Précarité mobilité : des voitures en autopartage dans le Tarn

Le soleil tire doucement sa révérence sur Carmaux, petite ville perchée du Tarn. Il est un peu plus de 18 heures. Lucida pousse un cri de joie à la vue d’une modeste Clio grise garée sur le bas-côté. Pour l’auxiliaire de vie, mère de deux enfants, c’est bien plus qu’une voiture. Elle représente la « possibilité de reprendre une activité à temps plein. Enfin ! ». Depuis que sa voiture est tombée en panne, en août dernier, elle dépendait de son frère, chauffeur-livreur, pour se rendre au travail. « C’était compliqué. Je ne pouvais faire que peu d’heures, pour un petit salaire ».
C’est sa conseillère à France Travail qui lui a parlé de Mobitarn, un service d’autopartage mis en place depuis deux ans par le Secours Catholique dans le département. Le principe : proposer à la location un véhicule pour une durée d’un mois renouvelable à un tarif abordable à des personnes sans solution de transport. La priorité est donnée aux personnes en (ré)insertion professionnelle. Les cinq voitures mises en location, dont une électrique et une sans permis, « vont et viennent. La demande ne désemplit pas », souligne Thierry, responsable bénévole.
L'autopartage est une solution de dernier recours.
Ce service d’autopartage est une « solution de dernier recours » pour des personnes en situation de précarité habitant un « territoire pensé et aménagé pour l’automobile », explique Pauline Samain, animatrice au Secours Catholique. « Une grande partie de la périphérie de la ville d’Albi est dépourvue de transports collectifs et n’est donc accessible qu’en voiture », ajoute-t-elle. Les personnes sans voiture sont de fait « exclues ».
Cette solution de dépannage « m’a sauvée. J’étais dans le bourbier », confie Jessie, une ancienne bénéficiaire. Avec le Covid, son activité de correctrice a commencé à tourner au ralenti. « J’ai perdu mes plus gros contrats ». Les dettes se sont accumulées. Pour sortir la tête de l’eau, elle a enchaîné les missions d’aide à domicile en intérim. Mais sa vieille voiture l’a laissée en rade. « Il fallait réagir en urgence ». Elle loue alors une citadine « 400 euros par mois ». Intenable sur le long terme au regard de ses faibles revenus. Elle finit par rencontrer les équipes de Mobitarn, qui lui fournissent un véhicule.
Microcrédit
Aujourd’hui, Jessie est propriétaire d’une voiture qu’elle a obtenu grâce à un microcrédit garanti par le Secours Catholique. Elle peut ainsi faire du bénévolat dans une médiathèque, « située dans une zone hyperrurale à 45 minutes » de son domicile, dans l’optique d’une reconversion professionnelle. La jeune femme souhaite en effet devenir auxiliaire de bibliothèque, « un métier stable » et plus proche de ses centres d’intérêt. « On accompagne les personnes jusqu’à l’autonomie, précise Thierry, le bénévole. On les aide à trouver des solutions sur le long terme pour reprendre le pouvoir sur leur vie ».