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Une demandeuse d'asile aidée par une bénévole du Secours Catholique

Demandeur d’asile : un parcours du combattant

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En 2024, l’Ofpra a reçu 153 596 demandes d’asile. Un chiffre en baisse de 5,5 % par rapport à 2023, principalement en raison du recul des procédures Dublin. En parallèle, les demandes en procédure normale, accélérée ou en réexamen, elles, continuent d’augmenter. Face à ces parcours semés d’obstacles administratifs et humains, nous revenons sur la complexité du système d’asile en France ainsi que l’engagement d’acteurs comme le Secours Catholique.

Qu’est-ce qu’un demandeur d’asile ?

Un demandeur d’asile est une personne étrangère qui sollicite la protection d’un autre pays, car elle se sent en danger dans son pays d’origine. Cette démarche repose sur un droit humain fondamental, garanti par la Convention de Genève de 1951 et inscrit dans la Constitution française.

Le droit d’asile vise à protéger les personnes exposées à des persécutions ou à des menaces graves. Elles peuvent être liées à diverses raisons, la religion, les opinions politiques, le genre ou l’orientation sexuelle. Tant qu’une demande d’asile est en cours d’examen par l’OFPRA, la personne n’a pas encore le statut de réfugié, mais elle doit être protégée.

Demandeur d’asile, réfugié, migrant : quelles différences

trois hommes demandeurs d'asile en train de discuter
Firas (au centre), réfugié et bénévole au Cedre. © Elodie Perriot

« Demandeur d’asile », « réfugié » et « migrant » sont des termes souvent utilisés de manière confuse et interchangeable. Pourtant, ils renvoient à des réalités bien distinctes

Un demandeur d’asile est une personne qui a fui son pays d’origine en raison de persécutions ou de menaces graves et qui a déposé une demande de protection auprès d’un autre État. Tant que cette demande est en cours d’examen, elle n’a pas encore le statut de réfugié. Celui-ci lui est accordé une fois que les autorités reconnaissent le bien-fondé de sa démarche. Les réfugiés obtiennent alors une protection internationale.

Le terme migrant désigne plus largement toute personne vivant hors de son pays d’origine, sans que la raison de son départ soit précisée. Il peut s’agir d’un choix personnel (travail, études, regroupement familial) ou d’une nécessité. Une personne migrante peut aussi devenir demandeur d’asile si sa situation le justifie.

Demandeur d’asile : quelles sont les démarches ?

Déposer une demande d’asile en France s’apparente souvent à un parcours du combattant. Longue et semée d’obstacles administratifs, la procédure peut rapidement déstabiliser les personnes qui y sont confrontées.

C’est le cas de Firas, demandeur d’asile libanais, qui nous confie : « À mon arrivée ici, je me suis senti un peu perdu. Je connaissais pourtant bien la France. J’étais déjà venu de nombreuses fois en vacances. J’ai de la famille et des amis ici. Mon frère jumeau habite à côté de Paris. Mais en me présentant comme demandeur d’asile, j’ai découvert une autre réalité : la longueur et la complexité de la procédure. Sans droit de séjour, je n’avais pas le droit de travailler. Les journées étaient longues et ennuyantes. Pour ne pas rester à ne rien faire, je me suis engagé comme bénévole. »

Il faut d’abord se présenter aux autorités françaises : police aux frontières lors de l’arrivée ou SPADA (structure de premier accueil) si la personne est déjà sur le territoire. Le rendez-vous au GUDA (guichet unique pour demandeurs d’asile) permet l’enregistrement de la demande avec prise d’empreintes digitales, remise d’une attestation de demande d’asile et du formulaire OFPRA.

Trois types de procédures sont possibles :

  • procédure normale (examen classique) ;
  • procédure accélérée (délais réduits en raison de certains critères, comme l’origine d’un pays dit « sûr ») ;
  • procédure Dublin (lorsqu’un autre pays européen est responsable du dossier).

Un agent OFII (Office français de l’Immigration et de l’Intégration) évalue ensuite les conditions matérielles d’accueil comme l’hébergement et l’Allocation pour Demandeur d’Asile (ADA). Ces aides peuvent être refusées selon certaines situations.

C’est l’OFPRA qui prend la décision de soit :

  • accorder le statut de réfugié ;
  • accorder la protection subsidiaire ;
  • rejeter une demande.

Comme le souligne le rapport Les oubliés du droit d’asile du Secours Catholique, le système d’enregistrement est loin d’être simple et nécessite de passer par une plateforme téléphonique. 

Aurélie Radisson, responsable Accueil et droits des étrangers, dénonce : « 24 % des personnes interrogées nous ont dit ne pas avoir de téléphone. De plus, l’appel n’est pas gratuit et l’attente au bout du fil coûte en moyenne 10 euros pour obtenir un rendez-vous. Pour un étranger, accéder à cette demande fondamentale qu’est le droit d’asile est très complexe ».

Quels sont les droits des demandeurs d’asile ?

des femmes demandeuses d'asile tissent
Le Secours Catholique mène diverses actions auprès des personnes vulnérables et en demande d'asile. © Xavier Schwebel

Tout demandeur d’asile bénéficie du droit de séjourner en France pendant l’examen de sa demande, ce qui lui est confirmé par une attestation de demande d’asile. Celle-ci lui permet de rester en situation régulière et de circuler sur le territoire.

En matière d’accueil, il peut prétendre à l’Allocation pour Demandeur d’Asile (ADA), dont le montant varie selon la composition familiale et les conditions d’hébergement, ainsi qu’à une place dans un dispositif d’hébergement adapté.

La prise en charge gratuite des soins médicaux, la réduction des transports, l’ouverture d’un compte bancaire sont autant de droits dont bénéficient les demandeurs d’asile. Durant la procédure auprès de l’OFPRA, une aide sociale et juridique leur est accordée.

Le droit au travail est possible si aucune réponse n’a été donnée six mois après l’enregistrement et avec l’autorisation préfectorale. Une situation peu fréquente en pratique.

Le Secours Catholique accompagne les demandeurs d’asile

trois femmes demandeuses d'asile discutent
À la Maison Sésame, un tiers-lieu accueillant des demandeurs d'asile à Lyon. © Xavier Schwebel

Les droits des demandeurs d’asile sont garantis par la loi, mais leurs parcours restent difficiles. Les administrations sont souvent saturées, le délai pour obtenir un rendez-vous peut être long et la constitution du dossier OFPRA demande une rigueur administrative. À cela, la précarité du quotidien et la peur constante d’une expulsion pèsent, en particulier pour les personnes « dublinées ».

Dans ce contexte, l’action des associations de solidarité est déterminante. Le Secours Catholique mène diverses actions auprès des personnes vulnérables. L’association propose un hébergement temporaire au sein de familles d’accueil via le réseau WELCOME, comme dans les Yvelines, un accompagnement dans les démarches administratives, mais aussi des activités culturelles pour recréer du lien social.     

À Paris, l’association a mis en place le CEDRE, un centre d’entraide entièrement dédié aux personnes exilées.

Le Maison Sésame à Lyon est un tiers-lieu porté par le Secours Catholique. Nous y proposons notamment des cours de français. Marie, bénévole et ancienne enseignante, prend à cœur d’enseigner la langue française. « Je suis rigoureuse ! témoigne-t-elle. Ce n’est pas parce qu’on est bénévole qu’on va faire un cours au rabais. C’est vraiment important d’offrir un enseignement de qualité et d’avoir la volonté que les personnes se sentent valorisées. Les cours ici se passent vraiment dans un bain d’humanité ! ».

L’accueil et la solidarité prennent tout leur sens dans l’accompagnement des demandeurs d’asile. Vous souhaitez agir ? Devenez bénévole auprès du Secours Catholique ou faites un don pour soutenir ces personnes en quête de protection. Chaque geste compte pour bâtir un avenir plus juste et solidaire.