Sans-abris : retrouver du lien social à Versailles
« Salut Issa, ça va ? » Bonnet de laine enfoncé sur la tête et anorak bleu marine, Issa vient de pousser la porte du “24 Terre d’accueil”, l’accueil de jour du Secours Catholique à Versailles. « Non, pas trop », répond l’homme, visiblement fatigué et tendu, à la bénévole qui le salue. « Je sors de cellule de dégrisement, je peux prendre une douche ? » Le service vient de se terminer, mais l’équipe sent que la situation vaut bien une exception.
Au 24 ter rue du Maréchal Joffre, à Versailles, l'équipe de l'accueil de jour du Secours Catholique reçoit tous les matins, du lundi au vendredi, des personnes sans abri ou mal logées qui viennent y trouver du répit, de l'écoute et de l'aide. Un petit déjeuner et des services de douches et laverie y sont également proposés.
cinéma
Issa traverse la pièce aux couleurs vives aménagée de plusieurs tables, d’une étagère remplie de jeux de société et d’un bar cuisine d’où s’échappe une odeur de café. Attablé non loin du bar, Bruno, 65 ans, termine son petit-déjeuner. Allocataire du RSA, propriétaire d’un appartement mais où l’électricité est coupée, il vient régulièrement, depuis deux ans, se doucher et faire des machines de linge. Mais ce qui l’intéresse surtout, c’est de voir du monde.
« Surtout le lundi matin, avec l’activité cinéma, précise-t-il. On est généralement une quinzaine. On choisit le film, on prépare un repas, on lance le film – hier, c’était Taxi – et après il y a un petit débat. C’est sympa. »
Mounir a découvert l’endroit, il y a dix mois, orienté par des compagnons de galère avec qui il dormait au 115. Depuis, sa situation s’est un peu stabilisée – « je suis hébergé » –, mais il continue de venir « pour donner un coup de main et pour les gens ».
En cette matinée de décembre, il prépare des guirlandes de Noël et papote avec Sophie, Kader, Driss et Julie. « Tout le monde est gentil, agréable. Tu discutes, ça soulage. C’est un moment de respiration où tu oublies ton stress », dit-il. Son plaisir, confie cet homme de 48 ans, c’est « le grand sourire avec lequel on te dit bonjour quand tu rentres ».
Bien accueillir, prendre le temps de discuter et d’animer une vie collective, « cela nous paraît primordial, explique Florence Richard, bénévole. Car c’est la rencontre fraternelle, le fait de se sentir exister et être important pour les autres qui remet la personne debout, la reconnecte à ce qu’elle est profondément et lui permet d’avancer. »