Une « Pause popote » où chacun a sa place
En cuisine, Xhuliana parfume au romarin les pommes de terre qui accompagneront la morue. « À la fin, je vais ajouter du beurre », glisse-t-elle avec un sourire gourmand. C’est une habituée de l’atelier Pause popote organisé dans le local du Secours Catholique de Tulle, à quelques rues de la cathédrale. « Ici, on oublie un peu notre situation, confie la jeune albanaise. Ça nous aide de partager un moment spécial avec d’autres. »
Certains participants vivent en hébergement d’urgence ou attendent d’obtenir des papiers, d’autres perçoivent une allocation aux adultes handicapés. Ceux qui le peuvent donnent 2 € pour contribuer aux frais.
Faire quelque chose autour de la cuisine, c’est toujours rassembleur.
Annie, bénévole, est à l’initiative de l’atelier : « Faire quelque chose autour de la cuisine, c’est toujours rassembleur, convivial, et ça permet de dépasser les difficultés d’expression des uns et des autres. » Pour elle, « le but est que les gens passent un bon moment » et que chacun trouve sa place.
Bunlai vient depuis deux ans. Discrète, elle s’exprime en anglais. Son conjoint fait sa promotion : « Elle a ouvert une micro entreprise de massage et va faire des démonstrations sur le marché le mois prochain ! » Xhuliana propose de l’accompagner.
Midi sonne à la cathédrale, de l’autre côté de la Corrèze qui coule au milieu de la ville. L’arôme des pommes de terre au romarin et le parfum de la soupe de légumes emplissent la salle. Nathalie, Nedret, Xhuliana mettent le couvert, Francesca apporte des chaises supplémentaires.
L'ingrédient clé : la convivialité
Nevzat, que l’on surnomme « le chef » - il tenait un restaurant dans son pays -, pose sur la table une marmite de soupe. Annie s’étonne : « Je n’ai jamais mangé du potiron avec ce goût-là. C’est délicieux ! » Le cuistot livre ses secrets : persil, oignon, ail, cumin. Il a également revisité la brandade royale, devenue de la morue panée aux pommes de terre.
Annie énumère les ingrédients d’une Pause popote réussie : des légumes de saison, une vraie cuisine, des rencontres, des interactions pour parfaire son français. Et ce qui lie le tout : la convivialité. Pour ce dernier ingrédient, elle n’a pas de doute : « L’objectif est atteint à 120 %. »