Une « Pause popote » où chacun a sa place

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À Tulle (Corrèze), Nathalie, Nevzat, Nedret et d’autres se retrouvent un mardi sur deux pour cuisiner et partager un déjeuner au local du Secours Catholique. Un moment convivial pendant lequel chacun oublie ses difficultés.
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Des participants à l’atelier cuisine Pause popote sont rassemblés autour d’une table et partagent un repas.
« Je crois que je m’amuse autant que ceux qui viennent », confie Annie, bénévole en charge de l’atelier Pause popote au Secours Catholique de Tulle. 

En cuisine, Xhuliana parfume au romarin les pommes de terre qui accompagneront la morue. « À la fin, je vais ajouter du beurre », glisse-t-elle avec un sourire gourmand. C’est une habituée de l’atelier Pause popote organisé dans le local du Secours Catholique de Tulle, à quelques rues de la cathédrale. «  Ici, on oublie un peu notre situation, confie la jeune albanaise. Ça nous aide de partager un moment spécial avec d’autres. »

Certains participants vivent en hébergement d’urgence ou attendent d’obtenir des papiers, d’autres perçoivent une allocation aux adultes handicapés. Ceux qui le peuvent donnent 2 € pour contribuer aux frais. 

Faire quelque chose autour de la cuisine, c’est toujours rassembleur.

Annie, bénévole, est à l’initiative de l’atelier : « Faire quelque chose autour de la cuisine, c’est toujours rassembleur, convivial, et ça permet de dépasser les difficultés d’expression des uns et des autres. » Pour elle, « le but est que les gens passent un bon moment » et que chacun trouve sa place.

Bunlai vient depuis deux ans. Discrète, elle s’exprime en anglais. Son conjoint fait sa promotion : « Elle a ouvert une micro entreprise de massage et va faire des démonstrations sur le marché le mois prochain ! » Xhuliana propose de l’accompagner.

Midi sonne à la cathédrale, de l’autre côté de la Corrèze qui coule au milieu de la ville. L’arôme des pommes de terre au romarin et le parfum de la soupe de légumes emplissent la salle. Nathalie, Nedret, Xhuliana mettent le couvert, Francesca apporte des chaises supplémentaires. 

L'ingrédient clé : la convivialité

Nevzat, que l’on surnomme « le chef » - il tenait un restaurant dans son pays -, pose sur la table une marmite de soupe. Annie s’étonne : « Je n’ai jamais mangé du potiron avec ce goût-là. C’est délicieux ! » Le cuistot livre ses secrets : persil, oignon, ail, cumin. Il a également revisité la brandade royale, devenue de la morue panée aux pommes de terre. 

Annie énumère les ingrédients d’une Pause popote réussie : des légumes de saison, une vraie cuisine, des rencontres, des interactions pour parfaire son français. Et ce qui lie le tout : la convivialité. Pour ce dernier ingrédient, elle n’a pas de doute : « L’objectif est atteint à 120 %. »  

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En cuisine, une jeune femme assaisonne un plat de pommes de terre.
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Se sentir utile

Xhuliana, 32 ans, a découvert Pause popote grâce au travailleur social qui l’accompagne. En attendant de trouver un travail, elle est bénévole au Secours Catholique, au Secours populaire, à la mission locale. Elle qui ne parlait pas français il y a quelques années donne désormais des cours de langue à des mineurs non accompagnés. « Je suis contente, c’est super sympa et je me sens utile à la société ! »

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Un homme en tablier de cuisine prépare de la morue panée. Il regarde l’objectif avec un grand sourire.
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Cuisiner avec plaisir

Nevzat, 65 ans, surnommé « le chef », tenait un restaurant en Albanie. En cuisine, il se sent à sa place et ajoute sa touche personnelle au menu. « Ce travail, je le fais avec plaisir », assure-t-il avec un immense sourire. Il avait un poste de cuisinier dans la restauration collective. Il a perdu son travail du fait du Covid et a du mal à trouver un poste depuis. « Moi, je veux travailler ! »

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Une femme masse les épaules d’une autre femme en attendant le repas.
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Montrer ses capacités

Christiane et Suzanne, deux des bénévoles de Pause popote, se font masser les épaules par Bunlai, qui vient de créer sa micro-entreprise pour proposer des soins aux particuliers. L’occasion pour elle de mettre en valeur ce qu’elle sait faire. Les participants au repas promettent de lui faire de la publicité pour qu’elle trouve ses premiers clients.

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Une femme coupe une pomme épluchée lors d'un atelier Pause Popote. Une deuxième femme est à ses côtés et regarde ce qu'elle fait en souriant.
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Faire ensemble

Bunlai parle thaïlandais et anglais, Nedret parle albanais. Se retrouver autour de la cuisine leur permet de faire quelque chose ensemble malgré l’absence de langue commune. 
 

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Des participants à l’atelier cuisine Pause popote sont rassemblés autour d’une table et partagent un repas.
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S’immerger dans la culture française

Pour Annie, bénévole en charge de cet atelier, Pause popote doit être un lieu de rencontres pour « découvrir des gens d’autres pays » et s’immerger dans la culture française, métissée, à l’image de leur diversité d’horizons.  « Ici, je ne pose pas de question. L’objectif est que chacun passe un bon moment. »
 

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Un homme d’une trentaine d’années laboure un jardin partagé avec une fourche.
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Retourner à la terre

Dans un jardin partagé de Tulle, à l’emplacement des anciens jardins ouvriers, une parcelle vient d’être mise à la disposition du Secours Catholique. « Dans la société moderne, on s’est éloigné de la terre », regrette Mario, 35 ans. Le mari de Xhuliana se réjouit d’être un des premiers bénévoles du jardin. Il espère que dans quelques mois, cette parcelle fournira des légumes pour l’atelier cuisine.

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Nom(s)
Aurore Chaillou
Fonction(s)
Journaliste
Nom(s)
Sébastien Le Clézio
Fonction(s)
Photographe
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