Point de vue : le trafic humain attisé par les conflits
Le sociologue Olivier Peyroux a réalisé, pour une dizaine de Caritas, une recherche-action coordonnée par le Secours Catholique sur le lien entre conflits et traite des êtres humains. Elle a pour but de mieux appréhender ce lien afin de limiter les risques de traite des êtres humains pendant et après un conflit.
« Lorsqu’une situation de conflit s’installe, l’exploitation des êtres humains se développe et détourne l’aide humanitaire. Au Liban, par exemple, les camps de réfugiés sont gérés par des chefs dont la plupart font payer des loyers et contraignent des personnes, y compris des enfants, à travailler pour des salaires misérables. Malheureusement, l’aide humanitaire est obligée de passer par ces personnes pour distribuer les vivres et donc, involontairement, les renforce.
Exploitation domestique
De plus, les conflits favorisent le détournement de pratiques telles que le mariage. Cette institution est utilisée pour piéger des jeunes filles à qui on promet ainsi une mise à l’abri de la guerre, du viol et de toute maltraitance. Par exemple, en Syrie, des intermédiaires proposent à des parents de marier leur fille en Turquie, en Jordanie ou aux Émirats. La plupart du temps, cela vire à l’exploitation domestique, voire sexuelle.
La sortie de conflit n’est malheureusement pas une garantie de voir disparaître ce fléau. La Bosnie, notamment, en souffre encore vingt ans après la fin de la guerre. »
