Bénévolat : donner du temps, trouver du sens

« J’apporte mon petit caillou d’humanité »
Catherine, 72 ans, anime un atelier de conversation en français à l’espace Alpha Chaillot, à Paris. Cette ancienne employée des ressources humaines est bénévole responsable de l’équipe d’apprentissage du français pour les étrangers à l’Antenne Alpha Chaillot à Paris depuis 2015.
« Quand j’étais encore en activité, je croisais le soir dans les bureaux des femmes originaires du continent africain qui ne savaient ni lire ni écrire le français. Je me disais à l’époque que quand je prendrai ma retraite je viendrai en aide aux personnes migrantes qui ne maîtrisent pas la langue française. J’ai rejoint en 2012 l’équipe de l’Antenne Alpha Chaillot à Paris et je suis devenue responsable d’équipe en 2015.
En septembre et en octobre, c’est une période très chargée pour l’équipe avec la rentrée et les inscriptions. Mais je me sens utile surtout à un moment où les conditions d’accueil des personnes migrantes ne sont pas tellement dignes. J’apporte mon petit caillou d’humanité dans un environnement assez hostile aux personnes migrantes. Cette année, on a décidé d’ouvrir un nouveau créneau. On va désormais proposer un cours le samedi pour pouvoir aussi accueillir des personnes qui travaillent. »
Propos recueillis par Djamila Ould-Khettab
Photo : © Élodie Perriot

« mieux comprendre la réalité de chacun »
Hawa, 28 ans, contribue activement au développement de la nouvelle équipe du Secours Catholique à Gagny, en Seine-Saint-Denis. Elle a rejoint l’association en mars 2025.
« Ces dernières années, j’ai participé à diverses actions avec des associations, telles que des tournées de rue, afin de pouvoir aider des personnes qui en avaient besoin. Cependant, ces actions n’étaient que ponctuelles, alors que je souhaitais m’engager sur le long terme. C’est ainsi que j’ai découvert le Secours Catholique. Aujourd’hui, mon rôle au sein de l’association est de participer au développement de la nouvelle équipe à Gagny. Cet engagement est collectif, chaque bénévole agit pour que cette équipe puisse écouter au mieux, accompagner et accueillir les personnes qui en ressentent le besoin. Si j’ai choisi de m’engager au sein du Secours Catholique, c’est à la fois parce que j’avais besoin de me rendre utile et aussi envie de mieux comprendre la réalité de chacun. En effet, je trouve cela important de connaître et percevoir le parcours des autres. Cela aide à rester humble, cela conduit aussi à être reconnaissant envers ce que l’on a et à être présent pour les autres. »
Propos recueilli par Astrid Lenfantin
Photo : © Élodie Perriot

« On apporte une réponse concrÈte à une souffrance »
Ancien autocariste, Thierry, 69 ans, est coordinateur de Mobitarn, un service d’autopartage du Secours Catholique.
« J’ai intégré le Secours Catholique en rejoignant l’équipe du jardin partagé à Carmaux. Puis, l’animatrice m’a proposé de lancer une solution de mobilité pour les personnes rencontrant des difficultés pour se déplacer. On ne savait pas où on allait, on a tout inventé, on fonce ! On a créé Mobitarn, un service d’autopartage. On met en location cinq véhicules pour aider des personnes en précarité mobilité à se remettre en selle. Je me sens libre et utile. On apporte une réponse concrète à une souffrance. Il faut être réactif, on fait parfois face à des situations d’urgence. Dans le milieu rural, si tu n’es pas mobile, t’es mort ! Cette expérience du bénévolat me rend plus humble : je me rends compte que personne n’est à l’abri de la précarité. »
Propos recueillis par Djamila Ould-Khettab
Photo : © Christophe Hargoues

« Tellement de types de bénévolat différents »
Mailys, 29 ans, est bénévole au GR1, à Marseille, un lieu ressource porté par plusieurs associations pour venir en aide aux jeunes exilés. Mailys participe à la permanence d'orientation professionnelle qui est animée dans ce lieu par des bénévoles du Secours Catholique.
Dans le témoignage sonore ci-contre, la jeune femme raconte ses deux expériences de bénévolat (en parallèle Mailys est en effet également bénévole à l'accueil de jour Béthanie du Secours Catholique, toujours à Marseille), qu'elle estime « différentes mais complémentaires ».
Propos recueillis par Djamila Ould-Khettab
Photo : © Anthony Micallef

« Permettre aux familles de rester unies malgré la détention »
Philippe, 68 ans, est bénévole responsable du « bungalow », un accueil qui accompagne les proches de détenus à La Roche-sur-Yon avant et après leur visite au parloir.
« Un jour, j’ai été amené à visiter quelqu’un incarcéré à la Maison d’arrêt de Nantes. J’y ai croisé une assistante sociale qui disait ne pas comprendre pourquoi il fallait accueillir et accompagner les familles de détenus. C’est là que j’ai décidé de m’engager. J’ai rejoint il y a vingt-cinq ans l’équipe du "bungalow", un lieu d’accueil des proches de détenus du Secours Catholique à La Roche-sur-Yon. À l’époque, j’étais père au foyer, j’élevais mes trois enfants. Devenir bénévole était aussi l’occasion de reprendre une activité en faisant quelque chose d’utile de mon temps. Ce qui me pousse à continuer ? Voir la souffrance que peut provoquer la séparation d’une famille, d’un couple, des enfants de leurs parents, liée à une incarcération. Permettre aux familles de rester unies même pendant la détention est essentiel pour le retour à la vie réelle des personnes détenues et prévenir la récidive. »
Propos recueillis par Djamila Ould-Khettab
Photo : © Xavier Schwebel

« J’avais envie d’aider et besoin d’être soutenue »
Theresa, 79 ans, est bénévole au Secours Catholique de l'Isère, à Grenoble, engagée auprès des personnes exilées, et marcheuse.
« Je suis arrivée au Secours Catholique de Grenoble il y a quinze ans. Pourtant, rien ne me prédisposait à cela : je suis athée et j’avais des a priori sur les organisations catholiques. C’est une amie musulmane qui m’a proposé de venir, pour participer à une activité autour du dessin. Or, j’ai fait des études d’arts plastiques… C’est là que j’ai commencé à m’investir. D’emblée, je me suis trouvée autant dans la situation d’aider que d’être soutenue : je me retrouvais en effet seule, de manière brutale, après un mariage de quarante ans qui m’avait donné deux enfants, et une vie essentiellement passée à l’étranger, au cours de laquelle j’avais très peu travaillé. J’avais terriblement besoin d’être active et utile.
J’ai été rapidement au contact des personnes migrantes, au sein de l’accueil de jour Mosaïque, en particulier auprès des Angolais, qui parlent portugais. C’est une langue que je connais bien, grâce aux six années que j’ai vécues au Brésil. Je sers souvent de traductrice, et il m’arrive d’accompagner celles et ceux que nous suivons lors de rendez-vous avec leur avocat.
Au sein de la délégation, je fais aussi partie des marcheuses : depuis sept ans, nous formons un groupe d’une quinzaine de personnes, bénévoles, salariés et personnes accueillies. Nous nous retrouvons en septembre pour randonner une dizaine de jours. Après avoir accompli le chemin menant de Notre-Dame de Paris au Mont-Saint-Michel en trois ans, nous terminons cette année notre marche entre Arles et Lourdes. Avant sûrement de nouvelles aventures. »
Propos recueillis par Adrien Bail.
Photo : © Xavier Schwebel

« Leur sourire est ma récompense »
Retraitée, habitante de la Côte d’Opale, Monique s'investit à sa façon : elle dessine inlassablement les portraits des personnes migrantes qui passent à l’accueil de jour du Secours Catholique à Calais.
Plus de 4000 : c’est le nombre de portraits de personnes exilées esquissés par Monique depuis le début de son bénévolat en 2019. La retraitée leur demande trois choses : leur prénom, leur âge et leur pays. Elle les écrit dans un coin de sa feuille, puis pendant 20 minutes, elle croque leur visage à la craie ou au pastel. Monique rêvait de se mettre au dessin à sa retraite, et ici à Calais, cela lui permet « de faire exister ceux qu’on ne voit pas, de montrer qu’ils étaient sur cette route, de passage ici. » La sexagénaire photocopie ensuite ses tableaux pour les afficher à l’accueil de jour. Les exilés en sont fiers. « Leur sourire est ma récompense. Ils oublient leur misère un instant, le temps que je les dessine. Ils gagnent en dignité. », conclut-elle.
Cécile Leclerc-Laurent
Photo : © Vincent Boisot