Brigitte : « Je veux apaiser la détresse des personnes migrantes à Calais »
« La cause des personnes migrantes qui vivent sur le littoral calaisien me touche : ils sont dans une telle détresse. Je suis inspirée par cet Évangile selon Saint-Matthieu : « Tu avais faim et je t’ai donné à manger ». Ça veut dire que je te reconnais en tant que frère, en tant qu’être humain. Même si j’ai des doutes sur ma foi, je crois en l’humanité. Et voir la déshumanisation dont souffrent les exilés à Calais m’a poussée à m’engager. Car quand je faisais les courses en ville, je les voyais. On ne peut pas être aveugle : ils sont là ! Ce sont juste des êtres humains qui ont besoin d’un sourire, d’un café, de services sur leur chemin.
Avec eux, je "voyage"
Deux demi-journées par semaine, je vais donc à l’accueil de jour du Secours Catholique distribuer des boissons chaudes, aider les exilés à l’entretien de leur linge, discuter avec eux, et je me rends également dans les campements pour leur apporter de quoi recharger leurs téléphones portables. Avec eux, je " voyage ", ils viennent vers moi, me parlent de leur parcours que je visualise sur un planisphère dès que je rentre chez moi. Et puis, au Secours Catholique, ils font une pause pendant trois heures, sans les flics sur le dos.

On me dit que si on donne aux migrants des conditions de vie dignes, ça pourrait les faire venir davantage. Mais c’est faux : ils viennent quand même en raison des conflits chez eux ! C’est absurde parce que, d’un côté on les laisse croupir dans la misère chez nous, et de l’autre on les empêche de passer en Angleterre, alors que c’est leur dernier espoir d'une vie meilleure. Aujourd’hui, "mon" Cap Blanc-Nez où j’aime me promener, la Manche et ses falaises sont en train de devenir un cimetière.
On a tous le même regard humanisant, malgré nos différences, qu’on soit catholique, musulman ou athée.
Quand je vois les migrants, je ne peux pas m’empêcher de penser à mes deux grands garçons, car ça pourrait être eux. Tout peut basculer dans la vie ne serait-ce qu’avec les changements climatiques, la roue peut tourner. Au Secours Catholique, je fais donc ma part tel un petit colibri. Et je suis "scotchée" par la fraternité au sein de l’équipe de la cinquantaine de bénévoles de l’accueil de jour. On a tous le même regard humanisant, malgré nos différences, qu’on soit catholique, musulman ou athée. »