Élections législatives : 15 propositions pour une société juste et fraternelle
En écoutant les personnes qui vivent la précarité, en dialoguant avec elles, et avec les bénévoles qui les accompagnent, le Secours Catholique a construit 15 propositions pour mieux lutter contre la pauvreté et renforcer la cohésion sociale. En vue des élections législatives des 11 et 18 juin, l'association les soumet aux futurs députés.

Élections 2017 : 15 propositions pour construire une société juste et fraternelle
![]() |
Entretien avec laurent seux, directeur france-Europe action et plaidoyer du secours-catholique |
Notre organisation souhaite contribuer à changer la société. Cette dimension sociétale, plus politique, est clairement affirmée dans nos orientations. D’une part, il s’agit d’éclairer les choix de nos concitoyens et de les aider à mieux comprendre les causes de la pauvreté. Ce n’est pas facile aujourd’hui, dans le fouillis des informations, parfois fausses, de se forger une opinion.
D’autre part, il est important de rencontrer les candidats et de débattre avec eux, car eux-mêmes n’ont pas forcément la bonne information sur ces réalités. Cela conduit à de fausses représentations véhiculées à tous les niveaux : de la commune jusqu’au plan national.
Nous avons donc un travail important à faire, un devoir citoyen de porter certaines questions auprès des futurs élus. Aujourd’hui, il y a 9 millions de pauvres en France. Que comptez vous faire ? C’est notre cohésion sociale qui est en jeu. Poser cette question aux candidats, c’est essentiel.
Il y a d’abord une entrée locale. Ces élections peuvent être l’occasion d’interpeller des candidats sur des réalités particulièrement saillantes sur un territoire, comme, en milieu rural, le problème de la mobilité. Ailleurs, ce peut être le logement, l’isolement ou bien la situation des migrants.
Les députés ont cet ancrage local, mais aussi un rôle de représentation nationale. Il est donc important de faire valoir au plan national les sujets sur lesquels le Secours Catholique est particulièrement attentif. Et pour être un peu plus politique, disons qu’il ne faudrait pas qu’une action de relance de l’économie se fasse sans diminution de la pauvreté, comme on a pu l’observer en Allemagne ou en Grande-Bretagne. De cela, nous ne voulons pas.
Comment arrive-t-on à se faire proche des personnes qui en ont le plus besoin ? Tout ce qui nous sépare est un désastre pour la fraternité.
Nous demandons donc à ce que les personnes en précarité soient placées au cœur des politiques publiques, que les préjugés à leur encontre soient dénoncés, que leurs droits soient respectés, que leur accompagnement soit renforcé et que leur parole et leur réflexion soient prises en compte.
Nous devons par exemple continuer de lutter contre le non-recours aux droits sociaux et pour un accès facilité aux minimas. Et parce que le besoin d’écoute des personnes est un sujet essentiel, nous demandons à ce que l’accès physique aux droits soit préservé.
Ce sont des aspects de base, qui reviennent à dire : comment arrive-t-on à se faire proche des personnes qui en ont le plus besoin ? Tout ce qui nous sépare est un désastre pour la fraternité.
Cette attention à la place des personnes en précarité et à la façon de faire cohésion ensemble renvoie à des sujets locaux et nationaux, et se comprend aussi dans un ensemble plus vaste, mondial. Ainsi, la lutte contre les inégalités en France doit s’articuler avec les enjeux de justice climatique et de souveraineté alimentaire. Nous essayons aussi de porter cette globalité.
Effectivement, l’important, c’est de rencontrer les candidats mais surtout, par la suite, les élus. Nous incitons les acteurs du Secours Catholique à agir dans les territoires en faveur du changement social. Cette ambition d’arriver à se projeter, localement, vers une autre manière de vivre ensemble nécessite d’être en relation et en dialogue avec les élus.
Concrètement, l’expérimentation en cours « Territoire zéro chômeur de longue durée » suppose qu’un collectif se mobilise sur un territoire, rassemblant des personnes éloignées de l’emploi, des entreprises, des associations et des collectivités locales. Si des maires, des députés s'y intéressent, sont enthousiastes, alors beaucoup de choses peuvent se mettre en place.
Idem concernant l’accès digne à l’alimentation. Si l’on veut voir naître des projets, cela suppose une mobilisation, y compris des élus. Un député a un rôle important à jouer, localement pour aider à ce que le projet se concrétise, mais aussi à l’Assemblée nationale. Car s'il est sensibilisé, il portera l’expérience au plan national et, alors, nous pourrons faire avancer les choses.
Un Grenelle de l’alimentation a été annoncé. Qui va le porter ? Que vont défendre les députés dans ce cadre ? Ce qui est travaillé localement pourra se répercuter au plan national. C’est cela, au-delà de la simple représentation institutionnelle, qui se joue dans le dialogue à avoir avec les futurs élus à l'Assemblée nationale.
Le point de vue d'Antoine Aumonier, délégué du Secours Catholique de Franche-Comté
