Alimentation : l’étal solidaire

Des fruits et légumes vendus à moitié prix à des personnes à faibles revenus : bienvenue à l’étal solidaire, mis en place pour et par les habitants d’un quartier populaire de Rennes, avec le soutien du Secours Catholique-Caritas France.
Au cœur du quartier de Maurepas, au rez-de-chaussée d’une tour, un drôle de marché a lieu deux mardis après-midi par mois. De dehors, rien ne permet de se douter de ce qui se trame là. Mais tous les habitants le savent : ici, choux-fleurs, poireaux, carottes et autres produits locaux de qualité sont vendus à moitié prix.
Seule condition pour bénéficier de cette avantageuse ristourne : être bénéficiaire de la carte Sortir, qui permet aux Rennais les plus modestes d’avoir accès à des activités culturelles à des tarifs préférentiels. « C’est plus simple : nous n’avons pas à demander les ressources, pas de dossier à faire… », indique Solange, animatrice au Secours Catholique, qui a accompagné la création du projet.
« On n’est pas là pour faire des bénéfices : nous vendons les produits au coût d’achat à ceux qui n’ont pas la carte Sortir, et à moitié prix aux autres, la différence étant payée aux producteurs par le Secours Catholique », précise Florent, comptable bénévole.
À la caisse, à la pesée, derrière les “stands”, les habitants du quartier se relaient. Car cet étal solidaire a été monté pour et par eux. « On s’est bien investis, cela a pris plus d’un an », indique Gabriel entre deux conseils de cuisson.
Réseau
Avant de se lancer, il a fallu évaluer les besoins : « En deux semaines, 350 enquêtes avaient déjà été réalisées grâce à l’implication des habitants », rapporte Solange. Le constat est sans appel : les fruits et légumes font rarement partie des menus.
« On est allé rencontrer des maraîchers locaux, mais aussi démarcher des partenaires pour faire connaître le projet », relate Pascal, qui s’affaire d’un bout à l’autre du local.
Résultat, un véritable réseau s’est peu à peu mis en place : mairie de quartier, médiatrice, conseil général… Tous les acteurs locaux connaissent et promeuvent le projet. « C’est le centre social qui m’a suggéré de venir aider ici, le temps de trouver du travail », témoigne Béatrice, qui prête main-forte pour la première fois aujourd’hui. « Ça permet de rencontrer les gens. Avant, je les croisais dans le quartier sans leur parler. »
« Ici tout le monde s’embrasse, rigole, c’est chaleureux », commente Pascal. Son lourd passé carcéral – vingt-deux ans derrière les barreaux – n’est pas un secret ici. « J’ai rencontré des gens qui m’ont tendu la main. J’ai commencé par venir à un café convivial, et aujourd’hui je m’investis, j’évolue », dit celui qui tend la main à son tour. « J’ai ramené ici des gens isolés… Ils sont restés. On a tous un passé difficile, mais on laisse nos problèmes chez nous. »
