les troubles liés à la solitude et au déracinement. « Quand tu arrives en France, tu es confronté à une nouvelle réalité, c’est stressant. Tu penses à tes enfants que tu as laissés à ta femme, tu déprimes. Tu commences à avoir des idées noires », raconte le Guinéen. « Venir ici, poursuit-il. Rire, discuter, jouer, cuisiner et manger ensemble, jardiner, danser, cela peut paraître de toutes petites choses, mais c’est très important pour nous. Ça nous apaise et nous recadre. » S’arrêtant un instant, il repense au cours de cumbia improvisé par Raul Humberto après le repas. « Cela faisait cinq ans que je n’avais pas dansé. »

Crédits
Nom(s)
Xavier Schwebel
Fonction(s)
Photographe
Nom(s)
Benjamin Sèze
Fonction(s)
Journaliste rédacteur
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