À Montpellier, les associations unissent leurs forces aux côtés des plus démunis
Publié le 16/04/2020
Hérault
Avec le confinement, le Secours Catholique et plusieurs autres associations basées à Montpellier mutualisent leurs efforts pour distribuer des colis alimentaires et d’hygiène à 5000 personnes dans le besoin. Une opération de grande ampleur pour ne pas oublier ce public.
Reportage en images.
À l’origine du projet, un constat fait par les associations de Montpellier : que vont devenir les quelque 2000 personnes qui habitent dans des squats ou des bidonvilles ? « C’est cette question initiale qui a fait naître par la suite le grand projet inter associatif de distribution qui vise 5000 personnes au total. » note Amélie Corpet, déléguée du Secours Catholique dans l’Hérault. Une dizaine d’associations sont désormais actrices du projet : citons, entre autres, le Secours Catholique, le Secours populaire, la Cimade et Médecins du monde. Chacune apporte ses compétences et sa logistique.
© Christophe Hargoues / Secours Catholique
Plusieurs colis sont confectionnés dans un dépôt de stockage mis à disposition par la mairie. Il y a des colis pour les adultes et d’autres pour les enfants et les bébés. On y trouve des denrées alimentaires (conserves, sauces, pâtes…) mais aussi des produits d’hygiène, y compris du gel hydroalcoolique pour se protéger du coronavirus. L’État intervient dans le financement de ces colis via le don de chèques services. C’est le Secours populaire qui prend en charge la logistique des colis. « L’objectif est de ne pas ajouter une crise alimentaire à la crise sanitaire. » note Thibault Mascarello, du Secours populaire.
©Christophe Hargoues / Secours Catholique
La coopération inter associative s’est faite avec l’appui des pouvoirs publics qui ont livré les masques et les gants de protection. Au total, environ 80 bénévoles travaillent sur le projet de distribution, que ce soit dans le local de dépôt ou sur la plate-forme de distribution prêtée par le Conseil départemental.
©Christophe Hargoues / Secours Catholique
Une grande attention est accordée à la sécurité sanitaire. Tout doit se faire dans les plus strictes règles d’hygiène pour éviter la contamination au virus. Dès qu’un objet est touché, les bénévoles reprennent du gel hydroalcoolique. Des panneaux « alerte coronavirus » expliquent les gestes barrières au public accueilli.
©Christophe Hargoues / Secours Catholique
Anne s’est portée volontaire pour aider au stockage des colis. « On est dans une période où on a tous besoin de se serrer les coudes. » dit-elle. C’est enrichissant de découvrir des bénévoles d’horizons divers, on vit une réelle fraternité. » « Ici, on prône le travail social collectif » poursuit Simon Duglué de l’association La petite cordée, membre de la plateforme inter associative.
©Christophe Hargoues / Secours Catholique
Une fois les colis confectionnés, ils sont livrés sur la plate-forme de distribution. Le public visé : 2000 personnes vivant en squats ou en bidonville, et 3000 autres démunis, orientés soit par les associations, soit par les travailleurs sociaux des CCAS. « Ce sont des personnes qui ne peuvent plus faire la manche avec le confinement, ou des intérimaires sans revenus, des gens qui touchent le RSA, des personnes qui, sans nous, n’auraient pas eu à manger. Et puis avec le chômage partiel, des personnes ne vont toucher que 70 % du SMIC il faudra aussi être là pour elles. » explique Nicolas Séné, animateur du Secours Catholique, qui précise que Montpellier enregistre un taux élevé de 27 % de pauvreté.
©Christophe Hargoues / Secours Catholique
Le Secours Catholique a en charge la coordination de la plate-forme de prise de rendez-vous par mail et téléphone que joignent les travailleurs sociaux. Ensuite, les bénévoles rappellent les personnes concernées et leur proposent soit de venir chercher leur colis, soit de leur livrer à domicile pour ceux qui ne peuvent pas se déplacer. Le collectif inter associatif se rend aussi sur place, dans les squats et les bidonvilles.
©Christophe Hargoues / Secours Catholique
Pour les personnes qui viennent sur place, rendez-vous est donné toutes les 10 minutes. À l’entrée, les personnes s’enregistrent, puis elles vont récupérer leur colis à l'arrière. Il y a une file piétons et une file voitures. « Avec ce projet, on fait en sorte que les personnes isolées socialement puissent se nourrir et avoir accès à de l'eau potable. Je les accueille ici comme j’accueillerai n’importe qui avec politesse et bienveillance. » témoigne Clément, bénévole qui distribue les colis.
©Christophe Hargoues / Secours Catholique
D’habitude Claire se rend à l’épicerie solidaire du Secours Catholique pour faire ses courses. En ce temps de confinement elle reçoit un colis via la plate-forme et s’en réjouit : « je suis à deux euros près car je touche le RSA et il me reste 150 € pour vivre après le loyer. Ce colis m’élimine une angoisse car j’ai du coup de quoi manger. Humainement ça me fait du bien de me sentir soutenue. C’est formidable de voir ces bénévoles qui prennent le risque de se regrouper pour nous. »
©Christophe Hargoues / Secours Catholique
« Même dans la distribution d’urgence, on met au cœur de notre action la dignité des personnes, on les reçoit avec le sourire. » souligne Nicolas Séné, animateur au Secours Catholique. Tous les acteurs espèrent que ce beau projet inter associatif portera ses fruits et que cette cohésion se maintiendra après la crise sanitaire.
©Christophe Hargoues / Secours Catholique
Cécile Leclerc-Laurent
©Christophe Hargoues / Secours Catholique

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