
Plan Grand Froid : comprendre le dispositif & agir
Chaque hiver, ce sont des vies fragilisées que le froid met en danger. Sans-abri, personnes isolées ou encore personnes âgées… Les températures extrêmes aggravent ces situations de précarité et menacent leur santé. Pour y faire face, l’État active le Plan Grand Froid au niveau national. Ce dispositif d’urgence vise à protéger les plus fragiles, à alerter et prévenir les risques sanitaires. Découvrez comment fonctionne ce plan et pourquoi les actions menées par les associations comme le Secours Catholique essentielles.
Le Plan Grand Froid, un dispositif vital face aux températures extrêmes
Tous les ans, du 1er novembre au 31 mars, le Plan Grand Froid est activé par l’État pour faire face aux vagues de froid. Le but de ce dispositif interministériel est de prévenir et atténuer les conséquences sanitaires et sociales liées aux vagues de froid. Il protège en priorité les personnes les plus vulnérables (sans-abri, personnes âgées, enfants, nourrissons…).
Le Plan Grand Froid se déclenche en fonction des niveaux de vigilance communiqués par Météo-France. C’est le cas lorsqu’un épisode de froid intense persiste au moins deux jours, avec des températures bien inférieures aux normales de saison.
En cas d’alerte, les services de l’État renforcent les dispositifs d’urgence : ouverture de places supplémentaires dans les centres d’hébergement d’urgence, mobilisation du 115 et soutien à ceux qui en ont le plus besoin.
Comment le Plan Grand Froid est-il activé et quels sont ses niveaux de vigilance ?
Le Plan Grand Froid s’active grâce aux alertes météorologiques précises de Météo-France. Elle actualise deux fois par jour une carte de vigilance basée sur les températures ressenties et la situation locale, sur les 24 heures à venir.
Il y a quatre niveaux, chacun correspondant à un degré de froid et de vigilance :
- Niveau 0 (vigilance verte) : une veille saisonnière active du 1er novembre au 31 mars (comme la trêve hivernale), sans alerte particulière.
- Niveau 1 (vigilance jaune) : un pic de froid ou épisode persistant avec des températures entre 0 °C et -5 °C, pouvant descendre jusqu’à -10 °C la nuit.
- Niveau 2 (vigilance orange) : le grand froid avec des températures très basses, entre -10 °C et -18 °C.
- Niveau 3 (vigilance rouge) : le froid extrême avec des températures négatives sous les -18 °C, déclenchant une mobilisation d’urgence face à une situation exceptionnelle.
Un filet de sécurité pour les plus démunis grâce aux mesures d’urgence et aux acteurs mobilisés
Lorsque le Plan Grand Froid est activé, une mobilisation générale s’organise pour venir en aide aux personnes les plus exposées. La priorité est donnée au renforcement de l’hébergement d’urgence. Des places supplémentaires sont ouvertes dans des bâtiments publics, des gymnases ou via des nuitées hôtelières.
Face à l’urgence, le Collectif des Associations pour le Logement, dont le Secours Catholique est membre, exerce une pression pour que l’État respecte ses obligations en matière de droit au logement et à l’hébergement.

En parallèle, les maraudes sont renforcées. Des équipes mobiles du Samu Social, de la Protection Civile et de nombreuses associations pour les sans-abris sillonnent les rues, étendant leurs horaires et couvrant les zones les plus reculées. Leur mission est de repérer, écouter et orienter les personnes à la rue.
Le numéro d’urgence sociale 115 augmente également le nombre d’écoutants pour traiter plus d’appels et orienter rapidement les personnes vers une solution d’accueil. De nombreux centres d’accueil de jour, comme ceux du Secours Catholique, offrent un lieu de repos, de chaleur, un repas ou une aide matérielle de première nécessité.
Toute cette solidarité est possible grâce à un grand nombre d’acteurs impliqués, comme les préfets, les mairies (chargées notamment des registres de personnes vulnérables), les services de l’État (DDETS, ARS, sécurité civile, police), les CCAS (Centre Communal d’Action Sociale) et diverses associations engagées.
Secours Catholique, Croix-Rouge, Aurore, France Horizon, Restos du Cœur, Ordre de Malte, etc. Nous sommes tous unis pour protéger la dignité des plus précaires.
Au-delà des chiffres, les histoires de celles et ceux qui affrontent le froid
Face au grand froid, les personnes sans domicile fixe sont en première ligne. Sans toit, sans vêtements adaptés, ni repas chauds, elles luttent chaque nuit pour survivre.
« On voit les gars qui commencent à stresser et qui s’énervent de plus en plus au cours de la journée. Le lundi matin, ils appellent le 115 dès 8 heures. Souvent, on ne parvient à avoir quelqu’un qu’à 15 heures. Des fois, tu passes la journée à appeler et tu n’as pas de place. L’autre jour, j’appelais avec trois portables en même temps. Ça rend les gens dingues », nous confie Farouk, sans domicile fixe accompagné par le Secours Catholique.
Les personnes âgées, isolées et fragiles, perçoivent moins bien le froid, souvent aggravé par des problèmes respiratoires. Les nouveaux-nés sont aussi très vulnérables, tout comme les travailleurs en extérieur, exposés à des risques d’hypothermie et d’engelures.

Quant aux familles vulnérables, même logées, souffrent du froid. « Ça suinte sur les portes quand il fait froid », raconte Alain, qui vit dans une ancienne grange mal isolée avec sa compagne et leurs deux enfants. « Les matins d’hiver, ma bouteille d’eau, posée sur le plancher à côté du lit, était gelée. »
L’intoxication au monoxyde de carbone, liée à des chauffages d’appoint mal ventilés, s’ajoute aux dangers. Pour tous, le froid représente un risque vital.
Pour le Secours Catholique, la solidarité durable est la clé
Le Plan Grand Froid est une réponse ponctuelle à une détresse durable. Pour le Secours Catholique, la véritable solidarité s’inscrit dans le temps long : répondre à l’urgence, oui, mais surtout agir sur les causes profondes de la pauvreté et de l’exclusion.
Le Secours Catholique anime près de 70 accueils de jour, organise des maraudes et propose des solutions d’accompagnement à long terme. À Meaux, Evelyne, qui accompagne chaque semaine des personnes dans leurs démarches Daho/Dalo, montre à quel point l’écoute et la constance peuvent redonner confiance.
« On prend le temps, pour prendre soin de la personne », dit-elle, marquée par la force des histoires partagées. Son engagement dépasse largement la simple aide administrative. « Les personnes que l’on aide repartent un peu plus sereines, car on leur a expliqué ce qui les attendait ».

Au sein de ce réseau d’accueils, des lieux sont spécifiquement dédiés aux femmes. C’est le cas de La Casèla, à Toulouse. Pascale, bénévole responsable, nous raconte : « On a remarqué que les femmes fréquentaient peu les accueils de jour de la ville. On a alors mené une étude auprès de ces accueils et il a émergé le besoin de créer un lieu spécifique pour les femmes en précarité ».
Cette vision participative est au cœur d’une société plus juste et résiliente. Mais rien de tout cela ne suffira sans une volonté politique forte. C’est pourquoi le Secours Catholique interpelle les pouvoirs publics à travers une campagne nationale, exigeant des politiques de logement durables et une réelle lutte contre l’exclusion.
Comment aider concrètement en cas de grand froid ?
En période de grand froid, chacun peut agir à son échelle pour se protéger et venir en aide aux plus vulnérables :
- S’informer et se préparer : suivez les alertes météo, vérifiez le bon fonctionnement des chauffages, aérez régulièrement son logement et préparez un kit d’urgence.
- Limiter les déplacements : évitez les sorties prolongées et soyez prudent sur les routes en cas de verglas.
- Aider les plus démunis : distribuer des vêtements chauds, des boissons ou un repas nourrissant sont des gestes simples.
- Veiller sur les personnes fragiles : prenez des nouvelles de vos voisins âgés ou isolés.
- Avoir le réflexe 115 : signalez toute personne sans abri ou en difficulté que vous croisez dans la rue.
La solidarité de proximité est une alliée précieuse face aux vagues de froid.
Le Plan Grand Froid est une réponse vitale face à l’urgence, mais il ne suffit pas à lui seul. L’engagement citoyen et la solidarité sont essentiels pour protéger les plus vulnérables. Chacun peut agir à son niveau. Soutenir des associations comme le Secours Catholique, c’est contribuer à la construction d’une société plus juste et plus protectrice pour tous.